La Ville de Besançon, une des plus boisées de France, est propriétaire de 2 200 hectares de forêt, dont 1 700 rien que pour la forêt de Chailluz qui doit allier sa vocation forestière celle de lieu de promenade préféré des Bisontins

Les services de la Ville ont encore en mémoire ce 20 juillet dernier où des rafales de vent à plus de 100 km/h avaient balayé la forêt de Chailluz et décimé quelque 6 900 m3 de bois, tombés à terre en quelques minutes. Fermée entièrement jusqu’au 31 juillet, puis rouverte partiellement ensuite et totalement depuis le 10 février dernier après des mois de travaux de dégagement et d’exploitation des bois tombés, la forêt des Bisontins continue à panser ses plaies. Entre 1 500 et 2 000 arbres avaient subi les foudres du vent.

Après la tempête de juillet dernier, il a fallu plus de six mois pour dégager et exploiter les près de 7 000 m3 de bois tombés. Et ce travail n’est pas terminé (photo Ville de Besançon).

Cette tempête n’est hélas pas la seule assaillante pour la forêt de Chailluz qui subit, comme tous les massifs forestiers de la région, les agressions du climat et des parasites comme la chalarose du frêne présente depuis 2019. "Et la série de sécheresses subies en 2020, 2021 et 2022 a provoqué de gros dépérissements sur le hêtre. Le scolyte de l’épicéa touche aussi les parties de la forêt plantée en résineux. Tous ces événements combinés font que la forêt de Chailluz souffre beaucoup" résume Samuel Lelièvre, directeur de la biodiversité et des espaces verts à la Ville de Besançon. Le défi de la Ville, associée à l’O.N.F. à qui elle a délégué la gestion de sa forêt communale, est donc de "chercher à trouver les meilleures solutions possible pour que dans un siècle nos choix d’aujourd’hui s’avèrent les bons."

Plusieurs actions ont été engagées pour tenter de maintenir en état la forêt de Chailluz. D’abord la création de ce que les spécialistes appellent des "îlots de sénescence" où on laisse la nature faire son œuvre, sans plus d’intervention humaine, afin de renforcer les trames de vieux bois, de gros bois et de bois mort et ainsi créer de nouveaux puits de carbone. "Ces îlots s’étalent désormais sur 188 hectares, soit 18 % de la surface de Chailluz" indique Catherine Lehoux, cheffe du service forêt et boisement urbain à la Ville.

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La deuxième action engagée à Chailluz est la transformation des secteurs enrésinés. 200 hectares de Chailluz étaient jusqu’ici plantés en résineux. Très sujettes au dépérissement à cause des attaques de scolytes, ces parcelles sont peu à peu remplacées par d’autres essences. Dont certaines qu’on trouve habituellement à la latitude de la région lyonnaise. "On passe ainsi du chêne pédonculé, courant ici, au chêne sessile. On passera progressivement également au chêne pubescent. L’idée est également de mixer les essences. La diversité génétique est sans doute la bonne conduite pour résister à une pathologie" ajoute M. Lelièvre.

Derrière cette gestion qui devient de plus en plus méticuleuse, il s’agit aussi pour Besançon d’assurer l’autre vocation de cette forêt de Chailluz : la vente de bois. Avec les quantités industrielles de bois que Besançon a dû exploiter après la tempête de juillet dernier, et un marché du bois actuellement très porteur, les ventes ont permis à la Ville de Besançon d’encaisser 450 000 euros bruts de recettes. Cette manne est très variable d’une année sur l’autre. En 2023-2024, les conditions climatiques défavorables n’avaient permis de faire que 371 000 euros de recettes alors que la Ville en espérait 500 000. "La plupart des recettes du budget forêt sont réinvesties dans les replantations" observe le responsable.

L’autre vocation de cette forêt communale située à la lisière de la forêt est donc le loisir. Bien que soumise aux aléas climatiques et à une gestion de plus en plus pointilleuse, la forêt de Chailluz "restera toujours accessible aux Bisontins" promet la Ville. Les services travaillent actuellement sur un nouveau plan d’accès de Chailluz pour le public. "On va revoir les parkings, les panneaux d’information et les modes de circulation pour continuer à assurer une fréquentation de cette forêt dans les meilleures conditions. Et avec l’O.N.F., on commence à travailler pour mettre en place des dispositifs d’information beaucoup plus réactifs à destination des usagers en cas d’événements imprévus" annonce le service des espaces verts qui affirme que la forêt de Chailluz restera bel et bien celle des Bisontins.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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