Faisant actuellement l’objet de travaux de restauration au niveau de la galerie passant sous la R.D. 47, ce plan d’eau de 4 hectares fait partie intégrante de l’histoire de ce bourg médiéval. Il a connu plusieurs vocations : défensive, alimentaire, énergétique et participe toujours aujourd’hui à l’identité de La Rivière-Drugeon.
L’origine de ce plan d’eau artificiel remonte au Moyen-Âge. Après la Guerre de Cent Ans, le bourg de La Rivière, qui est au centre d’une seigneurie appartenant à la famille de Chalon, est fermé de murailles en 1351.
« La création de l’étang date de cette époque. Il existait sans doute une zone humide qui a ainsi été recouverte par les eaux. Sa présence apporte aussi une bonne protection au sud-ouest du village », explique Danièle Grillon, présidente de l’association culturelle de La Rivière-Drugeon.

Comme la plupart des étangs médiévaux, celui de La Rivière sert principalement à élever des poissons qui seront consommés par la population. Ce plan d’eau avait aussi une autre fonction : il fournissait de l’énergie à deux moulins du bourg. Celui près de la digue devint la propriété de la famille Claudet à la fin du XVIIIème siècle. Détruit par un incendie en 1895 puis abandonné, il fut reconstruit et transformé en scierie qui employa jusqu’à 40 personnes avant de cesser son activité en 1965. En 1983, le site fut aménagé pour un usage agricole. Il abritait également plusieurs logements. Le vaste bâtiment s’envola en fumée en octobre 1995.
L’étang Claudet servit également à la fin du XIXème siècle à la fabrication de glace, un commerce alors en plein développement avec l’essor des brasseries et des distilleries. « Le choix de développer cette activité à La Rivière-Drugeon s’explique aussi par la possibilité d’exporter cette glace par le chemin de fer. La ligne Paris-Milan passait à la gare de La Rivière où l’on chargeait les blocs de glace pour les acheminer à Paris, Lyon, Marseille », poursuit Danièle Grillon. Le chemin et l’entrepôt de la Glacière, situés près de l’ancienne gare, témoignent encore de cette activité économique qui disparut à l’invention du réfrigérateur.

En 1997, l’étang Claudet devient une propriété communale et sa gestion s’inscrit dans le cadre du programme européen environnemental Life de réhabilitation de la vallée du Drugeon. « À cause de son envasement, il n’a jamais été un lieu de baignade. En période de grands froids, il fait la joie des patineurs. » D’une profondeur de 4 à 5 mètres, cet étang de 4 hectares est aujourd’hui situé dans une zone humide de 27 hectares traversée par le Drugeon.
Étang de pêche classé en 1ère catégorie, il est aussi fréquenté par toute une cohorte d’oiseaux, amphibiens, insectes. Toutes les plantes caractéristiques des étangs jurassiens sont présentes avec quelques raretés comme l’Acore ou la Grande Douve qui sont des espèces protégées.