Après avoir baigné pendant toute son enfance dans l’univers du Conifer, Méline Viennet, 23 ans, est la jeune présidente de l’association qui gère ce petit train touristique. Elle a pris la succession de son grand-père Loulou Poix. Bon sang ne saurait mentir…
À peine le temps d’arriver dans l’ancien atelier de la gare des Hôpitaux-Neufs et voilà le papa qui vient chercher un outil pour restaurer un wagon voyageur. Cinq minutes plus tard, c’est Joaline, la petite sœur de Méline qui fait son apparition. D’ici peu, c’est tout le reste de la famille qu’on s’attend à rencontrer. Hypothèse tout à fait plausible. Le Conifer relève presque de l’atavisme familial. Mon grand-père est toujours dans le coup. Il conduit les engins utilisés pour prolonger la ligne, explique sa petite-fille qui n’était pas encore née en 1993 aux origines du Conifer.

À l’époque, Louis Poix, chef d’entreprise dans le B.T.P. déjà passionné de petits trains, propose aux organisateurs des championnats du monde de V.T.T. à Métabief de réhabiliter un bout de la ligne ferroviaire qui reliait Paris à Lausanne en passant par Les Hôpitaux-Neufs. Juste pour apporter un peu d’animation. 32 ans plus tard, l’aventure continue toujours.
Originaire de Malbuisson, Méline a passé beaucoup de temps à la gare des Hôpitaux. Tout comme son frère Odin, sa sœur Joaline ou encore son cousin Quentin. Au début, je devais avoir quatre ou cinq ans. J’accompagnais mes parents ou mon grand-père. La gestion d’un petit train touristique repose avant tout sur le bénévolat. Dans la famille Poix, il n’y a pas d’âge pour s’impliquer. À 14 ans, Méline assure le service et tient la buvette au terminus de la ligne à Fontaineronde. À 16 ans, elle passe les différentes habilitations pour obtenir son permis de chauffeuse de locomotive vapeur. On est la seule association ferroviaire qui utilise encore du bois pour faire tourner une partie de ses locomotives. À 18 ans, elle conduit les locos diesel et deux ans plus tard les locos vapeur. Cela fait drôle de manœuvrer des engins qui pèsent 160 tonnes.

Plutôt à l’aise pour les tâches administratives, elle se voit aussi confier le poste de secrétaire de l’association qu’elle occupera de 16 à 22 ans. C’est à elle que l’on confiera en 2023 la mission de préparer les 30 ans du Conifer. Cet événement qui s'est déroulé sur un week-end a mobilisé 80 bénévoles. On a accueilli 5 000 personnes. L’année 2023 marque aussi la volonté du président fondateur de transmettre les commandes à une nouvelle génération qui a eu le temps de faire ses gammes. Un nouveau bureau est mis en place. Méline Viennet est présidente, Odin son frère se retrouve trésorier, Joaline la petite sœur devient secrétaire. Loulou est toujours au bureau. Il est responsable de l’entretien et du prolongement de la voie. Pour lui, c’est un peu un retour aux sources, sourit Méline sans oublier d’évoquer le rôle discret mais au combien efficace de sa grand-mère Simone, alias Monnette, C’est l’invisible du Conifer mais indispensable pour assurer l’intendance.
Aujourd’hui titulaire d’un master en comptabilité, Méline a décidé de poursuivre son cursus en préparant une thèse sur la gouvernance des chemins de fer touristiques. Ce travail sera mené avec l’Union nationale des Chemins de fer Touristiques. Il s’agira d’analyser les financements, le rôle des bénévoles, l’entretien des infrastructures… Quand j’aurai terminé, j’aimerais devenir enseignante.

La ligne du Conifer est actuellement exploitée sur 8 kilomètres jusqu’au terminus de Fontaineronde. Les travaux en cours vont permettre de prolonger la voie d’1 à 2 km supplémentaires. Il restera alors 3 kilomètres avant d’arriver au pied du château de Joux. Les projets ne manquent pas : restauration de wagons, de locomotives. Il y a toujours des travaux en cours dans les hangars de la gare des Hôpitaux-Neufs. Sans oublier le gros chantier de la Tigerli partie se refaire une seconde jeunesse dans le plus grand centre de révision de locomotives anciennes situé en Allemagne à la frontière avec la Pologne. Tous nos projets avancent en fonction des financements. La révision de la Tigerli représente un budget de 368 000 euros. On a lancé une souscription qui a permis de récolter entre 40 000 et 45 000 euros. On a reçu 174 000 euros de subvention de la Région, 50 000 euros du Département. On attend la subvention de la com’com des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs.
Le fonctionnement du Conifer repose bien sûr sur l’exploitation de la ligne - 30 000 voyageurs par an -, et l’implication des bénévoles. L’association compte 250 adhérents dont une cinquantaine forme le noyau actif. On retrouve des gens de tout âge et de toute provenance. Il y a des passionnés de trains et d’autres qui viennent surtout pour l’ambiance.
