Notre territoire qui passe parfois pour un eldorado où l’opulence semble la norme cache comme partout ailleurs des disparités grandissantes. Le revers du Haut-Doubs frontalier, c’est une partie de la population - jeunes, familles monoparentales, seniors - qui a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Sur le plan institutionnel, les centres communaux ou intercommunaux d’action sociale suivent de près cette population aux revenus modestes voire inexistants. Mais c’est aussi et peut-être surtout sur les associations que repose la solidarité. Elles sont nombreuses à agir sur ce champ-là et ce sont ses centaines de bénévoles que ce dossier a souhaité mettre en lumière pour ce dernier numéro de l’année.

Quelle boîte à outils pour répondre aux besoins des plus précaires ?

Le C.C.A.S. de Morteau joue un rôle clef dans la prise en charge des plus démunis. Un rôle de coordination entre les services du département et les différentes associations, notamment les Restos du coeur et le Secours catholique impliqués dans l’aide alimentaire et l’hébergement. Décryptage.

À Morteau comme ailleurs, le centre communal d’action sociale (C.C.A.S.) a pour mission d’accueillir et d’accompagner les personnes en situation de précarité. Ce service emploie deux personnes : Léa Guillaume et Maud Le Calvé qui travaillent en étroite collaboration avec Marie Bonnet, conseillère municipale déléguée affaires sociales, santé, seniors, services à la population et C.C.A.S. "On propose un premier accueil pour orienter, déterminer le parcours de prise en charge. On sert aussi de point de repère pour les sans-abri", explique l’élue.

Maud Le Calvé, chargée de projet au C.C.A.S. de Morteau en compagnie de Marie Bonnet, l’élue mortuacienne en charge du social. Il manque Léa Guillaume, la responsable du C.C.A.S.

Le C.C.A.S. gère notamment les domiciliations, au nombre d’une trentaine par an, accordées par une commission spécifique. "La domiciliation est une obligation mais un tri s’avère nécessaire en privilégiant les familles ou les personnes les plus fragiles. La domiciliation permet aussi de garder le contact avec ce public", complète Marie Bonnet. La domiciliation est un droit qui permet aux personnes sans domicile stable de disposer d’une adresse pour recevoir du courrier et bénéficier des aides et prestations sociales auxquelles elles peuvent prétendre. La misère n’est pas toujours visible ou exprimée avec facilité, ce qui complexifie la tâche de ceux qui doivent alors déceler les difficultés.

L’efficacité du dispositif mortuacien repose sur la complémentarité entre les acteurs publics et associatifs. C’est par exemple le Secours catholique qui fait fonction de veille mobile. Depuis 2023, le C.C.A.S. est propriétaire d’une tiny house. "Ce mode d’hébergement permet de pallier la carence de chambres que la paroisse mettait à disposition. La tiny house est gérée par l’A.D.D.S.E.A. et le Secours catholique. Elle sert normalement à l’hébergement d’urgence mais on constate à l’usage que les gens restent plus longtemps. Trois ou quatre personnes sont logées chaque année dans la tiny house", détaille Maud Le Calvé.

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À défaut de tiny house, les personnes sont orientées vers le Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale qui comprend deux logements. "Le C.H.R.S. s’adresse plutôt à des personnes en grande précarité qui ont besoin d’un accompagnement renforcé."

Autre alternative d’hébergement proposée sur le Val de Morteau avec le dispositif de Logement Temporaire Accompagné destiné à un public mieux inséré notamment sur le plan professionnel. "On dispose aussi d’un logement de mise à l’abri comprenant deux chambres pour accueillir des femmes ou hommes victimes de violences conjugales. Quand toutes ses solutions sont épuisées, on sollicite alors Espace Morteau pour mettre à disposition une chambre", annonce Marie Bonnet en précisant que cette offre s’applique à l’échelle intercommunale et pas uniquement aux Mortuaciens et Mortuaciennes.

Combien de personnes touchent le R.S.A. à Morteau ? En 2023, on recensait 90 allocataires dans la cité horlogère. Le C.C.A.S. intervient aussi auprès des plus indigents en distribuant des bons alimentaires. "On a connu une forte hausse après le Covid avec 715 bénéficiaires puis le nombre a évolué à la baisse pour se stabiliser autour de 370." Ce qui pourrait être un signe encourageant correspond en fait à un transfert du public demandeur vers les Restos du cœur dont les stocks de denrées alimentaires ont progressé. "Les bons alimentaires du C.C.A.S. fonctionnent dans un seul commerce mortuacien. Par souci de transparence, on demande aussi aux gens de nous rapporter les factures", souligne Maud Le Calvé.

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En réponse aux sollicitations du C.C.A.S., les associations bénéficient aussi de subventions incitatives. "On a parfois tendance à considérer qu’il n’y a que des gens aisés à Morteau. C’est faux, la ville n’est pas épargnée par la précarité. On voit pas mal de personnes venues tenter leur chance en Suisse et qui échouent. Certaines rentrent chez elles et d’autres restent sur place pour se retrouver très vite en difficulté. C’est aussi une des causes de la pénurie de logements."

Plus discret mais bien réel, le public des retraités en difficulté progresse. "On a mis en place depuis six ans la carte Avantages senior. Cette année, 330 personnes ont pris cette carte qui fonctionne sensiblement comme la carte Avantage jeunes. Le dispositif regroupe 40 commerçants."

Pour souder les acteurs de la pauvreté, le C.C.A.S. organise une fois par trimestre le P’tit déj du social. Cette rencontre rassemble une vingtaine de partenaires. L’occasion d’échanger, de trouver des solutions dans cette cellule de veille qui mise sur la proximité des acteurs.

La C.A.F. dans le paysage mortuacien

900 allocataires sont identifiés à Morteau avec :

  • 128 bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé
  • 420 bénéficiaires des allocations logement
  • 352 bénéficiaires des allocations familiales

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