Si le Haut-Doubs offre plus de possibilités de retour à l’emploi qu’ailleurs, c’est aussi un territoire plombé par le coût de la vie et qui traverse une crise du logement sans précédent. Face à ces contraintes qui pèsent sur les ménages les plus pauvres, le Conseil départemental muscle son accompagnement et renforce sa contribution financière. Explication avec Ludovic Fagaut, 1er vice-président, en charge du retour à l’emploi, de l’insertion et de l’action sociale.

C’est à dire : Comment définir la pauvreté en France ?
Ludovic Fagaut : Au niveau national, le seuil de pauvreté est de 965 euros ou de 1 158 euros par mois selon qu’il est fixé à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian. C’est l’Observatoire des inégalités qui publie ces différents seuils. La pauvreté ne se caractérise pas seulement par un manque d’argent. Il existe d’autres indicateurs : précarité énergétique, alimentaire, voire numérique.
Le Haut-Doubs occupe une place assez particulière dans ce contexte. Il bénéficie d’une situation économique plutôt favorable avec un taux de chômage inférieur à 5 %, soit plus de 2 points sous la moyenne nationale qui avoisine 7,4 %. Ce territoire est aussi en très forte tension au niveau du logement. On voit beaucoup de gens contraints de s’éloigner de la bande frontalière pour trouver des logements disponibles à des prix abordables. Bien sûr, dans le Haut-Doubs comme ailleurs, les familles sont aussi impactées par la hausse du coût de la vie.

Ludovic Fagaut (à gauche), le 1er président du Conseil départemental, est en charge de l’action sociale.

Càd : Combien y a-t-il de bénéficiaires du R.S.A. dans le Haut-Doubs ?
L.F. : On compte 1 061 ménages, dont 600 accompagnés par France Travail et le reste par les quatre Centre Médico-Sociaux du Haut-Doubs implantés à Pontarlier, Morteau, Maîche et Valdahon. 50 personnes dans le Haut-Doubs entrent chaque mois dans le dispositif R.S.A. Pour chacun, le C.M.S. concerné propose un accompagnement individualisé.

Càd : Y a-t-il plus d’entrants que les années précédentes ?
L.F. : Non, c’est assez stable. En revanche, depuis octobre ou novembre dernier, on enregistre plus de sorties que d’entrées. Cela signifie que l’accompagnement vers le retour à l’emploi semble assez efficace. On a aussi certaines personnes qui sortent car leur situation a évolué et elle ne correspond plus aux critères d’éligibilité. Sur le Haut-Doubs, on met l’accent sur l’accompagnement à l’emploi et à l’information des personnes notamment pour le logement. On peut rappeler d’ailleurs le dispositif tiny house déployé avec les entreprises pour pouvoir loger rapidement des jeunes dans de bonnes conditions avec des loyers variant entre 350 et 400 euros par mois.

Càd : Le Département attribue-t-il des aides financières ?
L.F. : Oui, bien entendu. Il existe différents fonds : aide sociale à l’emploi, le fonds insertion, le fonds de solidarité logement... En 2023, 1 073 ménages du Haut-Doubs ont bénéficié d’un soutien pour se nourrir ou dans les actes de la vie quotidienne. Cela représente plus de 150 000 euros. Tous ces ménages ne sont pas forcément au R.S.A. Il peut y avoir des travailleurs pauvres qui poussent la porte d’un C.M.S. par obtenir des chèques-services, du numéraire, des paiements à tiers. On travaille toujours en étroite collaboration avec les associations d’aide alimentaire : Croix Rouge, Banque alimentaire, Secours catholique, Restos du cœur... En 2023, le Département a versé 220 000 euros de soutien à l’aide alimentaire pour répondre à l’augmentation de la demande et à la raréfaction des approvisionnements. Rappelons que cette aide s’élevait à 120 000 euros en 2022.

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Càd : Et sur le plan du logement, que faites-vous ?
L.F. : On a mis en place le dispositif “Le logement d’abord” auprès des ménages pour favoriser l’accès au logement et prévenir les expulsions. En 2023 sur le Haut-Doubs, 102 ménages sont passés au tribunal dans le cadre d’une mesure d'expulsion. Le Département a accompagné 220 ménages menacés d’expulsion. 387 ménages ont également bénéficié d’aides financières par le biais du Fonds Solidarité Logement ou pour surmonter l’envolée des coûts de l’énergie. Certains ménages ont reçu jusqu’à 600 euros pour régler leur facture énergétique. Au total, cela représente 220 000 euros.

Càd : Les ménages dans la précarité sont-ils en augmentation ?
L.F. : Non, il n’y a pas plus de demandes. C’est le montant global des aides qui évolue à la hausse.

Càd : Tous les acteurs de la précarité travaillent en concertation ?
L.F. : On organise plusieurs fois par an des conférences territoriales de l’action sociale, ou C.T.A.S. C’est l’occasion de réunir tous nos partenaires : com’com, associations, acteurs économiques pour continuer à collaborer. Ces conférences sont souvent ciblées sur une thématique.


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