La saline royale d’Arc-et-Senans a battu tous les records de fréquentation l’an dernier en dépassant les 150 000 visiteurs. Contre à peine 90 000 il y a une dizaine d’années. Comment expliquer l’engouement du public ?

Les années sombres de la saline d’Arc-et-Senans sont définitivement oubliées ? Pas celles où le site avait failli être détruit par son ancien propriétaire les Salines de l’est au siècle dernier. Ni les périodes les plus dramatiques où les bâtiments ont servi de camp d’internement à 200 Tsiganes pendant la guerre, puis de prison pour des détenus allemands.

Nous évoquons les heures sombres de la saline en matière de tourisme et de fréquentation, l’époque où il n’y avait pas grand-chose à visiter ici à part les bâtiments rénovés de l’architecte Ledoux et quelques expositions permanentes sur l’histoire du sel, instructives, mais peu réjouissantes.

Hubert Tassy est à la tête de la saline royale d’Arc-et- Senans depuis dix ans.

La saline royale d’Arc-et-Senans a fait sa métamorphose depuis une quinzaine d’années quand le site s’est donné comme ambition de devenir un phare touristique pour la région. Le classement de la saline au patrimoine mondial de l’Unesco dès 1982 sous l’impulsion de l’ancien directeur de l’institut Ledoux Serge Antoine avait certes donné au site une notoriété internationale, mais ce label n’avait jamais su se transformer en véritable sésame touristique.

La création du cercle immense et ses jardins en 2022 ont ajouté à l’attractivité des lieux (photo collection saline royale).

C’est sans doute beaucoup à l’actuel directeur de la saline Hubert Tassy, arrivé ici en avril 2015 que le site doubien doit son actuel succès. Des animations grand public comme Lux Salina, un méga concert de l’ancien leader de Pink Floyd David Gilmour en 2016, des expositions temporaires de qualité, la création du cercle immense et le festival des jardins… On doit ces initiatives à un directeur qui nourrit toujours des ambitions pour ce site d’exception propriété du Département du Doubs. C’est aussi à lui que l’on doit la création de la nouvelle salle de spectacle ouverte en septembre 2023, modulable (570 places assises ou 1 500 places debout) qui a accueilli depuis son ouverture des dizaines d’événements.

L’ensemble de bâtiments conçus par Claude-Nicolas Ledoux fête ses 250 ans cette année (photo Corinne Vasselet - B.F.C. Tourisme).
Au fond des jardins, une étonnante serre géodésique installée en octobre 2024 permet de cultiver plants et légumes locaux.

Au total, nous avons accueilli 130 événements l’an dernier à la saline indique Hubert Tassy. La création en parallèle à l’étage de ce bâtiment qui abrite cette nouvelle salle de concert de studios d’enregistrement dernier cri pour les artistes et musiciens ajoute un attrait au lieu, et nous espérons d’ailleurs voir bientôt un musicien de notoriété nationale venir enregistrer un album ici ajoute le directeur. Il est vrai que la saline, via essentiellement le Conseil départemental du Doubs son principal financeur, s’est donné les moyens de ses ambitions : la salle de spectacle et les studios n’ont coûté pas moins de 10 millions d’euros. Le prix de l’excellence. L’idée d’installer un haras départemental dans ces lieux avait germé en 1937, elle n’a jamais vu le jour. On a rendu utile ce bâtiment de 3 000 m² qui était inutile et inutilisé depuis 1937. Et nous avons eu la chance de pouvoir bénéficier des plans de relance français et européen. C’est une chance pour la saline d’avoir pu faire ces investissements-là ajoute M. Tassy.

La nouvelle salle de spectacle a ouvert ses portes à l’automne 2023 (photo Yoann Jeudy).

La création du cercle immense en 2022 et sa nouvelle serre géodésique inaugurée en octobre 2024, ses jardins pensés cette année sur le thème de l’école buissonnière (30 jardins sur 5 hectares), la création du Centre des lumières à l’intérieur de la berne Ouest (un espace immersif multisensoriel)… Tout cela explique aussi le bond de fréquentation de la saline d’Arc-et-Senans.

Il n’est pas exclu qu’enfin, dix ans après David Gilmour, une star de renommée internationale revienne à Arc-et-Senans l’an prochain. Hubert Tassy y travaille d’arrache-pied. La création d’un nouveau portail à l’entrée du cercle immense pourrait faciliter l’organisation d’un tel événement en plein air avec une jauge de 20 000 spectateurs…

Il y a 250 ans, le 15 avril 1775, était posée la première pierre de la saline. En avril 2025, le musicien espagnol Jordi Savall revenait une dernière fois sur les lieux où il a passé plusieurs années en résidence pour donner son Don Juan de Glück. 250 ans d’histoire, industrielle d’abord, culturelle aujourd’hui.

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