Besoin de se ressourcer, quête de spiritualité, plaisir de la marche, attrait pour l’itinérance : les itinéraires pèlerins ont la cote et la Via Francigena n’échappe pas à cet engouement. D’où l’importance dans le Doubs de fédérer les collectivités traversées, de préserver et de maintenir à niveau la qualité de l’accueil et des hébergements.
L’actualité dans le Doubs, qui s’inscrit aussi dans cette montée en puissance du parcours, est marquée par le transfert récent à Besançon du siège français de la Via Francigena qui était situé depuis 4 ans à Champlitte. On a déménagé le 19 mai. Pour mieux répondre aux attentes des pèlerins, l’association a préféré s’installer dans une grande ville plus facile d’accès avec une offre de services plus importante, justifie Emmanuel Duriez, chargé de développement de la Via Francigena en France.


Plus ancien chemin de pèlerinage médiéval, la Via Francigena qui signifie la Voie des Français suit le parcours emprunté en 990 par Sigéric, l’archevêque de Canterbury, pour se rendre à Rome. En France, la Via Francigena a connu un nouvel élan à partir de 1994 quand elle a été certifiée Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe. Cette reconnaissance a abouti à la création de l’Association Européenne des chemins de la Via Francigena (A.E.F.V.) qui est maintenant la structure porteuse de tout l’itinéraire. Seules les collectivités peuvent adhérer à l’association. L’A.E.V.F. compte actuellement un peu plus de 250 membres français dont 22 en Bourgogne-Franche-Comté. Grand Besançon Métropole et le Grand Pontarlier figurent dans la liste comme les communes de Montfaucon, Ornans, Saône, Mamirolle, Les Premiers Sapins, Les Fourgs…

La cotisation est proportionnelle au nombre d’habitants, précise Emmanuel Duriez qui doit, entre autres missions, fédérer le maximum de communes traversées.
Jusqu’à présent, l’animation de la Via Francigena reposait sur beaucoup d’initiatives locales. La densification du réseau va permettre d’offrir aux pèlerins une vraie unité de service, avec le même balisage, les mêmes actions de promotion. Il y a beaucoup de projets autour du développement de la Via Francigena, cela implique aussi des moyens financiers et du travail collectif. La Région Bourgogne-Franche-Comté a classé la Via Francigena comme un itinéraire d’excellence. Cela montre l’intérêt que les collectivités portent à ces chemins de grande itinérance, complète Émile Ney, le délégué territorial de l’A.E.F.V.

Dans le Doubs, la Via Francigena parcourt 120 km entre Cussey-sur-l’Ognon et Jougne en faisant étape à Besançon, Foucherans, Mouthier-Haute-Pierre, Pontarlier et Jougne. La Via Francigena suit le tracé du G.R. 145 avec quelques variantes comme c’est le cas dans le Doubs où à partir de Mamirolle une déclinaison touristique file sur Ornans et la vallée de la Loue alors que la voie historique suit plus ou moins l’ancien tracé de la R.N. 57 en passant par Nods. La plupart des pèlerins optent pour la variante touristique qui suit également le G.R. 145, clarifie le chargé de développement en rappelant aussi que la Via Francigena postule depuis plusieurs années pour entrer au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette reconnaissance se fait pays par pays. Le dossier est beaucoup plus avancé en Italie.

Qu’en est-il des pratiques, de la fréquentation ? La plupart des pèlerins s’engagent sur la Via Francigena sur des périodes de 8 à 10 jours. La tendance est au fractionnement en sachant qu’il faudrait entre 3 et 4 mois pour faire le parcours complet entre l’Angleterre et l’Italie. L’outil statistique le plus fiable pour mesurer la fréquentation reste encore lié à la vente des crédentiales, les passeports des pèlerins. Comme l’année 2025 est une année jubilaire, davantage de pélerins partent à Rome. 1 000 crédentiales ont été vendues cette année au départ de Canterbury. En 2024, cela représentait 15 000 ventes sur l’ensemble du parcours. On estime qu’il y a environ 50 000 pèlerins qui font chaque année tout ou partie de la Via Francigena. L’essentiel de la fréquentation se concentre encore sur la partie italienne. En France, cela représente entre 600 et 700 pèlerins. La Via Francigena s’impose comme un itinéraire international avec des marcheurs venus du monde entier. L’hébergement est un des maillons essentiels de l’attrait de ces grandes itinérances. Le Doubs comme la Haute-Saône est plutôt bien pourvu. On y retrouve tous les types d’hébergements : chambre d’hôtes, auberge de jeunesse, gîte communal à Foucherans et même plusieurs accueils pèlerins comme à Nods, à Mouthier, aux Fourgs. Avec l’afflux de pèlerins dans les années à venir, notre travail consistera à étoffer l’offre pour donner du choix aux pèlerins. On collabore aussi avec les offices de tourisme et les Départements sur la qualité des hébergements de façon à pouvoir proposer au minimum un lit, une douche, une possibilité de restauration à chaque étape.
Émile Ney qui s’investit depuis des années pour accompagner au mieux la montée en puissance de la Via Francigena constate que l’accueil réservé aux pèlerins par les habitants du Doubs gagne aussi en bienveillance. La Via Francigena permet de promouvoir la culture européenne. En ce sens, c’est très enrichissant estime le délégué territorial.
