Chez les Roncet, le travail manuel du bois allié à de l’ingéniosité se transmet de père en fils. Depuis plus de trente ans, Joël Roncet fabrique des canoës en bois uniques en leur genre. Pour abriter l’activité, le fils Bertrand a construit un atelier de menuiserie entièrement à partir de matériaux de récupération

S’ils aiment cultiver la discrétion, l’artisanat lié au bois des Roncet, père et fils, vogue depuis des années sur des eaux calmes mais sûres. Il y a trente ans, Joël Roncet, menuisier-ébéniste de métier et passionné de canoë, s’attelle à créer un prototype de canoë en bois, unique en son genre. « Le canoë est conçu avec trois couches de bois. L’intérieur et l’extérieur sont en acajou, entre les deux s’insère une couche de frêne. Le modèle est réalisé sur moule, tout est fait en résine d’époxy. Avant, les clins étaient cloués sur les membrures avec des clous de cuivre, il en fallait 2 500. Là, on n’a plus de cuivre », explique le fils Bertrand.

Bertrand montre un exemple de canoë en bois conçu il y a plus de trente ans par son père Joël Roncet

Ce dernier, exerçant dans le bâtiment, est amené gentiment à prendre la relève de son père, âgé de 78 ans. D’une taille de 4,20 mètres de long pour un poids de trente kilos, les canoës en bois sont plus légers par rapport aux traditionnels, et plus facilement transportables par une seule personne grâce à une joug de portage. « On fabrique sur demande et on vend à des passionnés », reprend Bertrand qui a été mis au secret des techniques et détails de fabrication. Un canoë nécessite une centaine d’heures de travail.

Pendant le Covid, Bertrand a fabriqué un atelier de menuiserie à partir de matériaux de récupération et abrite une centrale photovoltaïque financée par la Fruitière à énergies.

Les Roncet père et fils procèdent aussi à des restaurations d’anciens canoës retrouvés dans un grenier ou une grange familiale. En trente ans, une centaine de canoës en bois sont sortis des mains habiles de Joël Roncet. Ce dernier a nommé son activité Wayanna, inspiré du nom d’une tribu d’Amérindiens vivant en Guyane que le Franc-Comtois a découverte il y a 20 ans. Si les canoës en bois sont plutôt faits pour les eaux calmes, ils permettent de descendre la Loue, même dans les endroits les plus critiques, grâce à leur légèreté. « Le canoë glisse mieux, il se profile mieux dans l’eau, il n’abîme pas le fond de la rivière. On essaie de ne pas aller dans des endroits qui abîment le canoë et donc la rivière », observe Bertrand.

Cette attention à la nature, le fils l’a incarnée aussi dans la fabrication de leur atelier de menuiserie. Il l’a construit pendant le confinement lié au Covid, parce que « les soirées étaient longues… ». Si le bâtiment à ossature bois est « assez simple à construire », tout a été fabriqué sur place avec des matériaux de récupération. « Je voulais que le bâtiment coûte le moins cher possible », remet Bertrand. Des fenêtres vouées à la destruction, un insert bois récupéré sur un chantier, du bardage déclassé sur 230 m² acheté à Emmaüs à Besançon… Un pan de la toiture est occupé par des tuiles non utilisées sur un chantier. Le second supporte une centrale photovoltaïque de 100 m², financée par les citoyens via La Fruitière à énergie. Bertrand loue cette partie du toit à La Fruitière à énergie pendant 25 ans. « S’il avait fallu que je mette des tuiles sur le toit, ça aurait coûté beaucoup trop cher. » Grosso modo, le gain estimé sur la construction de cet atelier est de l’ordre de 70 000 euros.

Si les Roncet ne souhaitent pas sortir du bois, l’atelier, tout comme l’activité qu’il abrite, sortent du commun.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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