Face aux problématiques des bois scolytés et pour rendre les métiers de scierie plus attractifs, la scierie Renaud n’a d’autres choix que de se moderniser pour gagner en réactivité, mieux trier ses bois et automatiser son process. Découverte.

Agriculture ou forêt : même combat dans le Haut-Doubs comme le rappelle Étienne Renaud, le gérant de la scierie éponyme à Labergement-Sainte-Marie, en évoquant le mouvement de restructuration qui a touché la filière bois depuis 30 ans. "Depuis 1996, 13 scieries ont disparu dans un rayon de 15 km. Aujourd’hui, il en reste une dizaine. La forêt jurassienne abrite des bois de qualité tout en étant très hétérogène, ce qui impose d’avoir des scieries très flexibles. Certains se souviennent de cette scierie géante en Suisse conçue sur un seul format d’arbre et qui a assez vite périclité."

Fondée en 1874, la scierie Renaud est exploitée depuis 5 générations par la même famille

Étienne Renaud représente la cinquième génération à la tête de cette scierie familiale existant depuis 150 ans et qui s’est implantée à Beauregard en 1977. "On a également un second site à Levier et on est associé avec d’autres partenaires dans la société Prolignium à Frasne qui fabrique des produits en contrecollé et lamellé-collé."

La force des scieries jurassiennes qui sont encore en activité réside sans doute sur la capacité à exploiter de gros afflux de bois comme ce fut le cas après la tempête de 1999 et aujourd’hui avec les bois scolytés. "On s’est engagé dans un programme de modernisation industriel ambitieux. Cela représente près de 6 millions d’euros d’investissement sur plusieurs années. L’objectif étant d’augmenter la capacité de production en travaillant sur la valeur ajoutée à un niveau local. L’A.D.E.M.E. nous accompagne dans cette démarche avec des dispositifs incitatifs, exigeants mais puissants."

La scierie Renaud a investi 6 millions d’euros dans un ambitieux programme de modernisation industriel

À Labergement-Sainte-Marie, la scierie Renaud transforme actuellement 30 000 m3 de bois avec l’ambition de tendre vers 50 000 m3 dans les années à venir. Ce qui la situe dans la moyenne des scieries franc-comtoises, lesquelles sont plutôt considérées comme des petites scieries en France. Pas convaincu de l’intérêt de l’A.O.C. Bois du Jura, Étienne Renaud lui préfère la marque Jura Supérieur ou les certifications P.E.F.C. ou encore Bois de France créé dans le cadre des J.O. 2024.

Comment la scierie Renaud habituée à exploiter des résineux centenaires appréhende aujourd’hui la problématique des bois scolytés ? "Il s’agit de bois malades qu’il faut exploiter le plus rapidement possible et ce à tous les niveaux car la qualité va se dégrader rapidement. Un bois scolyté frais peut être valorisé en un bois de construction mais si on attend trop, il sera transformé en bois de coffrage ou d’emballage."

Étienne Renaud a présenté la scierie familiale au préfet du Doubs Rémi Bastille le 25 avril dernier.

La scierie Renaud réalise un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros avec un effectif de 18 salariés plutôt homogène au niveau des âges. La modernisation rime avec optimisation des tâches, de la réception des grumes jusqu’à l’expédition. "Dans une scierie comme la nôtre, on arrive à 62 % de rendement en sachant que tout est valorisé. La sciure sert à produire des pellets, les écorces du terreau…"

En dehors de la Bourgogne-Franche-Comté, la scierie Renaud expédie ses produits dans toute la France : région parisienne, le Centre, la Normandie. "On a peu de clients dans le Nord."Dans un souci de diversification, elle s’est aussi spécialisée dans la production de planches en épicéa utilisées dans les caves d’affinage. Elle s’est d’ailleurs forgé une petite réputation qui lui vaut, par exemple, d’expédier quelques planches jusqu’en Russie. Dans un contexte forestier plutôt morose, Étienne Renaud se veut plutôt rassurant. "Je suis convaincu que la forêt franc-comtoise a un bel avenir même si elle a sans doute atteint sa taille maximale."

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