Dans le Doubs, 27 exploitations bénéficient des paiements pour services environnementaux. Ce dispositif, financé par l’agence de l’eau, vise à rémunérer les efforts des agriculteurs en faveur de l’environnement, comme l'exemple à Fourg avec le G.A.E.C. Delacroix-Legain.

À Fourg (vers Byans-sur-Doubs), depuis 2020, le G.A.E.C. Delacroix-Legain, familial, est composé de 4 associés. Stéphanie et Delphine, anciennes infirmières, ont rejoint leurs époux respectifs sur l’exploitation, Ludovic Delacroix et Sébastien Legain. Au lieu de s’agrandir, les deux couples ont préféré se diversifier avec un élevage de poules pondeuses, privilégiant aussi la vente directe, en plus des 110 vaches laitières pour le comté. “On tenait à garder un relationnel avec les gens”, souligne Sébastien Legain. Surtout, la vente directe permet aux consommateurs de questionner les pratiques du G.A.E.C. “On essaie d’améliorer nos pratiques, de produire en faisant mieux”, précise l’ancien enseignant en lycée agricole. Certifié H.V.E., Haute valeur environnementale, le G.A.E.C. poursuit ses efforts pour l’environnement en intégrant depuis deux ans les paiements pour services environnementaux (P.S.E.).

Sébastien Legain a mis en place une jachère fleurie sur 1 hectare.

Ce dispositif est financé par l’Agence de l’eau et piloté par Grand Besançon Métropole à hauteur de plus de 3 millions d’euros sur 5 ans. Il vise à rémunérer les efforts environnementaux des agriculteurs. 27 exploitations en bénéficient. La chambre d’agriculture et la fédération de chasse du Doubs sont partenaires. Il faut dire que Fourg est situé entre la rivière du Doubs à Osselle et la Loue à Quingey. Selon le zonage de l’Agence de l’eau, la commune est pourvue de nombreux gouffres dans lesquels l’eau s’infiltre pour repartir vers les rivières. Une grande responsabilité pèse donc sur les exploitations agricoles pour une meilleure qualité de l’eau.

Le G.A.E.C. participe à deux protocoles scientifiques dont un qui vise à observer les abeilles solitaires et la nidification.

Séduit par le principe des P.S.E., le G.A.E.C. Delacroix-Legain s’est engagé sur 5 ans, et espère davantage. “C’est une reconnaissance de notre travail et une valorisation de nos pratiques plus vertueuses, explique Sébastien Legain. On choisit les mesures que l’on souhaite appliquer, à quelle hauteur et on est rémunéré pour.” Le G.A.E.C. a ainsi arrêté les cultures destinées à la vente telles que le blé, le maïs… Cela a permis de désintensifier un peu et de libérer une vingtaine d’hectares laissée en herbe pour les vaches. “Cela nous a permis aussi de faire des céréales pour nourrir les animaux de manière autonome. On produit du méteil, un mélange de céréales et de protéagineux”, raconte Sébastien.

Entre 12 et 15 hectares sont consacrés à cette culture qui se moissonne. “On avait peur au début que le rendement ne soit pas terrible. Mais l’accompagnement économique des P.S.E. contribue à dénouer les craintes. Le mélange améliore l’apport de protéine et permet de réduire l’achat de tourteau végétal pour l’alimentation des bovins.” À cela il convient d’ajouter un “zéro produit phytosanitaire”, en jouant sur la concurrence entre les plantes pour couvrir le sol et étouffer un peu les mauvaises herbes. Par ailleurs, les protéagineux ont moins besoin d’azote (un élément nutritif essentiel à la croissance des cultures) puisqu’ils le captent par leurs racines.

Lorsqu’auparavant il fallait entre 100 et 120 unités d’azote minérale par hectare, l’ensemble de l’exploitation prés et cultures confondus est en moyenne à 39 unités par hectare. “L’objectif est d’arriver à 22, l’année dernière, on était à 21, cette année, à 26… On a quand même pas mal baissé, note Sébastien Legain. On peut difficilement s’en passer pour nourrir nos animaux, on ne le met pas pour le plaisir.”

Publipresse, agence de communication globale

D'autres mesures liées aux P.S.E. incluent une jachère fleurie sur un hectare (sur 230 hectares en tout) et des plantations de haies pour les oiseaux, qui délivrent de l’ombre pour les bêtes. Sébastien Legain met en place deux protocoles sur la biodiversité, en lien avec la fédération de chasse. Le premier concerne les abeilles solitaires. Grâce à un aménagement dans les interstices des piquets de clôture, l’agriculteur observe et renseigne tous les mois le nombre d’abeilles solitaires qui viennent nidifier dedans. Le second protocole consiste à observer sur quatre endroits d’une parcelle l’évolution des oiseaux, ceux qui viennent, qui chantent, les migrateurs. En ce sens, la récolte d’informations est tout aussi fructueuse et importante.