Après trois décennies de forte augmentation de la population liée notamment à l’arrivée massive de nouveaux habitants, les courbes commencent à se tasser sur l’Arc jurassien franco-suisse côté Morteau-La Chaux-de-Fonds

L’ensemble de l’Arc jurassien franco-suisse - une zone qui s’étend côté français du Nord Franche-Comté au Haut-Jura, en passant par le Haut-Doubs Horloger et la bande frontalière de Pontarlier aux Rousses, et côté suisse des cantons du Jura à celui de Vaud en passant par celui de Neuchâtel -, comptait 608 000 habitants en 1990. Trente ans plus tard, en 2020, la population atteignait 792 000 habitants. Cette très forte augmentation s’expliquait en bonne partie par l’arrivée massive d’une population attirée par le dynamisme de l’économie frontalière. Qu’en sera-t-il dans les prochaines années ? C’est tout le travail de prospective qu’ont mené les statisticiens de l’Observatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien (ou O.S.T.A.J.) qui estime que la population de l’Arc jurassien pourrait s’établir à 812 000 habitants en 2050. En d’autres termes, la forte dynamique démographique que notre territoire connaît depuis une bonne trentaine d’années se tasserait fortement dans les deux prochaines décennies.

Après trois décennies d’euphorie, la population de notre secteur devrait stagner, peut-être même reculer d’ici 2050.

« D’ici là, le solde naturel, c’est-à-dire la différence entre les décès et les naissances deviendrait négatif et seul un apport de population extérieure, c’est-à-dire le solde migratoire pourrait contribuer à une légère croissance démographique » commente Noreddine Hmamda, chef de projet à l’O.S.T.A.J. Sur notre territoire, le solde naturel est en baisse depuis le début de la décennie 2020.

Si on zoome un peu sur la zone incluant les Parcs naturels du Doubs et l’Agglomération urbaine du Doubs, c’est-à-dire sur le Haut-Doubs horloger côté France et la zone Le Locle-La Chaux-de-Fonds côté Suisse, ce territoire comptait 143 250 habitants en 2019. C’est le plus vaste des territoires de coopération franco-suisses et en même temps le moins peuplé. « Mais c’est aussi celui qui est le plus industriel avec 68 000 emplois, dont les deux tiers sont en Suisse et qui comprend 12 000 frontaliers, soit le tiers des frontaliers de tout l’Arc jurassien » détaille Jérôme Mathias de l’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche-Comté.

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Ce territoire du Haut-Doubs Horloger et des montagnes neuchâteloises devrait continuer à gagner des habitants, mais beaucoup moins que lors des décennies précédentes, pas plus de 130 à 180 habitants par an, « soit 5 100 habitants en plus d’ici 2050 par rapport à 2020 » estime l’O.S.T.A.J. en hypothèse dite moyenne. Il pourrait même perdre jusqu’à 6 200 habitants d’ici 2050 dans le scénario le plus pessimiste. Le nombre de jeunes de moins de 20 ans devrait sévèrement chuter, tandis que le nombre de 20-64 ans devrait être stable voire légèrement régresser. Seuls les 65 et plus connaîtront une forte hausse sur notre territoire : entre + 39 et + 52 % selon les scénarios.

Si on compare notre territoire frontalier aux trois autres de l’Arc jurassien (Nord Franche-Comté, Mont d’Or-Chasseron et Haut-Jura), celui du Doubs dit horloger serait un de ceux qui, avec Nord-Franche-Comté, connaîtrait la moindre forte progression démographique. Le champion des années futures étant Mont d’Or-Chasseron (voir plus bas), suivi du Haut-Jura. Une chose est certaine : si croissance démographique il devait y avoir d’ici 2050, « elle sera portée par le solde migratoire » résume l’O.S.T.A.J.