Après avoir passé une dizaine d’années à l’Urssaf Franche-Comté en tant qu’inspecteur, Anthony Di Pinto a créé son cabinet de conseil pour aider les entreprises, celles du Haut-Doubs également, à y voir plus clair en cas de contrôle
C’est à dire : Quel a été votre parcours avant de lancer ce cabinet de conseils ?
Anthony Di Pinto : Je suis juriste de formation. Après mes études, j’ai passé le concours d’inspecteur à l’Urssaf que j’ai obtenu. J’ai débuté fin 2013 à Belfort-Montbéliard avant d’être nommé un an plus tard à Besançon. Je m’occupais des secteurs de Besançon, Baume-les-Dames et du Haut-Doubs où je contrôlais les entreprises, mais pas directement avec la lutte contre la fraude, mais plus dans la paye et la comptabilité. En dix ans, j’avais estimé avoir fait un peu le tour de la maison. Je pouvais évoluer au sein de l’Urssaf, mais j’aurais été moins en lien avec le terrain et le terrain, c’est vraiment ce que j’aime. J’ai donc quitté l’Urssaf en septembre dernier pour lancer mon activité et être à mon compte.
Càd : Vous êtes donc passé de l’autre côté de la barrière. Comment est né votre projet ?
A.D.P. : L’idée est née à force de côtoyer les entreprises que je contrôlais. Souvent, on me demandait si je ne faisais pas des formations pour mieux appréhender ces questions fiscales et de comptabilité. Le projet a mûri dans ma tête jusqu’à ce que je me décide à franchir le pas, en ayant bien conscience que je quittais une belle maison avec de bonnes conditions de travail pour une activité indépendante forcément plus risquée. Mais je ne regrette pas mon choix. Je me suis aperçu que nous étions une poignée en France, à peine trois, à exercer cette activité de conseil en tant qu’ancien collaborateur de l’Urssaf.
Càd : En quoi consiste votre activité de conseil au sein de votre cabinet baptisé Consult Sens ?
A.D.P. : Le nom de mon cabinet signifie bien que je voulais donner du sens à mon projet. Mon activité consiste à donner des conseils aux entreprises en matière de droit social et je les accompagne dans leurs actions de contestation du contrôle suite à un redressement par exemple. Je propose également des audits paye plus poussés que ce que peuvent proposer les cabinets comptables, et je propose aussi de la formation (R.H., gestion des relations difficiles…), mon cabinet ayant l’agrément officiel Qualiopi. Mon expérience d’ancien inspecteur Urssaf me donne je crois une vraie légitimité auprès des entreprises car je sais comment ça se passe “de l’autre côté”, c’est ça ma valeur ajoutée.

Càd : Après quelques mois d’activité, quel premier bilan tirez-vous ?
A.D.P. : Le démarrage a été très bon et j’ai des sollicitations d’un peu partout en France, notamment dans le Haut-Doubs. Il faut désormais que je m’organise pour pouvoir répondre efficacement à ces demandes, optimiser mes déplacements, etc. Le bouche-à-oreille fonctionne déjà. Une fois que j’ai fait sauter un gros redressement, ça m’a fait rapidement ma publicité. Mais je suis bien conscient que je ne peux pas tirer de bilan juste après quelques mois, l’effet nouveauté a sans doute aussi joué, il faut que je continue à faire mes preuves. Et à mieux me faire connaître dans la région. Sur le plan des résultats, à fin juin, j’étais à 89 % de réussite dans les entreprises que j’ai conseillées. C’est encourageant.
Càd : Comment cette reconversion a-t-elle été perçue par vos ex-employeurs ?
A.D.P. : Certains, peu nombreux, ont pris ça un peu comme une trahison, mais c’est le jeu. Et je veux surtout expliquer que contrairement à ce que certains peuvent croire, je n’apprends pas aux entreprises à frauder ! Mon travail est de rétablir un équilibre pour les entreprises qui n’ont pas toujours les moyens et les connaissances pour se défendre. Je suis là pour défendre les droits des cotisants. On les aide à justifier certaines dépenses par exemple, on corrige aussi parfois des erreurs des inspecteurs car ça peut arriver aussi qu’ils se trompent !