La reconstruction du barrage d’Oye-et-Pallet qui présente de nombreuses fuites est enfin actée. L’ouvrage sert notamment à réguler le niveau du lac et le débit du Doubs en aval. Début des travaux en 2026.
“Le barrage, on en parle depuis plus de vingt ans, souligne Philippe Alpy, le président de l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue visiblement satisfait de l’aboutissement de cette question de transfert de propriété du lac. Cela va nous permettre de rentrer dans une phase plus opérationnelle.”
Partie intégrante du domaine public fluvial de l’État, le lac Saint-Point a fait l’objet d’aménagements d’un barrage sur la commune d’Oye-et-Pallet et d’une exploitation hydroélectrique dans le cadre d’une concession établie en 1922, en vue de la régularisation du cours du Doubs par la constitution d’une réserve de 14 millions de m3 d’eau dans les lacs de Saint-Point et de Remoray. “L’État a engagé une réflexion sur l’avenir de ce lac et de sa gestion en étudiant aussi la possibilité de transmettre la propriété à une structure capable de conduire un nouveau projet autour du lac Saint-Point”, explique Rémi Bastille, le préfet du Doubs en évoquant les trois fonctions principales du plan d’eau : sa valeur environnementale, sa capacité de rétention d’eau avec le barrage, et sa vocation loisir.

Depuis 2014, les manoeuvres des vannes du barrage sont confiées à l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue par convention avec l’État. La D.R.E.A.L. a équipé l’ouvrage en 2015 de vannes motorisées. Pour autant, la construction d’origine n’a jamais été rénovée et l’ouvrage présente de nombreuses fuites et une stabilité géotechnique et structurelle incertaine. Il devenait urgent et nécessaire de reconstruire un barrage avec une réhausse mobile de 25 cm permettant de mieux répondre aux enjeux de préservation des zones humides autour du lac, de soutien d’étiage du Doubs en aval, et de sécuriser aussi l’alimentation en eau potable.
“L’État n’est pas toujours un bon propriétaire et n’allait pas, de toute façon, couvrir les travaux en propre. Il les aurait sans doute confiés à l’E.P.A.G.E.”, justifie Rémi Bastille. La Région et le Département, consultés sur leur volonté de se voir transférer le lac, ont répondu par la négative fin 2024. Contrairement à l’E.P.A.G.E. qui a délibéré en ce sens le 29 janvier dernier. Un processus et une décision logique au regard des compétences de l’E.P.A.G.E. en matière de gestion de la ressource en eau, de la prévention des risques inondables, de la gestion des zones humides. “Quand on s’occupe du lac Saint-Point, on raisonne à l’échelle d’un bassin versant englobant aussi bien la basse vallée de la Loue que le Haut-Doubs”, explique Jean-Claude Grenier, vice-président de l’E.P.A.G.E.

Le transfert concerne donc une surface totale de 498 hectares. L’État reste propriétaire du lac de Remoray classé en Réserve naturelle nationale. Le coût de la reconstruction du barrage est estimé à 3,5 millions d’euros. L’État et l’Agence de l’eau versent des contributions à hauteur de 2,5 millions d’euros. L’E.P.A.G.E. apporte un autofinancement d’1 million d’euros. “L’État conservera toutes les polices de navigation et d’environnement”, précise Rémi Bastille. “Il y a un consensus politique général et associatif autour de ce projet. Le transfert n’est qu’une première étape. Il faut maintenant qu’on écrive l’avenir du lac Saint-Point pour les prochaines décennies”, poursuit Jean-Claude Grenier. Les discussions entre l’E.P.A.G.E., l’État et les communes autour du lac vont se poursuivre dans les prochaines semaines pour clarifier les occupations du domaine public et finaliser le calendrier de ce transfert et des travaux du barrage qui devraient démarrer en 2026 pour un chantier programmé sur deux ans.