À 28 ans, après avoir pas mal bourlingué sur le plan professionnel, Gina Scalabrino a trouvé sa voie dans la photographie en se spécialisant dans l’estime de soi. Une reconnexion avec soi-même qu’elle a elle-même expérimentée avant de l’appliquer aux autres. Portrait.

À la découvrir en jeune fille épanouie et avenante, on peine à croire que Gina Scalabrino a connu une existence parfois compliquée. D’abord la difficulté à se sentir bien dans son travail. Originaire du Val d’Usiers où elle a passé toute sa jeunesse, elle rêvait au départ de devenir soigneuse animalière dans un zoo. Assez logiquement, elle entame un cursus au lycée agricole de Levier. Bac en poche, elle met un terme à ses études et enchaîne les petits boulots : vendeuse, saison du mont d’or, travail en blanchisserie, dans l’industrie…

Quand j’étais enfant, j’aimais dessiner, peindre. J’adorais aussi faire de la photographie et je me suis peu à peu détachée de ces loisirs artistiques avec le train-train boulot, dodo, poursuit celle qui finira comme beaucoup d’autres par succomber aux sirènes du travail frontalier. Elle exerce alors pendant cinq ans dans l’horlogerie en terminant au service qualité. Cette activité m’a permis d’acheter une maison à Bolandoz et d’épargner mais j’admets que ce travail frontalier, cela n’avait aucun sens.

Gina Scalabrino organise ses séances “estime de soi” sur son canapé baroque assorti d’un fond et d’accessoires du même style.

Tchao la Suisse, mais bonjour la déprime. Un coup de blues accentué par la disparition de son père. Gina Scalabrino sombre dans la boulimie alimentaire. Elle prend 20 kg et souffre également de dysmorphophobie, une pathologie qui déforme la façon dont les personnes se voient. L’obsession du reflet en quelque sorte. Mon copain a commencé à me prendre en photo quand j’étais grosse. Peu à peu, j’ai repris confiance en moi, j’ai gagné en estime de moi. Elle renoue alors avec sa passion de jeunesse en multipliant les séances d’autoportrait. Cela m’a permis d’assumer la personne que je suis.

Pas du genre égocentrique et lasse d’avoir sa seule personne à photographier, elle décide de partager son expérience et propose à ses amies en fragilité ou non de s’adonner à sa perception de l’estime de soi photographique. Une vraie révélation. Je pleure de joie chaque fois que je rentre en shooting. J’ai enfin trouvé ma voie, explique Gina Scalabrino qui décide alors de s’installer à son compte sous l’enseigne Fëa Phénix Photo. Tout un roman. Fëa signifie l’âme en langage elfique. Derrière le terme Phénix, il y a aussi cette notion de résurrection qui me correspond assez bien.

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Sommairement aménagé dans l’une des pièces à l’étage de sa maison de Bolandoz, - un petit village du plateau d’Amancey situé à une quarantaine de kilomètres de Besançon et à une trentaine de Pontarlier -, son studio se distingue surtout par son canapé baroque, la pièce maîtresse de sa décoration. Une tapisserie assez rococo assortie ou pas de tentures et draperies suffit à donner le style très personnel des clichés de Gina Scalabrino. En dehors du boîtier photographique, j’utilise très peu de matériel technique car je privilégie l’éclairage naturel explique-t-elle.

Les séances “estime de soi” débutent souvent par un échange oral, histoire de se présenter, de se comprendre. Le shooting proprement dit s’étale sur une demi-journée. Pour l’instant, je travaille essentiellement avec un public féminin avec des personnes de 14 à 62 ans. On débute avec des photos en robe puis la séance peut se prolonger en version “boudoir”, c’est-à-dire en lingerie sachant qu’il n’est pas du tout question de sexualiser. Le but est uniquement d’accepter son corps. Selon les circonstances et les personnes, on peut aller jusqu’au nu artistique.

Après la séance, Gina Scalabrino ouvre une galerie privée qui permet à sa cliente de sélectionner les images qui lui plaisent. Je me permets de retoucher l’environnement du sujet, la mise en ambiance, indique celle qui est convaincue du pouvoir de la photo. En tout cas j’y crois vraiment et j’y mets toutes mes tripes. La prestation “estime de soi” représente aujourd'hui 60 % de l’activité du studio “Fëa Phénix Photo”. Gina Scalabrino complète en faisant des photos de mariage, des portraits… Je me considère comme une spécialiste en estime de soi insiste-t-elle.

Pure autodidacte dans la prise de vue, elle puise son inspiration dans l’art baroque, les nus artistiques, les statues grecques. Son style ne passe pas inaperçu et le bouche-à-oreille fait le reste. Quand elle n’est pas en studio ou en train de photographier des églises, des croix, Gina Scalabrino apprécie beaucoup d’écouter de la musique classique, notamment du piano et du violon. Avec mes goûts et mes envies, je suis une petite vieille dans un corps de jeune ! sourit-elle.

Bio express
- Gina Scalabrino est originaire du Val d’Usiers
- Elle vit à Bolandoz
- 28 ans
- Photographe spécialisée en estime de soi
- Passionnée d’architecture et de musique classique

Contact : feaphenix@gmail.com


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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