Ils sont de plus en plus nombreux ces citoyens suisses qui choisissent de s’installer sur la bande frontalière, mais côté français. Les professionnels de l’immobilier confirment la tendance.

Ce phénomène, les communes les plus proches de la frontière comme Villers-le-Lac côté Morteau, ou Jougne dans le secteur pontissalien confirment la tendance, même s’il est impossible de disposer de statistiques précises dans la mesure où l’inscription en mairie n’est pas obligatoire pour eux. À Villers-le-Lac, la maire de la commune, Dominique Mollier, estime leur nombre « entre 200 et 300 foyers suisses » dit-elle. Soit pas loin de 10 % de la population de la commune.

Les professionnels de l’immobilier confirment cette tendance. Courtier à Morteau au sein de l’agence Le Courtier Mortuacien, Laurent Billod monte régulièrement des dossiers de demande de prêts pour des acquéreurs de nationalité suisse. « Je pense que ça représente près de 15 % de nos dossiers. Ces citoyens suisses, assez souvent d’origine portugaise, espagnole ou italienne, recherchent des maisons car du côté suisse, devenir propriétaire de sa maison est très compliqué » confirme le professionnel.

La dynamique démographique des communes collées à la frontière s’explique en partie aussi par ce phénomène récent des Suisses qui viennent s’y installer (photo archive Càd).

L’attrait des Suisses pour une installation en France s’explique avant tout par le coût de la vie quotidienne côté Suisse où les forfaits Internet y sont trois à quatre fois plus élevés qu’en France, celui de la téléphonie mobile, des abonnements télé, des assurances habitation, etc. Et même si les banques françaises y regardent à deux fois avant d’accorder un prêt à un candidat à l’acquisition suisse, les dossiers sont en général acceptés.

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Pour Sylvain De Oliveira, fondateur et responsable du Courtier Pontissalien et du Courtier Mortuacien, ce phénomène de migration résidentiel est toutefois limité géographiquement. « Quand des Suisses veulent venir s’installer en France, ils recherchent la proximité immédiate. Ils vont chercher des maisons du côté de Villers-le-Lac ou de Morteau au plus loin s’ils travaillent dans le canton de Neuchâtel, ou du côté de Jougne voire des Hôpitaux-Neufs ou de Métabief s’ils travaillent dans le canton de Vaud. On a comme l’impression que la Suisse étale son territoire jusque chez nous » sourit-il. « En revanche, jamais ils ne chercheront à s’installer à Ochamps-Vennes ou à Frasne » analyse le professionnel.

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Résultat : cette tendance ne fait que contribuer à gonfler les prix et, même avec la crise immobilière qui sévit depuis deux ans, à les maintenir à un haut niveau dans ces communes adossées à la frontière suisse. Et en cascade, les prix des locations restent eux aussi très élevés. C’est ainsi qu’on peut régulièrement trouver des T2 à 1 100 euros par mois dans ces quelques communes directement frontalières. À titre de comparaison, un logement de type T2 bis ou T3 peut se louer l’équivalent de 2 000 euros par mois en Suisse. À ce tarif mensuel, certains Suisses ont fait leur compte et n’hésitent plus à viser l’acquisition d’une maison côté français. « On peut prendre l’exemple sur nous avons eu récemment d’une maison vendue 600 000 euros. Avec 150 000 euros d’apport, ces acquéreurs suisses accèdent à la propriété pour un loyer équivalent à 2 200 euros par mois. Et tout le reste pour eux est moins cher qu’en Suisse : connexion Internet, courses alimentaires et même l’assurance de la voiture qui est trois fois inférieure en France qu’en Suisse. »

Après un petit temps d’accalmie, liée à la crise et à l’inflation, les Suisses font donc leur grand retour en France. Elles s’étaient faites plus discrètes ces dernières années, mais depuis quelques mois, les plaques d’immatriculation suisses ont également fait leur grand retour sur les parkings des supermarchés français.