Jean Chapuis est le délégué départemental de l’A.S.P.A.S. (Association pour la protection des animaux sauvages). Il dénonce notamment l’autorisation de chasser le chamois et la chasse d’été du chevreuil. Explications.
C’est à dire : L’A.S.P.A.S. est-elle une association anti-chasse ?
Jean Chapuis : Non, en aucun cas. En revanche, il y a des choses que nous dénonçons comme par exemple l’autorisation donnée par le préfet du Doubs de chasser le chamois. C’est un vrai scandale car la population de chamois est relativement faible - environ 1 500 individus dans le Doubs -, soit 10 à 12 fois moins que les chevreuils. Et je trouve absolument anormal que la fédération de chasse ait demandé l’autorisation de tuer 400 chamois cette année, dont la moitié de jeunes, alors que dans le Doubs, il y a une régulation naturelle de l’espèce grâce au lynx. Il n’y a aucune raison valable d’autoriser à tuer le chamois pour le plaisir d’une petite minorité de chasseurs alors que ce n’est même pas pour la consommation de viande mais c’est surtout une chasse de trophées. Qu’est-ce qu’ils font des chamois qu’ils tuent ? La plupart sont mis au congélateur et beaucoup finissent à la poubelle… On devait quand même protéger le chamois plutôt que de le détruire ! Pour information, les chasseurs représentent 1,7 % de la population du Doubs (7 000 sur 540 000 habitants) et après enquête, environ 20 % des chasseurs du Doubs apprécient de tuer des chamois pour le trophée.
Càd : Que réclamez-vous sur ce point ?
J.C. : Que le préfet du Doubs Rémi Bastille ait le courage de prendre une décision : que l’on protège enfin les chamois du Doubs pendant un moratoire de trois années. Et on verrait à l’issue de ces trois ans ce qu’il en serait de la population de chamois. Ce ne sont pas les supposés dégâts forestiers ou agricoles qui peuvent être invoqués, car ils sont inexistants en ce qui concerne le chamois. Mais quand on propose cette solution au préfet, on n’a aucune réponse…
Càd : Votre second sujet de préoccupation actuellement concerne le chevreuil. Qu’en est-il ?
J.C. : La population de chevreuils a baissé de 50 % sur les 5 dernières années dans le Doubs. 29 000 individus ont été abattus depuis 5 ans, soit près de 6 000 par an, c’est deux fois trop. Il ne s’agit pas d’interdire de les chasser, mais il faut réduire les plans de chasse. La croissance naturelle de la population de chamois est estimée à environ 25 % et la prédation naturelle lynx estimée est de 10 %. Le plan de chasse concernant le chevreuil est disproportionné. Mais l’autre scandale, c’est l’autorisation de la chasse d’été pour le chevreuil à partir du 1er juin et jusqu’au 30 septembre, alors que c’est la pleine période de reproduction de cet animal. Pendant cette période des amours, l’autorisation d’abattage de 1 017 mâles a été donnée. Et cette chasse aux chevreuils, elle va se poursuivre jusqu’au 31 janvier prochain, soit une durée totale de 8 mois ! Les supposés dégâts forestiers évoqués ne justifient nullement la peine de mort à l’égard de 4 458 chevreuils. La peine est totalement disproportionnée d’un point de vue écologique et environnemental dans les écosystèmes du Doubs, où coexistent les lynx.
