Comme d’autres sont nés pour courir, pour soigner, pour cuisiner, Denis Gérôme, 73 ans, s’est toujours épanoui dans la vente. Une question de personnalité et de feeling pour celui qui préside aujourd’hui la Fédération du commerce Grand Pontarlier, fonction qui lui va comme un gant. Portrait.
Pontissalien depuis toujours, Denis Gérôme a grandi dans une famille de quatre enfants avec un père routier et une mère serveuse au grand café Français. "Elle complétait ses revenus en vendant des assurances, des encyclopédies, des casseroles", se souvient celui qui pense avoir hérité des talents commerciaux de sa mère.
Sans trop le savoir, car à l’heure de choisir un métier, il se forme pour devenir mécanicien dans l’automobile. "J’ai travaillé un an chez Citroën. Je faisais bien mon travail sans vraiment m’éclater. J’ai arrêté la mécanique pour prendre un poste de vendeur chez Mathieu à Frasne qui était spécialisé dans le machinisme agricole." Ça matche tout de suite au point de se faire rapidement repérer et débaucher par Jean Deffeuille du garage Renault à Pontarlier. "C’est mon mentor à qui je dois tout", sourit celui qui effectuera toute sa carrière dans la maison Renault, d’abord vendeur, puis chef de groupe avant de terminer comme chef des ventes sur quatre concessions différentes. "On m’a fait des propositions alléchantes pour aller plus haut mais je voulais rester à Pontarlier où mon épouse tenait un salon de coiffure."

Ce qui ne l’empêche pas d’oeuvrer à la mise en place d’un réseau d’entrepreneurs locaux en participant activement à la genèse du club affaires du C.A.P. rugby qui voit le jour en 1990. La concession Renault étant située aux Grands-Planchants, il fait aussi partie de l’association des commerçants de cette zone et s’engage dans la création de la Fédération des artisans et commerçants du Grand Pontarlier constituée en 2008. "C’était primordial de pouvoir faire des passerelles entre les quatre zones. Il n’y a pas eu trop d’obstacles car on a travaillé avec des présidents d’associations qui se comprenaient. L’objectif était de maintenir un centre-ville dynamique pour que les zones périphériques puissent se développer", explique celui qui à l’heure de sa retraite prendra finalement en 2010 la présidence de ladite fédération. "On fédérait alors 350 commerçants et aujourd’hui on est près de 800."
Cette croissance illustre aussi le développement commercial du bassin pontissalien. Toujours membre du club affaire du rugby, administrateur à l’office de tourisme du Pays du Haut-Doubs, Denis Gérôme passe une retraite plutôt active. "La présidence de la Fédération représente pratiquement un temps plein. J’ai la chance d’être bien assisté par Florence Nicod et les membres du conseil d’administration. Cette fédération a trois missions : promouvoir le savoir-faire des adhérents, fidéliser la clientèle avec les chèques-cadeaux et représenter les adhérents auprès des instances locales", résume un président satisfait du travail accompli. "On a fait des passerelles de partout. Aujourd’hui, on est capable de faire avancer des dossiers, on a gagné en crédibilité. Sans oublier qu’on bénéficie d’une assistance très importante de la Ville de Pontarlier qui n’a jamais voulu s’immiscer dans la direction de la Fédération. La liberté d’action de cette fédération, c’est la meilleure chose qu’on puisse espérer."

Denis Gérôme suit de près la santé du commerce local. "C’est compliqué, mais la place pontissalienne reste attractive. L’un des freins actuels réside dans les prix des locaux commerciaux à l’origine d’une vacance importante. On a décidé de lancer une enquête sur le sujet avec l’objectif d’établir un prix moyen au mètre carré. Cela permettra d’apporter des arguments aux futurs porteurs de projets et de mieux défendre les besoins du commerce de proximité. Globalement, c’est encore loin d’être la catastrophe sauf qu’il vaut toujours mieux anticiper. Rien n’est perdu, il faut se poser les bonnes questions. Je suis convaincu qu’il y a encore un bel avenir dans le commerce local", conclut cet éternel optimiste.