Ces deux espèces ont été découvertes par Andgelo Mombert, le mycologue du Conservatoire botanique de Franche-Comté. Un travail mené dans le cadre du programme scientifique Les méconnus de Bourgogne-Franche-Comté.

Récoltées en Haute-Saône, les deux espèces ont aussi en commun de vivre en parasites sur d’autres champignons. La première, tout juste nommée Stylonectria hygrophilia a été trouvée en octobre 2023 sur des branches mortes de bouleau pubescent déjà colonisées par un autre champignon, dans la réserve naturelle régionale de la tourbière de la Grande-Pile à Saint-Germain. La seconde a été observée en novembre 2024 à Mantoche sur un champignon du genre Nemania. Toute juste décrite, cette espèce porte le nom de Cosmospora nemaniae. « Jusqu'à présent, ces deux champignons ont été identifiés uniquement en Haute-Saône et nulle part ailleurs dans le monde », précise Andgelo Mombert qui avait déjà décrit deux autres espèces avant de venir travailler en 2023 au Conservatoire botanique de Franche-Comté. Ces champignons appartiennent au groupe des ascomycètes qui est très vaste et dont les représentants les plus connus sont les truffes, les morilles…

Cosmospora “Cosmos” orné “spora” spores, donc à spores ornées “ nemaniae”, en référence au genre Nemania sur lequel l’espèce pousse

« Dans le monde des champignons, on ne connaît que la moitié des espèces existantes. Ce n’est donc pas exceptionnel de faire des découvertes. Ce qui est plus rare, c’est de pouvoir en récolter plusieurs en même temps comme ce fut le cas pour ces deux champignons. Cela facilite grandement le processus d’identification ». La méthode relève d’une démarche très scientifique. Après l’observation visuelle, le champignon fait l’objet d’une longue étude au microscope afin de décrire ses caractéristiques morphologiques : spores, parois… Il faut ensuite comparer avec la littérature spécialisée afin de pouvoir mettre un nom sur l’espèce. « On passe alors au séquençage A.D.N. qui permet de confirmer ou pas si l’espèce est unique. Si c’est le cas, on termine en créant l’espèce avec une description précise ». Ce travail d’identification implique beaucoup de moyens matériels et humains. Sur le dossier, le conservatoire botanique a coopéré avec le professeur Pedro Crous, de l’Institut Westerdijk qui s’occupe de la mise en culture, du séquençage et des études phylogéniques. Quand la découverte de l’espèce est confirmée, il faut lui trouver un nom et le publier dans un article scientifique avec une description complète pour la valider. « Toute cette démarche est longue. Cela représente beaucoup de travail mais au final, c’est très gratifiant », confie le mycologue du Conservatoire Botanique de Franche-Comté.

Stylonectria “Stylo” : colonne et “Nectria” : en référence au genre Nectria auquel il ressemble. Hygrophila “hygro” humidité et “phila” qui aime. Qui aime des endroits humides (photos Andgelo Mombert).