Comté
Comme l’a justement souligné la présidente de Région Marie-Guite Dufay lors de la dernière assemblée plénière du Conseil régional, “un fromage de qualité mérite des débats de qualité.” La polémique qui a agité pendant plusieurs jours la sphère des réseaux sociaux et des médias au sujet du comté mérite en effet beaucoup mieux que ces caricatures lues ou entendues ici et là, et amplifiées par des réseaux sociaux qui décidément ont perdu - s’ils l’ont eu un jour ?… - tout sens de la nuance, du débat et de l’argumentation.
Comme il est inacceptable d’entendre les défenseurs du comté et la profession agricole affirmer que le comté n’a aucun impact sur son environnement et accuser ceux qui soulèvent de vraies questions d’être des “Khmers verts” ou de vouloir pratiquer “l’écologie punitive” pour reprendre les expressions faciles de ceux qui sont à court d’arguments, il est tout aussi inadmissible d’affirmer, qui plus est sur des radios publiques à forte audience, qu’il serait dangereux voire criminel de continuer à manger du comté alors que la filière tout entière défend un modèle exigeant. Et tout comme sont caricaturales et minimalistes les affiches “Touche pas au comté” qui ont aussitôt fleuri sur les réseaux sociaux à la manière d’un “Je suis Charlie” décliné désormais à toutes les sauces, parfois indigestes.
Oui, le comté mérite mieux que cela comme débat. Non, un militant écologologiste et anti-spéciste qui a son avis propre et ne représente pas l’ensemble des défenseurs de l’environnement, pas plus qu’il est à assimiler à tous les militants écologistes. Ce débat tronqué n’est évidemment pas le premier ni le dernier à être relayé par les réseaux sociaux par lesquels en une phrase sentencieuse on estime devoir résumer sa pensée, bien courte, et où la désinformation et la culture du buzz, où le nombre de clics et les performances d’un site deviennent plus crédibles qu’un discours scientifique argumenté et éclairé par les faits, les chiffres et l’expérience.
La filière comté est et devra rester un modèle du genre, porté par un esprit de coopération séculaire, et rémunérateur pour ses agriculteurs. Cela n’empêche pas pour autant d’évoquer sans tabou les enjeux environnementaux que pose cette filière prospère. Ses acteurs n’ont d’ailleurs pas attendu ce mauvais procès pour réviser le cahier des charges du comté, limiter fortement l’apport de fertilisants, et décider de désintensifier la production pour réduire l’impact sur les sols et la biodiversité.
Jean-François HAUSER
Directeur de la rédaction
