La proposition d’un sénateur L.R. prônant le retour de certains néonicotinoïdes dans l’agriculture sera soumise au vote en séance plénière fin mai à l’Assemblée. Les apiculteurs s’en offusquent.

Auteur d’une proposition de loi visant à “lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur”, doux euphémisme pour dire le retour de certains pesticides interdits depuis 2018 (les fameux néonicotinoïdes), le sénateur de la Haute-Loire Laurent Duplomb propose d’autoriser à nouveau leur utilisation, soutenant ainsi la demande des grands céréaliers et des producteurs de betteraves qui se disent désavantagés par rapport à certains de leurs collègues européens. Ces mêmes néonicotinoïdes, un fléau pour la diversité et la survie des pollinisateurs comme les abeilles, avaient été interdits en France en 2018.

Le syndicat apicole du Doubs a manifesté sa colère début mai contre le projet de loi Duplomb.

Face à cette proposition de loi qui acterait un retour en arrière, les apiculteurs se mobilisent. Le 7 mai, le syndicat apicole du Doubs (qui réunit 400 producteurs de miel) organisait un rassemblement devant son siège bisontin. “Si les abeilles continuent à disparaître, c’est toute la biodiversité et au final l’humanité qui est menacée. Autoriser à nouveau ces pesticides serait un non-sens écologique” prévient Michel Mesnier, le président du syndicat apicole du Doubs.

Dans le Haut-Doubs, le discours est évidemment à l’unisson chez les apiculteurs. À la tête de la Miellerie des Combes depuis 5 ans, Anne-Émilie Sordel se dresse également contre cette proposition de loi. “Pour répondre à la demande d’une profession, les grands céréaliers et les producteurs de betterave à sucre, on sacrifie toute une filière, celle de l’apiculture. C’est désolant de voir ça” s’insurge l’apicultrice des Combes qui estime que cette proposition de loi a été prise par populisme, “pour calmer la grogne agricole.” Et même si le Haut-Doubs n’est pas concerné par les plaines céréalières ou les champs de betteraves, c’est une menace sur l’ensemble des pollinisateurs qui pèse avec l’éventuelle réintroduction de ces néonicotinoïdes.

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Anne-Émilie Sordel, qui vit en partie de l’apiculture et en partie du tourisme avec le gîte qu’elle a aménagé aux Combes estime que la France a sacrifié son agronomie au profit de la chimie. Appelant, indirectement notre ministre de l’Agriculture Annie Genevard à ne pas céder aux lobbies au détriment du maintien de l’agriculture paysanne et des petits producteurs.

Avec, en plus, les brusques changements de climat, la production des apiculteurs est de plus en plus aléatoire. Entre 2024 et 2025, la Miellerie des Combes a subi 35 % de pertes d’abeilles, notamment à cause des fortes pluies de l’automne. Et il est encore trop tôt pour elle de savoir si cette saison 2025 sera bonne. Depuis 5 ans,