Fébrilité

Alors que la France attendait son énième gouvernement après plusieurs semaines de discussions et de tergiversations, et après plus d’un an de chaos politique et quatre Premiers ministres en l’espace de quelques mois, le monde économique, autant que le peuple français, commence à donner des signes de fébrilité devant tant d’incertitudes. Face à une instabilité croissante sur les plans économiques, réglementaire et fiscal, les entreprises industrielles de la région viennent d’exprimer publiquement leur exaspération grandissante, alors qu’elles sont au cœur des enjeux de réindustrialisation, de souveraineté et de transition écologique du pays. D’habitude discrets puisque trop occupés à faire tourner leurs entreprises, souvent des PME, les patrons locaux ne cachent plus leurs inquiétudes et ont tenu à le faire savoir à travers la prise de parole assez rare de leurs représentants réunis au sein du syndicat UIMM, un des plus importants de la région. De quelque secteur d’activité que ce soit d’ailleurs, les responsables d’entreprises semblent naviguer plus que jamais à vue.

Pour le monde économique, et donc celui de l’emploi, il n’y a rien de plus angoissant que les incertitudes politiques. Comment se projeter, comment rassurer ses clients quand le pays est ainsi plongé dans une telle instabilité politique, avec des gouvernements menacés de chuter à la moindre entente hétéroclite entre des groupes politiques que tout oppose, sauf la recherche du chaos et l’avènement d’une crise de régime. La géopolitique internationale plus mouvante que jamais ajoute encore une dose de scepticisme pour les dirigeants d’entreprise ballottés sur un océan économique agité de vagues et obscurci d’un épais brouillard. Suite à la dissolution ratée du président Macron il y a plus d’un an, la crise économique menace donc de s’ajouter à la crise sociale et, si tant est que le gouvernement de Sébastien Lecornu ne passe pas la barrière de la censure, c’est une crise politique, voire de régime qui risque de s’ajouter aux deux autres. Beaucoup pour un seul pays. Le seul moyen d’une rapide mais au moins provisoire sortie de crise et d’un salutaire retour de la confiance économique comme sociale, serait un accord gouvernemental sur les quelques questions qui cristallisent la colère des Français actuellement. Un vœu pieux, mais le seul qui vaille.

Jean-François HAUSER
Directeur de la rédaction

Le blog d'actu de La Presse Bisontine, La Presse Pontissalienne et du journal C'est à dire