L’industriel François Guillin n’a compté ni son temps ni son argent pour redonner vie à l’ancien prieuré de sa commune natale qu’il a sublimé à force de passion et d’acharnement. Les lieux abritent un nouveau musée consacré aux peintres francs-comtois. Une nouvelle pépite du patrimoine régional.

Si François Guillin n’avait accompli dans sa vie que ces travaux titanesques, on pourrait dire que c’est l’œuvre d’une vie. Mais la réhabilitation complète de l’ancien prieuré de Mouthier-Haute-Pierre vient couronner en quelque sorte des décennies de labeur pour celui qui a construit, avant de se consacrer à cette dernière tâche, un empire industriel, le groupe Guillin Emballages et ses 3 300 salariés à travers le monde.

François Guillin aura mis sept ans pour rénover intégralement La cour intérieure rénovée est rehaussée le prieuré avec des entreprises locales

Depuis qu’il a transmis la barre du groupe familial à sa fille Sophie, le self-made-man a eu tout loisir de consacrer son temps et sa passion des belles choses à la rénovation complète de cet ancien monastère qui fait face à l’église du village. “J’ai tout fait pour racheter l’ensemble en 2017 afin d’éviter qu’il ne soit vendu à la découpe et transformé en programme immobilier. Ma première obsession a été d’empêcher que ce bâtiment ne s’écroule. Puis nous avons rapidement eu le projet de réhabiliter ce monastère tel qu’il était à son apogée au XVIIIème siècle” observe François Guillin. Sans savoir que l’ancien capitaine d’industrie s’embarquait pour sept années de travaux titanesques…

La cour intérieure rénovée est rehaussée le prieuré avec des entreprises locales. d’une sculpture de Jean-Michel Folon.
Les salles de l’étage sont aménagées en musée des peintres francs-comtois du XIXème et XXème siècle. Une cinquantaine de tableaux sont présentés.

Dès l’entrée franchie, la cour ornée d’une fontaine où trône une délicate sculpture de Jean-Michel Folon - l’artiste belge est un des coups de cœur artistiques de François Guillin - accueille le visiteur. Chaque pièce ensuite a été rénovée avec un raffinement certain et surtout un respect scrupuleux de l’histoire. François Guillin est même allé jusqu’à retrouver aux États-Unis une toile qui ornait un des salons et qu’un des derniers propriétaires avait emportée avec lui…

Des jardins, eux aussi été entièrement réhabilités, la vue porte sur les belvédères emblématiques qui dominent la vallée de la Loue.
Le cloître de l’ancien monastère, petit havre de paix.

Après mûre réflexion, François Guillin et son épouse ont affiné leur projet qui repose sur trois piliers : “Faire un musée pour mettre en valeur les peintres comtois que j’avais découverts il y a quelques années grâce à un livre de Chantal Duverget, une historienne de l’art bisontine. En faire aussi un lieu de séminaire pour les entreprises. Et enfin ouvrir ce lieu pour des événements culturels dans une salle spécialement dédiée à l’événementiel” résume M. Guillin qui estime arriver au bout “d’une aventure de fou” souffle-t-il. Rien que la réfection de la toiture donne une petite idée de l’ampleur du chantier : 140 000 tuiles conçues et fabriquées sur mesure pour le prieuré dans le respect de leur composition initiale…

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Le 20 juin dernier, jour de l’ouverture du musée installé dans les étages du prieuré, marquait donc la fin de ces sept années de travaux titanesques. Ce musée des peintres comtois officiellement inauguré ce 5 juillet est un magnifique trait d’union entre le musée Courbet d’Ornans et des événements comme le salon des Annonciades à Pontarlier, créé par des peintres dont les tableaux sont exposés dans le prieuré de Mouthier (Zingg, Roz, Charigny notamment). Mis en valeur par les vénérables murs du prieuré, les tableaux d’une douzaine d’artistes régionaux sont exposés dans dix salles du prieuré subtilement éclairées et laissant entrevoir, par les fenêtres, les paysages de la vallée de la Loue dont certains ont été immortalisés par ces peintres régionaux, dialoguant ainsi avec le réel.

Ce nouveau musée est ouvert tous les jours de l’été, sauf le mardi (entrée 12 euros). La partie privatisable avec salles de séminaires sera opérationnelle dans les prochaines semaines, tout comme la salle de spectacle dont la programmation sera affinée dès cet automne. L’entrée au musée donne également accès aux cours et jardins du prieuré. Une parenthèse hors du temps, loin de l’agitation du monde.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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