L’historien local Jean-Michel Blanchot souhaite réhabiliter l’importance de cette rencontre historique du 13 novembre 1944 à Maîche. Elle aurait permis selon lui de réaffirmer l’autorité du Général De Gaulle alors que la guerre était loin d’être terminée.

Tous les Maîchois ont en tête une de ces fameuses photos prises en ce 13 novembre 1944 sur les marches du château Montalembert où l’on voit, sous le froid et les flocons de neige, la grande silhouette du Général De Gaulle accompagné de Winston Churchill, le Premier ministre anglais, l’inévitable cigare à la bouche, descendre les escaliers du perron.

Jean-Michel Blanchot souhaite réhabiliter cet épisode de l’histoire trop souvent mésestimé.

La légende raconte que cette entrevue organisée à quelques kilomètres seulement du front du Lomont avait été houleuse entre les deux hommes. Jean-Michel Blanchot, professeur d’histoire au lycée de Morteau tente de redonner à cette rencontre toute sa dimension historique. «Cet épisode de la guerre n’est pas suffisamment connu, ou alors il est souvent déformé. Alors que cette visite d’État de Churchill auprès de De Gaulle a revêtu une dimension considérable pour ancrer l’autorité de De Gaulle en tant que chef du gouvernement français à un moment où le sort de la France n’était pas encore réglé» soutient Jean-Michel Blanchot.

Les photographes locaux Voide et Janin ont immortalisé cette rencontre historique.

Cette visite de Churchill dans des conditions météorologiques dantesques n’était donc pas qu’une visite du front, mais bien une rencontre d’État destinée à sceller les relations franco-britanniques avant la fin de la guerre. Cette visite du Premier ministre anglais a d’ailleurs duré trois jours, elle avait débuté à Paris, s’est poursuivie à Maîche et s’est terminée à Reims le surlendemain. À cette époque, Paris était certes libérée depuis le 25 août, tout comme le Haut-Doubs, mais «la guerre était encore loin d’être gagnée, les Vosges et l’Alsace étaient encore occupées, comme certaines régions de France qui n’ont été libérées que quelques jours avant l’armistice de mai 1945. Raison pour laquelle cette visite à Maîche a permis d’affiner la stratégie des alliés. Et tout cela, dans une bonne entente entre les deux hommes contrairement à ce qui est rapporté parfois» poursuit l’historien qui souhaite tordre définitivement le cou à cette légende selon laquelle cette rencontre aurait été houleuse. «Les témoignages sont unanimes pour dire que cette rencontre s’est bien passée» insiste l’historien.

Un film a même été tourné de cette journée au cours de laquelle le convoi de Churchill a été pris dans la neige à hauteur du Luhier.

Les plus grandes difficultés ont sans doute été liées à la météo, exécrable à cette période. À tel point que la voiture qui emmenait Churchill de Besançon à Maîche s’est embourbée dans la neige à hauteur du Luhier. «On a beaucoup de témoignages de cette visite. Churchill lui-même la relate dans ses mémoires, ainsi que sa fille Mary qui accompagnait son père, elle a même pris des photos. Le chef d’état-major de Churchill, Alan Brooke, a également relaté cet épisode dans ses mémoires. On a donc de nombreux textes, et de nombreuses photos notamment des photographes maîchois Voide et Janin qui témoignent de cette rencontre qui s’est poursuivie par un grand repas à l’Hôtel du Lion d’Or, une table réputée à l’époque.»

À cause du retard pris lors de cette journée maîchoise où Churchill était littéralement gelé, les deux hommes renonceront finalement à rendre visite aux soldats du front sur le Lomont, résumant cette journée maîchoise à des échanges diplomatiques qui a eu pour principale mais fondamentale conséquence «que la France redevienne la France. La rencontre de Maîche a donc eu des enjeux géopolitiques majeurs» affirme Jean-Michel Blanchot qui avait animé l’an dernier à la même époque une conférence à l’occasion du 80ème anniversaire de cette tranche d’histoire de la seconde guerre mondial.

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