Pour lutter contre les collisions routières souvent mortelles pour le lynx, l’association Protect the lynx installe des silhouettes de l’animal sur les bords de route, comme entre Morteau et Pontarlier.
Aussitôt installées, aussitôt volées… Début octobre, des silhouettes de lynx sont apparues sur les bords de la route entre Morteau et Pontarlier. Une initiative portée par l’association haut-doubienne Protect the Lynx. “On a déposé des silhouettes là où deux lynx avaient été percutés il y a quelques semaines”, explique Julie Giraud, présidente de l’association. Cette portion est particulièrement reconnue comme dangereuse pour le lynx. Un lynx a d’ailleurs été mortellement percuté fin septembre à l’entrée de Morteau sur la R.D. 437.

Pour l’heure, 15 collisions sont recensées dans le Doubs. Le braconnage et la circulation routière restent les principales menaces pour ces félins. D’où l’installation des silhouettes pour attirer l’attention des automobilistes. Seulement, quelques jours plus tard, ces silhouettes avaient déjà disparu. “Les gens sont opposés au lynx. Nous, on veut vraiment sensibiliser les automobilistes. Il y a des passages fréquentés par l’animal, on souhaite faire passer le message aux conducteurs de lever le pied et être attentifs dans les zones boisées. Les silhouettes sont symboliques. Les voler, je trouve ça stupide. C’est à se demander ce que feraient ces personnes-là s’ils voient un lynx sur la route ? On va remettre d’autres silhouettes”, reprend Julie Giraud.
Créée il y a 7 mois, l’association Protect the Lynx regroupe une trentaine d’adhérents. Spécialisée dans le lynx, la structure a pour objectif la surveillance de zones fréquentées par l’animal, le comptage, l’identification, et la sensibilisation à sa protection, via notamment des actions dans les collèges. L’association travaille de concert avec le centre Athénas.
Le massif jurassien compte entre 100 et 150 lynx. L’espèce fait face à une surmortalité liée à la route et au braconnage, selon Gilles Moyne du centre Athénas. En cinq ans, 100 collisions sur le massif jurassien ont été comptabilisées. “Ce qui est énorme rapporté à la population de 150 lynx. Cela veut dire que 8 % passent sous les roues de voitures”, observe Gilles Moyne.
Sur ces 100 collisions, 22 lynx ont été pris en charge par le centre Athénas. 6 ont survécu, soit un taux de survie de 6 % par rapport aux 100 collisions sur 5 ans. “Il est primordial de prendre des mesures”, insiste le directeur du centre Athénas.
Depuis plusieurs années, la structure milite pour une signalétique routière saisonnière, de septembre à mars. À cette période, la saison de chasse puis du rut du lynx favorise les déplacements de l’animal. Un mâle a un territoire de 300 $km^2$, une femelle entre 200 et 250 $km^2$. “On ne peut pas envisager des protections ou des passages à faune. Le lynx peut traverser partout, il est un peu imprévisible. Le vrai moteur d’une diminution des collisions est la sensibilisation des automobilistes et faire ralentir le flux de véhicules”, appuie Gilles Moyne.

Le centre Athénas offre des panneaux “Attention lynx” à installer aux entrées et sorties de communes. Là aussi, certains sont volés. 50 communes sur le massif ont accepté ces panneaux. “On espère une vraie prise de conscience des élus. À la suite des dernières collisions, nous avons reçu 5 demandes supplémentaires, souligne Gilles Moyne. S’il y a des dégradations, on remplace les panneaux. On est dans une démarche proactive. C’est une association qui subventionne les communes puisque le panneau est gratuit pour elles.” Pour autant, certaines communes restent frileuses et ne veulent pas de ces panneaux.
Quant au braconnage, il est difficile de le quantifier. “On ne retrouve jamais rien”, reprend Julie Giraud de Protect the Lynx. Cette dernière pratique aussi la spéléologie. Avec son mari, elle a découvert des ossements de lynx dans un gouffre à côté de Mouthe. Une enquête est en cours, un collier G.P.S. appartenant au centre Athénas a été récupéré sur les lieux.
