C’est en fin d’année 2015 que la fusion des Régions a été officialisée en France. Le pays passait de 22 à 13 régions métropolitaines. Dix ans après ce mariage forcé, quel bilan peut-on tirer du fonctionnement de cette Bourgogne-Franche-Comté que certains pourfendent encore ?

Pas d’économies à la clé, mais une force de frappe plus puissante. C’est ainsi qu’on peut résumer dix ans après, l’opération de fusion des Régions Franche-Comté et Bourgogne qui aurait donc permis une plus grande efficacité dans la politique économique notamment.

Il n’y aura pas de grand-messe pour célébrer en fin d’année la date-anniversaire de la réforme territoriale qui a décidé de la fusion de l’ex-Région Franche-Comté avec l’ex-Région Bourgogne. Un mariage encore douloureux pour certains, et pas sûr que la période soit propice aux célébrations coûteuses. "Nous réfléchissons à organiser quelques événements labellisés anniversaire dans le cours de l’année prochaine, avec sans doute des rencontres avec les acteurs économiques, sportifs, culturels de la région pour avoir leur perception sur cette question de fusion, et peut-être en nous appuyant sur quelques produits phares de la Région, mais sans plus" confie le cabinet du président Jérôme Durain. Pas de fanfaronnade en vue, donc, simplement aussi "parce qu’il serait compliqué voire impossible de dire ce que serait aujourd’hui la Franche-Comté sans la Bourgogne et vice-versa" poursuit le cabinet.

En matière de mobilités notamment, les investissements de la Région fusionnée sont supérieurs au cumul des investissements des deux ex- Régions.

Pour tenter d’avancer une comparaison rapide entre l’avant et l’après-fusion, il faut aller rechercher les chiffres des comptes administratifs des deux ex-Régions voisines. En 2015, la Région Franche-Comté seule avait engagé 146 millions d’euros d’investissements, et la Bourgogne 199 millions, soit, si on cumule le total des deux ex-Régions, 345 millions d’euros. Cinq ans plus tard, en 2020, la grande Région a investi 531 millions d’euros, puis 609 millions en 2022 (avec l’effet du plan de relance), et 512 millions en 2024. "Le boost lié à la fusion est flagrant. Le plan de relance de la B.F.C. après Covid a été de 450 millions d’euros sur plusieurs années. On n’aurait sans doute pas atteint ce chiffre cumulé avec les deux Régions séparées" analyse un proche du dossier.

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S’il n’atteint pas celui des Länder allemands souvent pris en exemple au moment de la fusion, le poids économique de la Bourgogne-Franche-Comté a également crû. La création de l’Agence économique régionale a permis de mettre en place des plans d’aides aux filières (hydrogène, automobile…) que l’ex-Franche-Comté n’aurait sans doute pas pu assumer seule. Pour la filière automobile, la Région B.F.C. a injecté 25 millions d’euros entre 2022 et 2024, avec une prolongation à 30 millions pour la période 2025-2028. À titre de comparaison, le budget "économie" de la Région Franche-Comté juste avant la fusion était d’à peine 12,5 millions d’euros. Cette année, la Région B.F.C. vient de voter lors de la récente assemblée plénière son schéma régional de développement économique pour une enveloppe de 45 millions d’euros de crédits mobilisables. "Avec la fusion, on a grandement gagné en capacité" estime un cadre régional.

Même constat au profit de l’agriculture. Avec la nouvelle programmation des fonds européens (malgré toutes les difficultés pratiques que comporte ce dossier), le montant global des investissements de la Région (254 millions d’euros pour l’actuelle programmation) est 25 % supérieur au montant cumulé des deux précédentes Régions.

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Pour le reste, il est forcément difficile voire impossible de calculer les économies ou les dépenses supplémentaires de fonctionnement qu’aurait engendrées la fusion puisqu’entre 2015 et 2025, les Régions ont récupéré de nouvelles compétences comme les transports scolaires, les fonds européens et toutes les compétences prises à la suite de la loi 3DS de 2022 (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Simplification). "Cela reviendrait à comparer des choux, des carottes et des navets" image un spécialiste des finances régionales.

Au volet des dépenses supplémentaires, la Région B.F.C. reconnaît "un vrai boost sur le plan des coûts liés aux déplacements" à cause de l’organisation en bisite de certains services entre Besançon et Dijon, sans toutefois être en mesure de chiffrer ces coûts supplémentaires. "À l’inverse, et c’est une bonne conséquence de la crise sanitaire, tout le monde a appris à travailler en visio et en télé-travail, ça a redonné à tous de la rentabilité" note le cabinet du président qui ajoute d’échelle induites par la politique d’achats groupés de la grande Région.

Dernière avancée qui pourrait être mise en avant pour nous, Francs-Comtois : sans doute que le label Bourgogne adossé à celui de la Franche-Comté est un atout pour la notoriété de la partie franc-comtoise de la région, l’inverse n’étant sans doute pas vrai. Une chose est sûre enfin : cette opération purement administrative qu’a été la fusion n’a enlevé en rien les identités de chaque territoire dont elle est composée. Un Haut-Doubiste sera toujours un Haut-Doubiste comme un Morvandiau restera toujours morvandiau…