Plusieurs professionnels attendent depuis plusieurs années de pouvoir s’installer sur la nouvelle zone de Gennes, reprise par G.B.M. Mais le dossier bloque toujours pour cause de mésentente entre la commune et la communauté urbaine.
Jérémy Tisserand ne cache plus son impatience teintée de colère. Menuisier-ébéniste installé depuis plusieurs années à Saône, en tant que locataire dans un atelier aménagé dans l’ancienne ferme familiale au cœur du village, il a le projet de s’installer dans la future zone d’activités de Gennes, à quelques kilomètres de là, dans des locaux plus spacieux qui lui permettront de développer son activité et d’embaucher un salarié de plus. Son projet est ficelé, le financement également. Tout comme deux autres porteurs de projet (un maçon-paysagiste et un métallier), il attend depuis plusieurs années la concrétisation de ce projet de zone d’activités économiques (Z.A.E.) sur la commune de Gennes, à l’entrée du village, non loin du stade.
Mais comme les autres porteurs de projets souhaitant s’installer dans cette zone dont la gestion a été reprise par G.B.M., il s’est vu refuser son permis de construire il y a quelques semaines. La raison ? G.B.M. n’avait pas déposé le permis d’aménagement modificatif. « Je me suis positionné sur cette zone de Gennes en 2021 ! C’est une petite zone de quelques parcelles qui me permettra de construire un bâtiment beaucoup plus spacieux et pratique que mon atelier actuel. Le permis d’aménager a été déposé au printemps 2024 par G.B.M. mais la commune avait demandé des modifications pour des raisons d’accès notamment. Nous sommes passés devant les élus de G.B.M. fin mars, ils ont validé nos projets. Nous avons donc déposé notre permis de construire, mais il a été refusé ! Parce que G.B.M. n’a pas fait modifier le permis d’aménager… Quatre ans et demi pour confirmer un projet d’installation, ça commence à faire long » soupire Jérémy Tisserand dépité.
De leur côté, G.B.M. et la commune de Gennes semblent vouloir se renvoyer la balle. Le vice-président de G.B.M. à l’économie Nicolas Bodin explique avoir envoyé au maire de Gennes « un courrier lui rappelant l’obligation qui est faite à la commune de modifier son P.L.U. afin d’accueillir la Z.A.E. et de finaliser la vente du terrain par la commune à G.B.M. afin de procéder à l’aménagement. Les obligations sont donc clairement dans le camp de la commune de Gennes, les projets des différents prospects ayant été validés par G.B.M. le 18 mars dernier » affirme l’élu communautaire.

À Gennes, on estime que le prix de rachat des terrains par G.B.M. n’est pas assez élevé, « et nous pensons que ce n’est pas à la commune de Gennes de devoir supporter les travaux supplémentaires d’aménagement de cette zone que G.B.M. a reprise à son compte. On n’avait pas créé cette zone pour perdre de l’argent » justifie Jean-Michel Lhommée, l’adjoint au maire de Gennes qui suit ce dossier.
Entre les deux collectivités qui se renvoient la responsabilité de ces retards à l’allumage, il reste donc plusieurs artisans pris en otage des mésententes entre les deux collectivités qui se renvoient la balle. Le menuisier de Saône a déjà déboursé plus de 15 000 euros pour les études préliminaires à son installation. « Qui met plus de 4 ans pour pouvoir obtenir un permis de construire ? C’est un système totalement décourageant pour ceux qui veulent travailler et s’investir sur leur territoire » constate l’artisan saônois avec amertume.