La première étape de restructuration du lit du Doubs en aval de Pontarlier a débuté en avril. L’opération pilotée par l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue consiste à répartir 10 000 m3 de matériaux alluvionnaires sur un tronçon de 3,5 km. Un chantier test qui déterminera la suite du programme.

En 2018, les images du lit du Doubs en assec jusqu’en octobre ont marqué les esprits. À l’origine de cette situation, une sécheresse aiguë amplifiée par la réactivation ou l’amplification des failles présentes dans le lit du Doubs depuis la confluence avec le Drugeon jusqu’au défilé d’Entreroches. « Suite à ces événements, une pré-étude hydromorphologique a été engagée sur un linéaire de 24 km de rivière. Elle a permis de mettre en évidence les points faibles. Le travail a été complété par un recensement assez précis des failles. Cela a permis de définir une méthodologie d’action en plusieurs phases, en prenant chaque fois en compte l’évolution de la situation à chaque étape du programme », explique Olivier Billot, vice-président de l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue et chargé de suivre plus précisément ce dossier.

Élus et techniciens travaillent de concert sur ce projet. De gauche à droite : Laurent Petite, 1er adjoint à Doubs, Georges Cote- Colisson maire de Doubs, Jean-Noël Resch, hydrobiologiste, Adèle Coulombier, technicienne de réserve à l’E.P.A.G.E., et Olivier Billot, vice-président de l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue.

Décision a été prise d’intervenir assez logiquement le plus en amont possible, c’est-à-dire à partir de la confluence avec le Drugeon jusqu’au pont des Oies à Arçon. Soit un tronçon de 3,5 km de rivière. « Il ne s’agissait pas de faire une étude sur les pertes du Doubs mais sur le fonctionnement biologique de la rivière. Ce qui en ressort : un débit très faible, un manque de matériaux. On voit que le lit du Doubs s’est enfoncé, qu’il s’est homogénéisé. On doit faire évoluer ce lit pour qu’il soit adapté au mieux à ces périodes de très faibles précipitations. Il s’agira de faire une grosse recharge alluvionnaire pour recréer un matelas alluvial. Cela permettra de créer un cheminement d’eau qui évite les pertes », décrit Jean-Noël Resch, hydrobiologiste à l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue.

10 000 m3 de matériaux vont ainsi être acheminés sur place puis répartis tout au long du tronçon. « Dans le détail, il y aura 4 000m3 de matériaux alluvionnaires et 6 000m3 de banquettes. Ce sont des matériaux plus gros et plus stables utilisés pour rétrécir la largeur du lit. Il est peut-être utile de préciser qu’on ne mettra pas de béton, ni d’argile pour boucher les failles. »

2 m3/seconde, c’est le débit du Doubs mesuré début avril par Jean-Noël Resch et sa collègue Adèle Coulombier tous deux salariés de l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs, Haute-Loue

Le barrage qui servait autrefois à alimenter le canal d’Arçon sera échancré en partie pour augmenter la vitesse d’écoulement et éviter le phénomène de sédimentation. L’E.P.A.G.E., en concertation avec la population locale, a décidé de ne pas détruire le canal. L’ouvrage sera refait en forme de seuil échancré de façon à privilégier le lit principal du Doubs en période d’étiage. « On peut parler de solution patrimoniale basée sur une étude sociologique qui a mis en évidence l’attachement des locaux à ce canal. Tout au long de ce projet, on a tenu à créer un consensus avec les communes de Doubs et d’Arçon. On a oeuvré en concertation avec les cinq exploitations agricoles et les 50 propriétaires du foncier concernés. »

Quel sera l’impact des travaux sur les inondations qui sont récurrentes près du stade de foot lors de fortes précipitations ? « Le projet a été validé au niveau hydraulique. L’aménagement du seuil vers le pont devrait permettre de diminuer le niveau des crues qui baisserait, selon la modélisation, de 5 cm en amont du pont de l’oie », répond Jean-Noël Resch.

L’exemplarité du chantier s’étend jusqu’à l’origine des matériaux en privilégiant les carrières locales voire carrément les chantiers en cours. « On va réutiliser une partie des matériaux extraits d’un programme immobilier sur la commune de Doubs. » Tout a été entrepris pour boucler ce chantier en 2025 en tenant compte de la réglementation de l’eau. Impossible par exemple d’agir en période de reproduction des poissons. « Sur le plan financier, on avait avancé les dates du budget pour pouvoir engager les travaux le plus tôt possible. Le montant global de l’opération s’élève à 1,2million d’euros subventionnés à hauteur de 80% par l’Agence de l’eau. Le solde sera porté par l’E.P.A.G.E. en autofinancement », poursuit Olivier Billot.

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À l’issue des travaux, les suivis biologiques et hydrologiques lancés en 2018 seront poursuivis. « Il faudra attendre au moins trois ans pour vérifier l’efficacité des travaux sur le plan hydrologique et 6 ans au niveau biologique. On procédera ou pas à des réajustements en fonction des résultats. Si au bout de trois ans tous les voyants sont au vert, alors on poursuivra les travaux vers l’aval du pont en direction de Maisons-du-Bois-Lièvremont. C’est encore trop tôt pour se projeter sur ce qui sera entrepris même si on a des esquisses. En matière d’aménagement aquatique, prendre son temps, ce n’est pas forcément le perdre », estime Jean-Noël Resch

Un autre chantier sera engagé l’an prochain avec la réhabilitation du barrage d’Oye-et-Pallet. « Ces deux projets vont de pair et contribuent à soutenir l’étiage en période de sécheresse. Cela permettra d’avoir quinze jours de répit supplémentaire avant l’assèchement du Doubs. »


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