Tact

En organisant sciemment une cérémonie pour apposer un drapeau palestinien au fronton de la mairie de Besançon, sa maire Anne Vignot a clairement donné un signal politique. Faussement naïf, ce geste qui a été rapidement recadré par le préfet du Doubs réaffirmant la nécessaire impartialité et de neutralité des services publics en s’appuyant un arrêt du Conseil d’État qui indique clairement que « le principe de neutralité des services publics s’oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques » n’a rien d’anodin. Si Mme Vignot militait pour la paix et pour la cohabitation de deux États voisins, Israël et la Palestine, suspendre deux drapeaux aurait été vu comme un vrai signe de paix. À partir du moment où la cause fait consensus au sein de la société, alors il n’y aurait pas de débat. C’est le cas de l’Ukraine, Besançon avait également manifesté son soutien à ce pays par le déploiement d’un drapeau bleu et jaune. Mais si la cause est sujette à caution comme c’est le cas du dramatique conflit actuel au Proche Orient, alors les élus devraient agir avec davantage de tact. Ce conflit israélo-palestinien est éminemment complexe et dramatique. Il le reste, que l'on condamne avec autant de force les attaques du Hamas que la riposte israélienne. Même s’il est sincère jusqu’au bout, on n’a sans doute pas besoin de ce genre d’acte militant qui n’a eu d’autre effet que de cliver davantage une société française qui l’est déjà par le communautarisme. En agissant ainsi, la maire de Besançon voulait affirmer aussi, dans la continuité des propos du président de la République, que la reconnaissance d’un État palestinien n’est pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique, insistant sur la nécessité d’apporter une réponse à la hauteur de la situation humanitaire dramatique que traversent la bande de Gaza et le peuple palestinien et estimant que cette position dépasse le cadre d’une simple opinion politique. L’intention est peut-être moralement louable, la méthode sans doute moins. Les maires de France pourraient être dans leur rôle s’ils affichaient « naïvement » sur le fronton les deux drapeaux, palestinien et israélien avec un message de paix nécessaire. Comme la maire de Besançon l’a déjà fait auparavant pour l’Ukraine ou pour l’Iran en défendant la juste cause des femmes oppressées par le régime des mollahs.

Jean-François HAUSER
Directeur de la rédaction

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