L’histoire de Cofreco débute en 1927 dans le hameau de Derrière-le-Mont près de Morteau où César Gaiffe crée une scierie qu’il transmettra à ses deux fils Henry et Gérard. Les deux frères commençaient déjà à fabriquer des coffrages quand ils ont décidé de venir s’implanter dans l’ancienne scierie Jeunet située à l’entrée de Pontarlier. Ils construiront alors l’usine actuelle avec des salariés qui travaillaient déjà à Derrière-le-Mont. Les deux frères ont toujours été sensibles aux causes humanitaires. Ce sont les premiers qui mettront des locaux à disposition d’Emmaüs quand l’association arrivera à Pontarlier en 1985. Henry a également été président du C.S.R.P. et Cofreco sponsor de la course de ski de fond Mouthe-Pontarlier.

“Dans les années soixante-dix, l’entreprise travaillait beaucoup avec des gens de l’A.D.A.P.E.I. sur des missions ponctuelles”, rappelle François Laurence. Arrivé dans l’entreprise en 1982 comme commercial, il évoluera au poste de directeur commercial avant de prendre les commandes en 1995, soit quelques mois avant le premier dépôt de bilan. Il travaille avec son épouse Dominique, la fille de Henry Gaiffe, qui gérait le volet publicité-marketing. “Le coffrage est longtemps resté l’activité principale avant qu’on ne se diversifie dans le portail bois. Les bonnes années, on utilisait pratiquement 1 000 m3 de bois par mois.”
Cofreco ouvre en 1999 un second site de production à Pont-d’Ouche en Côte d’Or, dédié à la fabrication des portails métalliques. L’entreprise développe ainsi un vrai savoir-faire dans le portail et le coffrage en aluminium. Elle traverse à nouveau une mauvaise passe en 2008. “On est quand même parvenu à se reconstruire en apurant deux plans de redressement.”

Au fait de son activité, elle emploie jusqu’à 130 personnes et l’effectif se stabilise en moyenne entre 80 et 90 collaborateurs. Le troisième dépôt de bilan s’est soldé par une liquidation prononcée en juin 2025. “En trois années, on est passé de 85 à 50 salariés sur les deux sites. Faute de main-d’œuvre qualifiée, on a dû arrêter les portails bois sur Pontarlier. Ce qui nous a fait le plus défaut, c’est la guerre en Ukraine en 2023. Pourquoi ? Cela a généré une envolée du prix des matières premières. Je l’illustre par deux exemples. En 2020, on perd 13 % de chiffre d’affaires mais on réussit à maintenir un résultat positif. Trois ans plus tard, on fait le même chiffre d'affaires mais on perd 800 000 euros à cause du coût des matériaux et de l’énergie. On s’est retrouvé dans l’impossibilité de répercuter la totalité de ces hausses.”
Le chiffre d'affaires qui variait, bon an mal, entre 11 et 12 millions d’euros enregistre une baisse de 40 % entre 2021 et 2024. La crise immobilière n’arrange rien. “On a subi de plein fouet la hausse des taux. On travaillait avec des professionnels spécialisés dans le coffrage. Ils ont dû réduire drastiquement leur activité faute de chantiers. L’impact a été identique avec les portails qui alimentaient le marché de la maison individuelle.”
Dans son malheur, François Laurence note que la direction et le personnel sont restés en bons termes jusqu’au bout. “Ils ont compris qu’on avait essayé de faire le maximum pour sortir de cette situation.” Le site de La Cluse s’étend sur près de 5 hectares dont la moitié classée en terrain non constructible. La partie aménageable est uniquement destinée à accueillir des commerces et entreprises. “Les terrains et bâtiments vont être mis en vente pour permettre l’implantation de nouvelles activités et créer de l’emploi sur le bassin de Pontarlier”, annonce l’ancien dirigeant.

