Une trentaine de carcasses de voitures vieilles de plus de 50 ans sont entreposées sous un hangar ouvert aux quatre vents dans le quartier de Velotte. Au mépris des règles environnementales.
C’est sans doute le cimetière le plus discret de Besançon. Il n’abrite aucune dépouille, mais de nombreuses carcasses. Rongés par la rouille, ensevelis par la végétation, ces restes fantomatiques de voitures des années cinquante sans doute pour les plus anciennes, aux années soixante-dix pour les plus récentes (on distingue les restes d’une Peugeot 403, d’une 404 et ceux d’une Citroën Ami 8 notamment) gisent donc ici depuis des décennies. Cette sépulture pour épaves agonisantes est pourtant située au cœur du quartier Velotte, pas très loin du groupe scolaire Henri-Fertet. Mais ni son propriétaire, ni la mairie, ni la préfecture n’ont jamais fait en sorte de purger ce terrain de ces restes qui se décomposent peu à peu dans la nature.
Cet endroit qu’on rejoint par un petit sentier au milieu de la végétation surprend. Il a déjà servi de cadre baroque à une séance photo dirigée par le Bisontin Emmanuel Dumont qui avait immortalisé au milieu de ces carcasses les artistes d’une compagnie de danse locale. “Nous devrions en refaire une bientôt dans cet endroit improbable” confie le photographe…
Pourtant cet endroit, aussi atypique, - et même romantique pourront dire certains - soit-il, il ne répond à aucune norme environnementale d’aujourd’hui. Il est d’abord interdit de maintenir un véhicule hors d’usage sur un terrain privé. Ce qui était toléré avant ne l’est plus pour deux raisons principales : parce que ce genre de dépotoir peut constituer un trouble, on parle alors de préjudice visuel même si le hangar croulant qui abrite ces anciennes berlines est entouré d’une dense végétation. Et également parce que même si les épaves se trouvent sur un terrain privé, elles constituent un risque de pollution désormais sanctionné par le Code des collectivités territoriales et le Code de l’environnement. Car les éventuels fluides pouvant encore être contenus dans les véhicules peuvent se répandre sur le sol et le polluer, comme les nappes phréatiques. Et que la carrosserie, en s’oxydant, peut aussi présenter un caractère polluant.
Le Code de l’environnement paraît assez clair. Son article R. 543-162 stipule que “tout propriétaire de véhicule hors d’usage (V.H.U.) se trouve contraint de s’en débarrasser conformément à la loi. Tout propriétaire n’ayant pas respecté ces dispositions encourt une sanction pénale allant jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et une amende de 75 000 euros.” Mais peut-être que depuis le temps, le propriétaire peut plaider la prescription ?…
