Le pôle Courbet a officiellement lancé sa saison culturelle, placée sous le signe de la nature. Jusqu’au 19 octobre, le musée Courbet accueille l’exposition Paysages de marche, dans les traces de Rousseau, Courbet, Renoir, Cézanne et les autres. L’artiste plasticienne à la renommée internationale Éva Jospin installe ses oeuvres à l’Atelier Courbet.

C’est à dire : Benjamin Foudral, depuis que vous êtes arrivé comme directeur et conservateur du pôle muséal Courbet, la thématique de la marche a été remise en lumière. Vous avez notamment exhumé des réserves du musée le bâton de marche de Gustave Courbet. Aujourd’hui, une exposition est consacrée aux Paysages de marche. Pourquoi ?
Benjamin Foudral : Gustave Courbet était un peintre profondément attaché à sa terre, « c’était un grand marcheur. Son pays, comme il disait, est à la source de son art et de sa révolution picturale ». Le rapport des artistes à la marche est un prisme assez inédit et très peu traité, alors qu’énormément d’expositions tournent autour des paysages. Mais là, on ne s’intéresse pas seulement à ce que les artistes ont vu mais aussi à ce qu’ils ont vécu, leur rapport à la nature.

Benjamin Foudral, conservateur du pôle Courbet, avait, dès son arrivée, en tête un projet autour de la marche et des paysages (photo archive Càd).

Càd : Autour de Courbet, on retrouve des œuvres d’autres grands maîtres de la peinture, comme Renoir, Rousseau ou encore Cézanne…
B.F. : « Toutes les expositions tournent autour de l’idée que Courbet ne soit pas tout seul et dialogue avec d’autres artistes et ces contemporains ». Autour de Courbet, de nombreux artistes ont eu le paysage comme fer de lance de leur modernité. Nous avons énormément de chefs-d’œuvre prêtés grâce à nos partenariats. On a un magnifique Renoir, du matériel de marche et d’alpinisme, les premières photographies en plein air. L’exposition se conclut sur une sculpture de Rodin, L’homme qui marche. « C’est un prêt exceptionnel ».

L’exposition Nuances végétales est à voir à la Ferme de Flagey jusqu’en janvier 2026

Càd : Comment se découpe l’exposition ?
B.F. : Il y a plusieurs salles thématiques qui ne sont pas vraiment chronologiques. On part sur les pas de ces artistes et on explore différentes modalités de marche : éloge de la lenteur, marcher dans l’inconnu, marcher sur l’histoire, marche laborieuse, marcher dans le familier, etc. Dans marcher dans l’inconnu, on découvre le premier peintre alpiniste, Gabriel Loppé, qui a peint au sommet du Mont Blanc en 1860. On découvre différents environnements, différents paysages, comment l’expérience physique influence l’art.

Tableau d’Auguste Renoir, Chemin montant dans les hautes herbes (photo Josse-Bridgeman Images).

Càd : L’exposition au musée Courbet se distingue par des chefs-d’œuvre que l’on n’aura pas forcément l’occasion de revoir ensemble à Ornans. Et à quelques centaines de mètres, à l’Atelier Courbet, c’est une autre artiste de grande renommée qui s’installe avec une carte blanche. L’artiste plasticienne Éva Jospin, c’était une évidence pour vous ?
B.F. : « C’était un souhait très vif de ma part. Éva Jospin est une artiste de renommée internationale. Elle entretient des liens assez étroits avec l’art ancien et Courbet en particulier. Son univers est très imprégné de l’imaginaire, de l’histoire de l’art. C’est aussi une artiste avec un goût pour l’architecture, les lieux chargés d’histoire ». On souhaitait un artiste capable d’investir par des pièces impressionnantes cet écrin exceptionnel qui malheureusement, de par son histoire, est assez vide. Éva Jospin a créé spécialement pour l’Atelier Courbet 6 œuvres inédites pensées en lien avec Courbet.

Gabriel Loppé, peintre alpiniste, a peint des paysages depuis les sommets des glaciers (photo Collection Amis du vieux Chamonix)

Càd : Quelle a été la réaction d’Éva Jospin quand vous lui avez proposé cette carte blanche ?
B.F. : « Elle m’a répondu dans la journée en me disant que c’était son rêve. Il y a un vrai bel engagement d’Éva Jospin. Faire venir dans notre musée situé dans une petite ville et un territoire rural une artiste de renommée internationale, c’est tout ce qu’on porte au Pôle Courbet ».

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Càd : Outre le musée et l’atelier, la ferme de Flagey fait aussi partie du pôle Courbet. Là aussi, la nature est au cœur de l’exposition…
B.F. : Depuis deux ans, à la ferme, on consacre nos expositions à de jeunes artistes émergents de la scène contemporaine. Cette année, la thématique tournait autour de la nature et de l’environnement. Nous avons reçu 190 dossiers. Hélène Combal-Weiss, plasticienne et vidéaste, a été lauréate de l’appel à création. En résidence à la ferme, elle a créé l’exposition Nuances végétales, des paysages textiles avec des teintures végétales à partir de végétaux, d’écorces, de fleurs ramassés dans le jardin de la ferme. « C’est une exposition immersive dans laquelle le visiteur déambule dans les installations ».

Càd : Est-ce la première année qu’une saison culturelle sur les trois sites du pôle Courbet est installée ?
B.F. : « C’est la première année qu’une saison culturelle se dessine de manière aussi évidente sur les trois sites. Cela s’inscrit dans le projet social et culturel : consolider et renforcer le pôle muséal ». Chaque site a une identité propre et se rejoint autour de l’identité commune de Courbet. Sur l’ensemble du pôle, on compte 80 000 visiteurs à l’année. Il faut noter aussi que les sentiers de Courbet font l’objet d’une revalorisation, l’identité visuelle et le balisage sont revus. On va créer des mobiliers de départs des randonnées. Et nous avons enrichi la plateforme Explore Doubs rando.