Après deux ans de crise liée notamment à des taux d’intérêt bancaires orientés à la hausse, à l’inflation et à des coûts de construction toujours plus hauts, le secteur immobilier semble donner quelques signes de reprise. Même si dans le Haut-Doubs, le marché ne s’est jamais écroulé, pas plus que les prix, le ralentissement a tout de même été assez brutal. En cet automne 2025, les professionnels de l’immobilier, agences et offices notariaux en tête, laissent entrevoir l’apparition d’une éclaircie. Analyse et commentaires.
Le marché repart lentement, mais les prix n’ont pas baissé
Après deux ans de crise, le marché des transactions immobilières semble à nouveau frémir. Malgré ce ralentissement à la durée inédite, les prix n’ont pas baissé. Le point avec les témoins directs de la tendance, les notaires.
Qu’on habite dans le secteur de Morteau, de Maîche, de Pontarlier, du Mont d’Or, du Grand Besançon ou de Valdahon, les prix et les volumes de vente seront très différents mais tous ces secteurs ont un point commun : les notaires qui y travaillent estiment globalement que « l’été a été bien meilleur que celui de l’an dernier et on sent que le marché est un peu plus dynamique » observe Mtre Annick Muller-Pugin, notaire à Pontarlier et 1ère vice-présidente de la Chambre Interdépartementale des Notaires de Franche-Comté. Les notaires locaux ne s’attendent pas pour autant à revenir à l’euphorie que la filière avait connue à la sortie de la crise sanitaire mais en cette rentrée 2025, les chiffres sont meilleurs qu’en 2023 et en 2024. « La crise de laquelle j’espère que nous sortons est une des plus longues que nous ayons connue. Des crises de l’immobilier, on en traverse à peu près tous les quinze ans. Il y a eu celle de 1993, puis celle de 2008, et donc celle qui a démarré en 2023 et dont on n’est pas encore sorti pour l’instant » ajoute la professionnelle du droit. Si les notaires du Doubs restent prudents, c’est aussi à cause des incertitudes économiques à l’échelle internationale (quel impact vont avoir par exemple les droits de douane américains sur l’économie française ?) et au plan national (à quelle hauteur vont être taxés les revenus locatifs ou la transmission du patrimoine dans un contexte de chasse aux économies ?). Bref, « l’instabilité politique nationale et internationale n’aide pas à retrouver de la sérénité » poursuit Mtre Muller-Pugin.
Après deux ans de crise, les prix de l’immobilier ne se sont pourtant pas effondrés, loin de là. Ils ont même continué à augmenter dans certaines zones du département comme sur la zone urbaine de Pontarlier où le prix de vente des appartements neufs a encore bondi de 12,8 % en un an, entre juillet 2024 et juin 2025. Même chose à Besançon où, tous quartiers confondus, le prix du neuf a augmenté de 15,2 %. « À l’échelle du département, le neuf a pris 12,3 % d’augmentation. Parce qu’il n’y avait quasiment plus d’offres, que des queues de programme, et la demande est restée soutenue. » Les prix des appartements anciens ont également poursuivi leur hausse : + 4,4 % du prix médian dans le Doubs, avec quelques variations cependant selon les secteurs. Celui de Maîche est très porteur avec des prix qui ont augmenté de + 12,8 %, à l’opposé du secteur de Montbéliard dont les prix ont baissé.

Quid des maisons anciennes ? « Leur prix médian a également augmenté cette dernière année, même si c’est plus limité : + 2,7 % à l’échelle du département. Des augmentations encore importantes sur le secteur de Maîche, et le secteur Mont d’Or-lacs affiche encore une hausse des prix de 10 %. En revanche, la zone urbaine de Pontarlier accuse une baisse de - 7,6 % » détaille la vice-présidente de la chambre régionale. Si dans certains secteurs comme la périphérie de Besançon, le prix médian des maisons anciennes se tasse un peu, c’est avant tout parce que les surfaces des maisons vendues ont baissé, avec des acheteurs qui ont un peu délaissé pour l’instant les grandes maisons aux prix supérieurs.

Les notaires du Doubs ont également remarqué le retour progressif des primo-accédants sur le marché, une catégorie qui peut souvent bénéficier de prêts à taux zéro, d’aides à la rénovation énergétique, et pour lesquels les banques semblent à peine moins exigeantes que ces deux dernières années au sujet de l’apport personnel. Depuis le 1er mai dernier, dans le Doubs où le Conseil départemental a décidé de relever la taxe sur les droits de mutation de 4,5 à 5 %, ces primo-accédants ont été épargnés de cette augmentation. « Ce qui n’est pas anodin pour un primo-accédant, avec des taxes qui peuvent représenter jusqu’à quelques milliers d’euros. »