Jean-Charles et Pierre Diéterlé sont les héritiers d’une longue histoire familiale de commerçants bisontins. Ils sortent ce mois-ci un ouvrage de plus de 250 pages qui compile, photos à l’appui, la quasi-intégralité des enseignes qui ont fait l’histoire du commerce local.
Pas moins de 5 000 acteurs du commerce de centre-ville des années cinquante aux années 2000 ont été recensés dans cet ouvrage par Pierre Diéterlé et son père Jean-Charles, ce dernier ayant été le dernier d’une longue lignée familiale venue d’Alsace à la tête d’un magasin de meubles au centre-ville, rue Gustave-Courbet, jusqu’à sa transformation en magasin de jouets en 2007 et le départ en retraite de Jean-Charles.
Celui qui a également été pendant 20 ans le président de l’Union des commerçants de Besançon sait donc de quoi il parle, son fils Pierre passionné d’histoire locale n’a pas donc eu de mal à la convaincre de se lancer, en duo, dans ce titanesque travail d’enquête.
“Le premier travail qui nous a occupés a été de faire l’inventaire de toutes les enseignes de la Boucle et de Battant, en se basant notamment sur les annuaires de ces différentes époques, des journaux, magazines locaux, et des archives municipales. Côté photos, nous nous sommes appuyés aussi sur le site Mémoire vive alimenté par la Ville, et sur celles notamment de Bernard Faille, un ancien photographe de presse locale” résume Pierre Diéterlé. L’ouvrage recense au total près de 1 500 photos et illustrations (y compris des anciennes publicités) et recense 5 000 acteurs du commerce.


L’angle de rue des Granges et de la rue e la République, version Lepin ou K.F.C.
Si ce livre dont la sortie était programmée mi-septembre balaie ce qu’on peut appeler l’âge d’or du commerce de centre-ville à Besançon, on ne décèlera aucune intention nostalgique de la part de ses auteurs. “Il ne s’agit pas de dire “c’était mieux avant” confirment les Diéterlé père et fils. Il faut le voir comme une petite Madeleine de Proust destinée à rappeler aux lecteurs des bons moments ou des souvenirs qu’ils avaient oubliés. Le commerce, ce n’est pas qu’un acte d’achat, c’est aussi des réminiscences d’ambiances, de couleurs, d’odeurs. Peut-être que certains se diront : “Ah, c’est devant cette enseigne qu’on s’était rencontrés ou “C’est là que j’allais chez le coiffeur.”


Les commerces du secteur Battant (photo 1 Bernard Faille) ont également beaucoup changé.
Les années traitées par les deux auteurs évoquent une grande majorité de commerces indépendants dont le déclin a été inexorable. Entre le pont Battant et la place du 8-Septembre, les auteurs ont fait le compte : “Il n’y a plus aujourd’hui que 9 commerces indépendants sur 118 boutiques.” Et les commerces toujours présents depuis les années cinquante se comptent sur les doigts des mains : la mercerie Gauthier à Battant, les Belles Étoffes place Victor-Hugo, la pâtisserie La Viennoise Grande rue et quelques autres seulement. Les autres affleurent toujours dans la mémoire collective, à l’image des Robinet, Camponovo, Interprix, Cart, Roger ou encore la Maison du caoutchouc, les Vêtements modernes, Lepin…


Les commerces du secteur Battant (photo 1 Bernard Faille) ont également beaucoup changé.
Mais le commerce de centre-ville continue à évoluer, de manière surprenante parfois. Qui aurait dit il y a dix ans que plusieurs enseignes de ventes de vélo fleuriraient à nouveau au centre-ville alors que cette activité y avait complètement disparu ? Jean-Charles et Pierre Diéterlé sont à travers ce livre les témoins d’une époque révolue, celle d’un commerce de centre-ville florissant, mais que l’avenir réhabilitera peut-être d’une autre manière quand l’ère des grandes surfaces et des zones périphériques sera révolue…
C’est donc plutôt à un exercice de nostalgie joyeuse que nous convient les Diéterlé père et fils avec cet ouvrage dont la préface a été signée par Philippe Labro (dont les beaux-parents tenaient l’Hôtel de Paris à Besançon), une préface écrite quelques jours seulement avant son décès en juin dernier.
Besançon, mémoire du commerce
Éditions du Sékoya, 256 pages
39 euros
Sortie mi-septembre

