Originaire des Philippines où elle a vécu jusqu’à l’âge de 23 ans, ce petit bout de femme qui est aujourd’hui l’encadrante technique de l’atelier couture à Haut-Doubs Repassage affiche une capacité d’adaptation et une volonté de s’intégrer qui force l’admiration.

Jacqueline Anog, 45 ans, est l'aînée d'une famille philippine modeste. Elle a très vite appris le sens de la solidarité tout en se forgeant une détermination à toute épreuve pour aller au bout de ses projets. Si elle a eu la chance de pouvoir suivre des études pour devenir professeur d’anglais et de sciences sociales dans son pays, elle connaît les sacrifices consentis par toute sa famille. “On a toujours gardé l’habitude de s’entraider”, explique celle qui a exercé trois ans dans l’enseignement avant de venir séjourner en Allemagne comme fille au pair. “Je suis repartie de zéro pour apprendre l’allemand et le métier d’aide médico-psychologique (A.M.P.) qui m’a permis de travailler dans une maison de retraite.”

“Mes parents trouvaient que le prénom Jacqueline s’accordait bien avec la langue Filipino”, expliquer Jacqueline Anog qui a toujours su faire preuve d’une remarquable capacité d'adaptation

Filipino, anglais, allemand, elle complète son bagage linguistique en venant s’installer en 2013 à Carcassonne d’où est originaire son compagnon français. Nouveau déménagement trois ans plus tard pour arriver à Pontarlier. Sitôt arrivée dans le Haut-Doubs, la jeune maman de deux enfants s’inscrit aux cours de Français Langue Étrangère au G.R.E.T.A. Ne maîtrisant pas encore assez le français pour avoir un emploi, elle travaille à Haut-Doubs Repassage dans le cadre d’un contrat d’insertion. “J’ai commencé comme couturière car j’avais appris à l’école les bases du métier. À Haut-Doubs Repassage, on nous initie également à la vente et à l’accueil. Je ne vous cache pas mes angoisses quand il fallait répondre au téléphone et prendre des notes en français.”

Pas de quoi la démonter, d’autant plus qu’elle a décidé de tout faire pour faciliter son intégration professionnelle. Après 18 mois à Haut-Doubs Repassage, elle intègre un Dispositif Amont de Qualification pour suivre la formation d’assistante-secrétaire. Elle continue également à peaufiner sa maîtrise du français, une langue très compliquée selon elle, en décrochant le certificat Voltaire. “J’ai postulé à plusieurs offres d’assistante-secrétaire dans des entreprises pontissaliennes mais à chaque fois j’ai été recalée à cause de mon accent qui est très prononcé et passe mal au téléphone.” Et voilà comment Jacqueline retrouve finalement en 2021 le chemin de Haut-Doubs Repassage alors à la recherche d’une assistante administrative à temps plein.

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Sa prise de fonction coïncide ou presque au départ en retraite de l’encadrante technique de l’atelier couture. “On m’a demandé si je voulais la remplacer le temps de recruter une nouvelle encadrante technique.” Nathalie Brachet la directrice et Jean-Marie Voirin, le président de Haut-Doubs Repassage constatent assez vite que Jacqueline est particulièrement à l’aise dans son nouveau poste. Ils lui découvrent des capacités de management insoupçonnées avec cette capacité de gérer tout en douceur et efficacité les problèmes des uns et des autres sans jamais s’énerver, ni se montrer désobligeante ou humiliante. “Il y a quelques années, c’est moi qui étais à leur place. J’ai vraiment l’impression de me sentir utile dans cet accompagnement vers l’insertion. Je me sens très proche, notamment des personnes venues de l’étranger et qui doivent aussi surmonter l’obstacle de la langue”, explique celle qui supervise le travail d’une quinzaine de personnes.

Même si elle maîtrise la couture, son poste impliquait qu’elle monte aussi en compétence technique. De juin 2024 à mars 2025, elle a suivi à distance une formation technique complémentaire axée sur les retouches en couture. Quand on lui demande d’où vient sa détermination, Jacqueline Anog répond : “Aux Philippines, on subit régulièrement des typhons qui occasionnent de gros dégâts. On a l’habitude de se relever, de repartir sans toujours se plaindre. Cela fait en quelque sorte partie de notre culture. C’est à nous de gérer notre destin”, estime celle qui reste en contact permanent avec sa famille et notamment sa maman toujours installée dans la ville de Lemery à 200 km de Manille.

À Pontarlier et à Haut-Doubs Repassage, elle a noué des liens d’amitié très forts avec les personnes qu’elle a côtoyées et qu’elle côtoie aujourd’hui. “J’ai trouvé une famille élargie” dit-elle. Quand elle n’est pas au travail où occupée par ses obligations familiales, Jacqueline aime cuisiner, écouter toutes sortes de musiques. D’un naturel très optimiste, elle pense qu’il y a toujours une solution à chaque problème. Un exemple à méditer.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Pontissalienne
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