Fabienne Paulin est à la tête attirent toujours” de l’institut de formation aux professions de santé, l’I.F.P.S. Paulette-Guinchard, à Besançon. Ou sont formés chaque année près d’un millier de futurs professionnels de santé. Interview.
À quels métiers forme l’I.F.P.S. ?
Fabienne Paulin : Nous proposons 9 formations paramédicales différentes : aides-soignantes, auxiliaires puéricultrices, ambulanciers, assistants de régulation médicale, trois spécialités infirmières (puéricultrice, de bloc opératoire et anesthésiste) et cadres de santé. Ce nouvel I.F.P.S. Paulette-Guinchard regroupe en plus la filière masseur-kinésithérapeute, et régulièrement viennent aussi en formation ici les ergothérapeutes et psychomotriciens du département de sciences de la rééducation de l’université. Nous comptons 750 apprenants dans les 9 filières intégrées, plus environ 200 pour les masseurs-kinésithérapeutes, soit près d’un millier d’apprenants sur le site. Tous les ans, environ 400 diplômés sortent de l’I.F.P.S. En parallèle de la formation initiale, nous avons ici une activité de formation continue à destination des professionnels déjà diplômés. Au niveau du personnel, l’I.F.P.S. regroupe 70 professionnels, formateurs, personnel administratif, technique, logistique et documentaliste.
Que signifie pour vous d’avoir choisi le nom de Paulette Guinchard pour baptiser l’établissement ?
F.P. : C’est évidemment un excellent choix et l’inauguration du 17 mars a été l’occasion de saluer la mémoire d’une personne très humaine, le choix de ce nom de baptême avait d’ailleurs immédiatement et unanimement été validé. C’est très symbolique d’autant que Paulette Guinchard, ex-infirmière en psychiatrie, a beaucoup fait pour améliorer le lien ville-hôpital et avait le souci d’améliorer sans cesse la formation des professionnels, y compris ceux qui interviennent à domicile. C’est aujourd’hui cela la mission de l’I.F.P.S. : que les professionnels qu’on forme ici soient le plus compétent possible pour accompagner les personnes qu’elles prennent en charge. Que la ministre de la Santé ait été là pour l’inauguration avait aussi un vrai sens par rapport à l’engagement de Paulette Guinchard.
Les métiers de la santé ont montré leur souffrance à l’occasion de la crise sanitaire. Est-ce que cette crise laisse encore des traces aujourd’hui concernant l’attractivité de ces métiers ?
F.P. : Tous les mouvements post-crise sanitaire ont mis en évidence ces problématiques-là et après un certain creux, on fait le plein dans les formations infirmières, on a même augmenté nos quotas de formation de 5 places depuis la sélection 2024. Les métiers de la santé attirent toujours. La position géographique de l’I.F.P.S., à Besançon et au cœur du pôle santé, fait sans doute que son attractivité reste excellente. Nous avons juste quelques difficultés à remplir certaines formations comme infirmière en puériculture, en bloc opératoire, anesthésiste et cadre de santé car ce sont des formations payantes contrairement à la plupart des autres. On observe aussi une baisse des inscriptions au métier d’aide-soignante, mais on arrive quand même à être à l’équilibre avec 83 apprenants dans ce métier pour 85 places ouvertes. La raison, c’est qu’avec le Bac, les jeunes tentent spontanément plus la formation d’infirmière, mieux valorisée, que celle d’aide-soignante. Pourtant, en tant qu’aide-soignante, on peut aisément gravir les échelons, repasser des sélections et intégrer ensuite la formation d’infirmière.
La progression est donc possible dans ces métiers-là ?
F.P. : Bien sûr ! Je connais aussi des directeurs de soins qui ont commencé comme agent des services hospitaliers. Ce genre de parcours est assez fréquent dans les métiers de la santé.
Qu’en est-il de la réforme du métier d’infirmier destiné à renforcer son attractivité ?
F.P. : C’est une réforme dont la mise en œuvre est prévue en septembre 2026, le temps que les décrets d’application soient publiés. Cette réforme vise notamment à étendre les fonctions des infirmières et infirmiers en leur donnant notamment la possibilité de prescrire certains dispositifs médicaux. L’ouverture d’une négociation sur la rémunération des infirmiers est également au programme de cette réforme. Et leurs diplômes seront désormais délivrés par l’université et non plus par les D.R.E.E.T.S. (N.D.L.R. : directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités).

Que deviennent vos apprenants une fois formés ?
F.P. : La dernière enquête que nous avons conduite montre que 95 % de nos répondants sont en emploi 6 mois après leur diplôme et qu’ils travaillent pour leur grande majorité dans la région.
La proximité de la Suisse avec ses salaires beaucoup plus hauts est-elle un obstacle ?
F.P. : Quand on interroge les apprenants sur ce sujet, quelques doigts seulement se lèvent. Cela a concerné peut-être trois ou quatre personnes l’an dernier, pas plus. 60 % de nos promotions formées ici sont ensuite embauchées au C.H.U. de Besançon. La notion de proximité compte beaucoup ici. D’autant que depuis un an, le C.H.U. propose de l’apprentissage en troisième année pour 5 des filières dispensées ici. L’objectif de l’hôpital est bien sûr de fidéliser ces apprentis.
Vos nouveaux locaux contribuent-ils aussi à l’attractivité de l’institut ?
F.P. : La journée portes ouvertes que nous avons organisée le 25 janvier a connu une affluence qu’on n’avait pas eue l’an dernier. C’est peut-être un signe. Et on sait que les jeunes communiquent beaucoup entre eux, partagent des photos, etc. Sans doute que tout cela est un élément d’attractivité supplémentaire qu’on n’avait pas auparavant dans nos locaux des Tilleroyes.