À l’image de François Gsell, responsable de la société Actemium au Russey, les industriels réunis au sein du collectif Territoire d’industrie tentent de trouver des solutions innovantes pour préserver le savoir-faire local.

Chercher des solutions pour donner aux salariés du Haut-Doubs l’envie de travailler dans l’industrie locale, de ce côté-ci de la frontière, c’est un des objectifs de ce collectif “Territoire d’industrie, alliance luxe et précision” qui regroupe des industriels du secteur et des élus locaux. François Gsell, responsable du site Actemium Bonnétage Automation installé sur la zone d’activités du Russey depuis un an et demi, est un de ces chefs d’entreprise qui s’activent pour tenter de redonner à l’industrie du Haut-Doubs toutes ses lettres de noblesse.

François Gsell, responsable du site Actemium Bonnétage Automation.

Le groupe de travail qu’il anime au sein de ce collectif est spécialement consacré au maintien de la main-d’œuvre au sein des entreprises françaises, pour éviter les départs massifs en Suisse et valoriser la filière industrielle locale. “On n’imagine pas les conséquences financières que cette question induit. Le coût de la formation payé par la France et qui sert à former des futurs frontaliers, le coût de l’apprentissage pour voir ensuite partir 95 % de nos apprentis chez nos voisins. On veut montrer à travers nos actions que de maintenir une industrie en France rapportera bien plus au pays que ce que peut rapporter le travail frontalier. C’est sans commune mesure” estime François Gsell qui souhaite désormais que la voix des industriels du Haut-Doubs porte jusqu’à Paris.

Parmi les solutions que le collectif d’industriels préconise pour améliorer la compétitivité des entreprises locales, c’est la baisse des charges salariales. Pour un salaire brut de 100 payé par une entreprise suisse, le salarié percevra 80 en net côté Suisse, et à peine 55 en France. “On ne demande pas à ce que l’État allège les charges patronales payées par les entreprises, précise M. Gsell, mais que ce soit du côté des charges salariales qu’il travaille. On ne demande pas non plus à ce que le Haut-Doubs devienne une zone franche, ce qui sous-entendrait que notre territoire est sinistré et ce n’est pas le cas, mais peut-être que plus on s’approche de la frontière, plus ces charges salariales seraient allégées.”

Publicité du journal C'est à dire

Le dirigeant du site Actemium du Russey en appelle aussi à des actions plus percutantes de promotion des métiers industriels au plus haut sommet de l’État. “Il faut arrêter de montrer l’industrie comme une voie de garage pour les jeunes qui n’auraient pas réussi à l’école. C’est la même chose pour l’alternance : elle doit être vue comme une voie d’excellence et pas comme un constat d’échec pour les jeunes. Si on démocratisait enfin ce système de formation, il ne coûterait plus rien aux finances publiques. Mais on préfère raboter sur les aides à l’apprentissage alors que cette forme d’alternance avait repris de la vigueur. Pourquoi casser un dispositif qui marche ?” se demande le dirigeant qui emploie sur son site du Russey trois alternants actuellement. En sachant que sur ces trois-là, deux au moins prendront la direction de la Suisse à l’issue de leur formation… Une fatalité que François Gsell et ses collègues industriels de “Territoire d’industrie” souhaitent absolument parvenir à conjurer.

Publicité - Boostez vos ventes grâce aux bons cadeaux ckdo.pro

L’industriel du Russey se dit que malgré d’autres contraintes extérieures - la concurrence de plus en plus féroce de pays comme la Chine, voire l’Italie -, l’industrie du Haut-Doubs a encore de l’avenir. “Car ce savoir-faire en microtechniques est précieux, et on ne le trouve quasiment qu’ici” estime-t-il.

Une réunion du groupe de travail que l’industriel du Russey anime est prévue le 27 novembre, à l’issue de laquelle “des solutions décalées et innovantes pourront être proposées pour mieux retenir notre main-d’œuvre.”

Actemium Bonnétage Automation en bref

  • Actemium (autrefois A.C. Automation) a intégré le groupe Vinci Énergies en 2016. Le nouveau bâtiment du Russey qui s’étend sur 2 200 m² regroupe les deux anciens sites de Bonnétage et des Fins.
  • Elle est spécialisée dans la conception de machines pour l’industrie de précision (assemblage, contrôle, systèmes de distribution, cellules robotisées…) dont elle assure aussi le S.A.V.
  • L’entreprise emploie 38 salariés.

Cet article vous est proposé par la rédaction du journal C'est à dire, distribué à + de 30 000 exemplaires sur le Haut-Doubs.
Pour devenir annonceur et booster votre visibilité, cliquez sur l'image ci-dessous
Publicité journal C'est à dire