Dans un contexte politique flou où les élus de la nation reviennent en arrière sur ce transfert de compétence aux intercommunalités, la Communauté de communes du Pays de Maîche (C.C.P.M.) poursuit sa mission.
L’alimentation en eau potable sur les 42 communes du Pays de Maîche, ce sont 19 000 habitants desservis, 520 kilomètres de réseaux, 62 réservoirs, 28 installations de production, 115 litres de consommation moyenne par jour et par habitant, soit 3 600 m3 produits tous les jours. Une nouvelle tranche de travaux vient de s’achever avec l’interconnexion entre Saint-Hippolyte et Valoreille. Ce chantier d’1,16 million d’euros hors taxes a été rendu possible par un subventionnement à hauteur de 50 % de l’Agence de l’eau et une dotation complémentaire de 10 % du Département.
« Lorsque notre collectivité s’est vue confier la compétence “eau potable” au 1er janvier 2018, nous avons immédiatement pris la mesure des enjeux colossaux qui se présentaient à nous. Notre territoire, caractérisé par sa géologie karstique particulièrement capricieuse, ne compte pas moins de vingt-huit ressources en eau dont la fragilité quantitative n’est plus à démontrer », note Franck Villemain, président de la C.C.P.M.
L’élu rappelle que la commune de Valoreille s’est trouvée particulièrement frappée par ces aléas climatiques ces dernières années. Habituellement alimentée par la source de la Sincelle, elle a dû être ravitaillée en eau potable par des camions-citernes pour un coût considérable (15 000 euros en 2022 et plus de 60 000 en 2023). Cette nouvelle étape incarne la solidarité territoriale instaurée au sein du territoire, car Valoreille aurait été incapable, seule, de faire face à un tel investissement.
« Cette vision prospective et la capacité d’action collective doivent continuer de guider nos politiques publiques locales », ajoute-t-il.
Depuis quelques semaines, de nouveaux travaux ont démarré pour construire la liaison entre Montandon et Saint-Hippolyte, afin de finaliser le maillage complet des vallées du Doubs et du Dessoubre.
En avril dernier, la commission des lois de l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à mettre fin à l’obligation de transfert des compétences assainissement et eau des communes aux intercommunalités au 1er janvier 2026. Ce retour en arrière questionne et va susciter de vastes débats dans les communautés de communes qui n’avaient pas encore pris en charge cette compétence. « C’est du grand n’importe quoi et du clientélisme. Cette volte-face n’était pas du tout prévue et va pénaliser les comcoms qui ont déjà fait des investissements d’études préalables et de recrutement de techniciens », regrette Anthony Mérique, vice-président de la C.C.P.M., en charge de l’eau et de l’assainissement.

François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation, même s’il se déclare favorable à la fin de l’obligation de transfert de compétence, serait en revanche opposé à un retour en arrière pour les communes ayant déjà transféré leurs compétences. La C.C.P.M. ne se retrouverait donc pas impactée. « Ce vaste programme d’interconnexion devrait sécuriser l’alimentation en eau des 42 communes du territoire pour les 10 ans à venir, voire plus. Mais nous n’avons malheureusement aucune maîtrise sur l’évolution du climat et il est impossible à ce jour d’estimer la situation à l’horizon 2050 », conclut Anthony Mérique.