Courage
Plombée par une dette abyssale de 3 550 milliards d’euros, une somme qui n’est même plus intelligible, la France s’enfonce jour après jour dans le chaos financier. Il faut s’imaginer que chaque jour, la dette de la France augmente de 11,60 euros par Français ! Le déficit public, lui, continue sa course folle vers les abîmes, il a atteint les 175 milliards d’euros en 2024. C’est-à-dire que le pays a dépensé en une année 175 milliards d’euros de plus qu’il n’a gagnés. La France est ainsi le seul pays en Europe à voir ses finances publiques continuer de se dégrader. Longtemps moquée pour son train de vie dispendieux, notre voisine l’Italie fait désormais partie des bons élèves de la classe Europe. Ses entreprises performantes ont permis à la péninsule de devenir le quatrième exportateur du monde. Le pays a dans le même temps réussi à assainir ses finances publiques de façon spectaculaire, avec un déficit passé de 7,2 % du P.I.B. en 2023 à 3,4 % en 2024. Résultat en France de ces dérapages incontrôlés des finances publiques : la nécessité de trouver 40 milliards d’euros de plus pour stopper la dégringolade. Autre illustration de cette situation : le premier budget de l’État, désormais devant l’Éducation nationale et devant la Défense, c’est le remboursement des seuls intérêts de la dette ! Ce poste de dépenses doit atteindre 72 milliards d’euros d’ici 2027. Une fois alignés ces chiffres qui donnent le tournis, que faire ? Avoir le cran, enfin, de ne pas entrevoir la solution que par le prisme des recettes, c’est-à-dire encore plus d’impôts via notamment la suppression, sans doute souhaitable, de quelques niches fiscales absurdes et réservées aux plus riches. Mais aborder la question budgétaire par le biais des économies à réaliser, plutôt que des recettes à augmenter. Intensifier la lutte contre la fraude fiscale, sociale ou financière, faire sauter le tabou des prélèvements sur les très hauts revenus ou les bénéfices des très grandes entreprises, envisager de moins rembourser certains médicaments ou prestations de santé qui contribuent largement au dérapage des finances, s’attaquer enfin et sans démagogie à l’organisation institutionnelle de la France en supprimant au moins un échelon dans la gouvernance du pays (les Départements, les Régions ?) pour éviter tout doublon et améliorer l’efficience de la dépense publique : autant de pistes pour lesquelles il manque encore un ingrédient : le courage politique.
Jean-François HAUSER
Directeur de la rédaction
