Sous-élu ?

“Untermenschen”… Pour les non-germaniques, précisons que ce terme signifie “sous-hommes”. C’est de ce vocable glaçant que le conseiller régional Thomas Lutz a traité les élus de la majorité dans l’hémicycle lors de la dernière session plénière à la Région Bourgogne-Franche-Comté. C’est précisément par cette appellation que les Nazis dénommaient ceux qui n’étaient pas de race aryenne, les Juifs, les Tziganes notamment, mais aussi les handicapés physiques et mentaux, pour justifier à travers leur infecte propagande, leur élimination pure et simple au nom de la pureté supposée de la race allemande. Quatre-vingts ans après, l’évocation même de ce vocable dans les livres d’histoire fait encore froid dans le dos. Pour se justifier après coup, le même élu méconnaissant (ou pas, et c’est bien pire), le poids de l’Histoire, évoquait avoir parlé d’une manière “inadéquate, inappropriée.” La légèreté, voire l’humour mal placé, ne peuvent justifier l’utilisation de tels mots qui n’ont valu à l’élu régional qu’un rappel à l’ordre de son camp. Peu avant, toujours dans l’hémicycle dijonnais, ces mêmes élus du Rassemblement National brandissaient une pancarte assimilant clairement les étrangers à des violeurs, du même goût que celles que le groupuscule identitaire Némésis avait tenues un peu plus tôt lors du carnaval de Besançon…, provoquant cette fois et évidemment à juste titre une plainte de la maire de la ville pour incitation à la haine raciale. En cette matière, le seul réflexe valable est de ne rien laisser passer. La présidente de la Région Marie-Guite Dufay a confirmé son intention elle aussi de porter plainte contre celui qu’on pourrait qualifier peut-être de sous-élu ?, mais nous ne le ferons pas… C’est en laissant se propager sans réactions ce genre de messages qu’il finit par instiller inexorablement dans la société. L’Histoire n’a apparemment pas servi de leçon en la matière. Les élections européennes ont lieu le 9 juin prochain, dans à peine un mois et demi. C’est dans ce climat que la campagne en France est lancée. On n’y parle quasiment pas des enjeux européens sur le plan de l’économie, de la défense, de l’agriculture ou de l’environnement. Il serait sans doute bon que les plus de 30% d’électeurs qui s’apprêtent à glisser un bulletin Rassemblement National dans l’urne se penchent enfin sur les thèses et les discours que ses représentants continuent à brandir sans vergogne.

Jean-François HAUSER
Directeur de la rédaction

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