Après la découverte récente du premier cas de Dermatose Nodulaire Contagieuse (D.N.C.) dans le Doubs, un nouveau protocole de zones de protection et de surveillance a été défini autour de l’exploitation touchée située sur la commune de Pouilley- Français. Une grande partie du Pays Horloger est encore en zone indemne, contrairement à la partie sud et centrale du département. Point de situation.
Depuis le cas avéré de Pouilley-Français, les zones qui avaient déjà été mises en place fin octobre lors du premier déclenchement du protocole autour des foyers D.N.C. à Écleux (Jura) ont ainsi été élargies à d’autres communes du Doubs. Si l’est et le nord du Pays Horloger sont épargnés de Morteau à Maîche, ce n’est pas le cas plus à l’ouest et au sud. Les com’com Entre Doubs et Loue et des Portes du Haut-Doubs sont incluses dans le périmètre vert dit de surveillance.
“Sur 2 000 exploitations installées dans le Doubs, environ 1 300 sont concernées par la D.N.C. Par rapport au protocole déployé à Ecleux, il y a environ une trentaine de communes supplémentaires”, récapitule Lionel Malfroy, le président du Groupement de Défense Sanitaire du Doubs.
La principale règle de protection à observer entre les trois zones consiste à éviter par-dessus tout les mouvements allant de la zone de protection la plus stricte à la zone indemne. “Tout le protocole a été déterminé au niveau de l’Union Européenne qui veut absolument échapper à la D.N.C. car c’est une maladie très contagieuse. Si la mortalité est estimée entre 8 et 10 %, l’impact sur un troupeau touché n’est pas négligeable en termes de santé, de production, de fertilité, de risques d’infection. Par rapport aux restrictions de mouvements, on peut quand même signaler que sous la pression européenne, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture avait interdit pendant une quinzaine de jours toutes les manifestations avec rassemblement du bétail : foires, expositions, comices”, poursuit Philippe Monnet, le président de la Chambre d’agriculture du Doubs.

En zone indemne, tout est possible au niveau des mouvements d’animaux : export, passage des maquignons… La mise en place d’une zone de surveillance dans un rayon de 50 km autour du foyer et encore plus de protection limite considérablement les mouvements d’animaux. “Des dérogations peuvent être accordées seulement pour des bêtes qui seraient conduites à l’abattoir sous réserve d’une visite préalable du vétérinaire.”
Une fois le périmètre établi, on passe au lancement de la campagne de vaccination dans les zones rouges et vertes. Faut-il ou pas généraliser la vaccination à l’ensemble du cheptel bovin français ? Ce vaste débat divise le monde agricole. “En France, cela représente 16 millions de bovins. C’est un chantier colossal qui serait à la charge des exploitants situés hors des deux zones. À savoir aussi que sur une zone vaccinée, il faudra attendre 14 mois à partir du dépeuplement du dernier foyer identifié pour pouvoir exporter. Il y a aussi de gros enjeux économiques”, poursuit Lionel Malfroy qui ne trouve aucun intérêt d’agir ainsi. Et le vaccin n’immunise pas dès qu’il est administré. Un animal est protégé 21 jours après l’injection du vaccin. Sachant que le temps d’incubation de la maladie se porte à 28 jours, il faut attendre pratiquement 50 jours pour être certain qu’il n’y a pas de risque.

Si un foyer est détecté, le dépeuplement de tous les animaux présents dans ce foyer est obligatoire. “Cette solution a été adoptée en Savoie et aujourd’hui ils n’ont pas de souci avec la D.N.C. On sait qu’il y a débat sur ces mesures. Nous, à la chambre d’agriculture, on fait confiance aux scientifiques qui ont défini ce protocole. L’objectif, c’est de protéger les jeunes installés, les filières franc-comtoises. Je regrette qu’à Pouilley-Français il y ait eu une volonté manifeste d’instrumentaliser notre agriculture, surtout par des responsables venus d’ailleurs”, scande quand même Philippe Monnet. Quand les périmètres de protection et de surveillance sont installés, les exploitations sont tenues de surveiller de très près l’état sanitaire des bêtes. Ils doivent également appliquer des mesures de biosécurité et de désinfection. Philippe Monnet rappelle que par le passé d’autres maladies comme la tuberculose ou la fièvre aphteuse ont touché les troupeaux du Doubs. “En 2001, j’ai été concerné car il y avait un cas d’E.S.B. sur notre ferme qui a conduit à un dépeuplement. En tant que responsable agricole, j’ai aussi accompagné trois éleveurs dont les troupeaux ont connu le même sort. Ce n’est donc pas nouveau et si on est plutôt bons sur le plan sanitaire dans le Doubs, c’est aussi grâce à la rigueur de ceux qui nous ont précédés”, estime Philippe Monnet.

Les éleveurs concernés par ces mesures radicales sont indemnisés pour les bêtes euthanasiées et la perte de production pendant 45 jours, le temps de se refaire un troupeau. “C’est bien aidé”, estime Lionel Malfroy. Au niveau de la Chambre, il existe le service “Solidagri” dédié à tous les agriculteurs en difficulté. “Cela fonctionne sur la base du volontariat. Quand une personne est intéressée, elle est alors accompagnée par une cellule de trois intervenants de la M.S.A., de la Chambre d’agriculture et de la D.D.T. Ce service gère une trentaine de dossiers par an. “Le G.A.E.C. de Pouilley-Français qui a subi dernièrement le dépeuplement de tout son troupeau n’est, pour l’instant, pas pris en charge par Solidagri.”
