Le centre des congrès Micropolis a déjà dû annuler 90 % des manifestations prévues en volume de public jusqu’au 15 avril. La perspective de renoncer à la Foire comtoise est évidemment dans toutes les têtes. La décision doit être prise début avril.

Didier Sikkink, directeur général de Micropolis.

La Presse Bisontine : Les reports et les annulations se sont succédé depuis début mars. Où en est-on ?
Didier Sikkink : À mi-mars déjà, 90 % des manifestations en termes de volume de public avaient déjà été annulées ou reportées. Sur les manifestations organisées par Micropolis directement, nous perdons tout ce qui a été payé en avance, notamment la communication. Pour les reports, nous essayons d’être pragmatiques. Par exemple le salon des tout-petits et celui des retraités, nous avons retrouvé une date sur une formule groupée. Le salon du chocolat est reporté en novembre et sera intégré au salon Talents et saveurs. La grande brocante de printemps avait pu avoir lieu juste avant les interdictions et la prochaine est programmée à l’automne.
Côté spectacles, le Lac des Cygnes est reporté au 15 octobre, Vitaa et Slimane au 17 octobre et d’autres concerts sont encore en attente pour trouver une date de remplacement. Iggy Pop qui était le grand événement du printemps le 14 avril, est annulé et le problème était de trouver une date pour le reprogrammer. Il aurait pu revenir en septembre, seulement à cette époque-là, Micropolis doit être entièrement occupé par Micronora qui est notre deuxième fournisseur de marge après la Foire comtoise…
Nous sommes confrontés à un vrai casse-tête. Tout cela est vraiment dommage parce que nous avions une sacrée belle saison de spectacles en 2020. Je tiens à préciser que le remboursement des billets ne se fait pas à Micropolis mais directement auprès des revendeurs.


LPB : Reste évidemment la grande question de la Foire comtoise…
DS : Elle est programmée du 16 au 24 mai et est déjà commercialisée à plus de 85 %. Le problème est que Lyon a annulé sa foire et avait prévu de la reprogrammer en même temps que nous. Tout mon travail a été de convaincre les exposants de garder leur date à Besançon. Annuler la Foire comtoise serait catastrophique, cette manifestation représente à elle seule 1,7 million de chiffre d’affaires sur les 6,4 millions que réalise Micropolis sur un an. C’est le quart du chiffre et surtout le tiers de notre marge annuelle. On a tout fait jusqu’à maintenant pour ne pas annuler la Foire. Elle n’a jamais été annulée de toute son histoire, à l’exception de trois fois pendant la seconde guerre mondiale. Pour nous, c’est inimaginable que la Foire comtoise ne se tienne pas. Après cette longue crise, si la Foire devait bien se tenir comme nous l’espérions, ce serait sans doute une grande édition. Mais si la Foire devait être annulée, ce n’est pas moi qui déciderai, pas plus que Christine Bouquin la nouvelle présidente de Micropolis, mais c’est bien le préfet du Doubs. La décision sera prise début avril.

C’est inimaginable que la Foire comtoise à Micropolis ne se tienne pas
Pour Micropolis, la Foire comtoise, c'est un tiers de sa marge annuelle (photo Micropolis).

LPB : Matériellement, vous ne pouviez pas vous organiser au dernier moment ?
DS : C’est évidemment très compliqué, ne serait-ce que du point de vue de la logistique. Avec l’invité d’honneur qui est le Sénégal, je dois décider fin mars si on fait partir le bateau du Sénégal qui transporte toutes les marchandises. On a imaginé aussi organiser une Foire mais sans invité d’honneur.

LPB : Sur le plan financier, vous avez déjà estimé le montant des pertes ?
DS : Dès la mi-mars avec les annulations et les reports programmés, on était déjà à au moins 150 000 euros de perte. Rien que la location de la salle de spectacle pour un grand concert, on la facture entre 20 000 et 30 000 euros. Si on ne faisait pas la Foire comtoise, les pertes seraient de l’ordre du million d’euros.

LPB : Comment vivez-vous cette période délicate ?
DS : On commence par prendre un gros coup derrière la tête, puis on essaie de rebondir. Micropolis est assez solide pour passer une année comme ça, mais il ne faudrait pas que ça se reproduise une seconde fois. Je suis partagé entre le fatalisme, l’espoir et surtout une grande envie que cet épisode prenne fin. Il ne faut pas oublier que Micropolis emploie 38 personnes en C.D.I.

Propos recueillis par Jean-François HAUSER

La Foire comtoise annulée
L’événement de l’année pour Micropolis sera remplacé, si les conditions le permettent, par une mini-foire début juillet.
Une version de remplacement, plus légère, doit être programmée début juillet.

Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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