Solidarité

Et si la solidarité véritable, elle était d’abord là, dans la proximité ? On l’a vue à l’œuvre depuis plusieurs semaines dans le Pas-de-Calais quand le voisinage et toute une communauté villageoise viennent au secours des sinistrés des inondations. Comme on la verra sans doute se manifester dans quelques jours à l’échelle du Haut-Doubs pour une manifestation dans laquelle en général on s’investit à fond : le Téléthon. Cette année, après deux ans de mise entre parenthèses et une courageuse tentative de relance l’an dernier, les énergies repartent de plus belle dans le Val de Morteau comme dans le Saugeais autour de cette cause qui semble transcender les cœurs à chaque édition. Bien sûr, il y a toujours les sceptiques, ceux qui pensent qu’on a assez donné, ou alors que les dons pour ces étranges maladies génétiques ne servent à rien. Le Val de Morteau aura la chance d’avoir cette année un ambassadeur local, le petit Léony. Ce Mortuacien de 10 ans se bat depuis sa naissance contre une amyotrophie spinale infantile. Derrière ce nom barbare se cache pour le jeune homme une absence de muscles, le rendant dépendant pour le moindre geste de la vie quotidienne. Si le Téléthon et la recherche en matière de maladies génétiques n’existaient pas, alors le petit Léony ne serait peut-être plus de ce monde car c’est bien le progrès de la médecine qui lui a permis de bénéficier d’un médicament qui stabilise, autant que faire se peut, sa terrible maladie. Voilà pourquoi il reste important de se mobiliser car des petits Léony, il en existe des milliers rien qu’en France qui attendent, sans jamais se départir de leur sourire, que la médecine avance encore plus vite. Si la solidarité qu’on appellera de proximité est toujours à l’œuvre ici, même en ces périodes inflationnistes où pour certains la fin du mois se compte à l’euro près, force est de constater qu’elle a tendance à s’effilocher quand il s’agit de soutenir d’autres causes plus lointaines : les exemples se multiplient hélas en cette fin d’année. Qui parle encore de l’Arménie pourtant accablée par son proche voisin azéri ? Qui se soucie vraiment du sort des Ukrainiens qui s’apprêtent à entamer leur deuxième hiver en guerre ? Qui vient au secours du peuple palestinien écrasé par les bombes du gouvernement Netanyahu, ou encore des ressortissants de confession juive traumatisés par les horreurs commises par le Hamas ? Beaucoup moins de monde, avouons-le. Mais c’est la cynique loi dite… de la proximité.

Jean-François HAUSER
Directeur de la rédaction

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