Le Secours catholique constate une évolution des profils de ses bénéficiaires toujours plus nombreux à venir frapper à la porte de toutes ses antennes dans le Doubs

Coiffeuse bénévole au Secours catholique, Annie Abraham coupe les cheveux et refait une beauté tous les vendredis matin à des bénéficiaires du Secours catholique au siège de l’association à Besançon. Entre elle et les personnes qui passent entre ses mains dans le petit salon aménagé dans les locaux, le courant passe forcément toujours bien. Et pour cause, Annie a connu comme eux les galères, l’errance et le dénuement. « J’ai connu la rue à 15 ans, sans parents, sans famille, sans revenu » raconte celle qui a également vécu le traumatisme d’un abandon à l’âge de 9 mois et qui a passé son enfance de foyers en institutions.

Antoine Aumonier, délégué général du Secours catholique (à gauche) et Christophe Gilles, le président.

À force d’abnégation et d’efforts, Annie a fini par décrocher son C.A.P. de coiffure jusqu’à ouvrir son propre salon. Aujourd’hui, elle a décidé de redonner ce que la vie lui avait finalement apporté. « En proposant des séances de coiffure à ces personnes, j’ai voulu leur redonner un peu de bien-être et des sourires. Parfois, ces simples gestes suffisent à les remettre debout. Quand je les reçois, je ne veux pas de visite, je suis seule avec eux, on discute, on échange, ils se confient et quand ils veulent me remercier avec une petite pièce ou un chocolat quand ils n’ont même pas une pièce, je leur dis gardez tout. Tous les gens qui passent dans mon salon sont respectables. Ce qui leur est arrivé, ça m’est arrivé aussi, forcément on se comprend » témoigne la bénévole.

Ils sont au total 850 à l’échelle de la délégation régionale, ces bénévoles à se relayer auprès des bénéficiaires du Secours catholique. Ces derniers sont d’ailleurs toujours plus nombreux. « Nous avons accueilli 16 000 personnes en un an à l’échelle de la région. 26 % d’entre eux n’ont aucune ressource. Et 28 % d’entre eux ont un C.D.I., ce sont des travailleurs pauvres que leur emploi souvent à temps partiel ne suffit pas à faire vivre » observe Christophe Gilles, le président du Secours catholique de Franche-Comté. « Nous notons plusieurs phénomènes assez récents également : 32 % des ménages que l’on aide se situent en zones rurales, cette proportion a doublé depuis que nous tenons des statistiques. Et on constate aussi que 70 % des personnes sans aucune ressource sont des étrangers au statut administratif instable » ajoute Antoine Aumonier, le délégué général du Secours catholique.

Publicité - Boostez vos ventes grâce aux bons cadeaux ckdo.pro

Autre particularisme local : dans notre région, les pauvres sont plus encore plus pauvres qu’ailleurs. Le niveau de vie médian des personnes accueillies au Secours catholique dans notre région est d’à peine 435 euros, contre 656 euros sur le plan national. La part des personnes seules augmente aussi. Alors que les antennes du Secours catholique dans le Doubs accueillaient 19 % d’hommes seuls en 2014, ils sont désormais 45 %, dont 37 % qui n’ont aucune ressource.

Face à une situation de plus en plus tendue, et « de plus en plus de gens aux abois qui viennent nous voir » ajoute un autre bénévole, le Secours catholique réclame que la pauvreté soit à nouveau grande cause nationale en 2027, année électorale. « Quand on prend ce sujet en main, ça a de l’effet » note Christophe Gilles. « Entre 1997 et 2001, à une époque où l’État avait décidé d’en faire une grande cause nationale, 800 000 personnes étaient sorties de la pauvreté en France. La pauvreté n’est pas une fatalité ! »


Cet article vous est proposé par la rédaction du journal C'est à dire, distribué à + de 30 000 exemplaires sur le Haut-Doubs.
Pour devenir annonceur et booster votre visibilité, cliquez sur l'image ci-dessous
Publicité journal C'est à dire