Pompiers, gestionnaires forestiers et scientifiques français et suisses étaient réunis fin novembre à Morteau dans le cadre de l’Agglomération urbaine du Doubs pour évoquer l’avenir de la forêt jurassienne face au changement climatique et la prévention du risque incendie. Où en est aujourd’hui la coopération dans ce domaine ? Éléments de réponse

En mai dernier à Orchamps-Vennes, lors de l’exercice grandeur nature organisé par le S.D.I.S. du Doubs pour tester la réponse de la sécurité civile face à un feu de forêt, les pompiers du canton de Vaud avaient été conviés à participer à cette opération en tant qu’observateurs. Cette action s’inscrit ainsi dans le cadre d’une coopération transfrontalière de défense incendie qui existe depuis fort longtemps.

Sur les 60 pompiers du centre de secours renforcé de Morteau, 20 ont suivi la formation Défense Incendie dont le Capitaine Clément Rivoire qui commande cette caserne

Les pompiers du Doubs suivent depuis plusieurs années la Formation Défense Incendie qui se décline en cinq niveaux : de l’opérateur sur le terrain au commandement global d’une opération impliquant des centaines de pompiers et des dizaines de véhicules. En 2014 déjà, 150 pompiers du S.D.I.S. du Doubs étaient habilités à intervenir sur des feux de forêts. Ils sont aujourd’hui 450. Sur les 60 pompiers du centre de secours renforcé de Morteau, 20 ont suivi la formation dont le Capitaine Clément Rivoire qui est à la tête de la caserne. “Je suis en train de passer le quatrième niveau. Les deux premiers niveaux sont dispensés à l’échelle du département. Du F.D.F. 3 au F.D.F. 5, tout se passe à l’école d’application de la sécurité civile basée à Bardane en Provence. Les pompiers suisses viennent aussi se former en France qui a malheureusement développé une vraie expertise dans ce domaine avec la multiplication des feux en été, explique le capitaine mortuacien très satisfait de cette formation unique. Si un feu se déclenche en Suisse, on parlera le même langage et on utilisera les mêmes méthodes.”

Le centre de secours renforcé de Morteau est équipé d’un camion adapté aux feux de forêt.

Les incendies de l’été 2022 dans les Landes ont agi comme un électrochoc et sont à l’origine d’une politique feux de forêt renforcée dans tout l’Hexagone. Cela s’est traduit par des gros investissements en formation et dans les moyens techniques notamment avec des camions spécifiques des drones et des logiciels d’opération.

Avec la récurrence des canicules et sécheresses, le risque incendie se propage jusque dans les montagnes du Jura. D’où l’importance de former les pompiers, et de sensibiliser la population en été à l’utilisation des barbecues dans la nature. “À part quelques départs de feux de broussailles, il n’y a encore jamais eu de gros incendies de forêts dans le Haut-Doubs mais il faut s’y préparer”, poursuit le capitaine en rappelant la règle des 3 x 30 sur les conditions propices au départ de feu : taux d’hygrométrie inférieur à 30 %, une température supérieure à 30 °C et vent de vent supérieur à 30 km/h.

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L’exercice d’Orchamps-Vennes a donné une autre dimension à cette coopération incendie en permettant aux pompiers des deux pays de se rencontrer, d’établir aussi un contact. “Le 25 novembre, on a découvert qu’on a des méthodes de gestion très différentes entre les deux pays.”

Le centre de Morteau est équipé d’un camion spécialement conçu et équipé pour les feux de forêt avec une réserve d’eau de 4 000 litres et des capacités de franchissement supérieures aux autres véhicules d’intervention. Les casernes de Damprichard, Pierrefontaine, Levier disposent quant à elles de camions-citernes de grande capacité contenant entre 12 000 et 16 000 litres. Ces engins servent à ravitailler des piscines-tampons montées au plus près du sinistre dans lesquelles les pompiers puisent l’eau pour combattre l’incendie. “En parallèle des formations, on vient aussi en renfort en engageant les moyens du S.D.I.S. 25. Cet été, trois pompiers de Morteau sont partis pour une semaine dans le sud de la France. Ces interventions permettent d’acquérir une vraie expérience des feux de forêt.”

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La coopération est moins avancée chez les gestionnaires forestiers. “À part l’exercice d’Orchamps-Vennes, on n’a pas encore eu vraiment l’occasion de travailler ensemble”, explique Benoît Locatelli, le responsable de l’unité territoriale O.N.F. Pontarlier-Morteau. Des groupes de surveillance D.F.C.I. sont mis en place aux périodes les plus critiques sur l’agence O.N.F. de Besançon.

Dans le Haut-Doubs, la gestion du risque incendie se vérifie dans l’évolution des techniques de sylviculture. “On favorise les irrégularités au niveau des strates et le mélange des essences. Les méthodes de travail changent. Un feu de forêt dans le Haut-Doubs est tout à fait envisageable, surtout avec les dégâts liés aux attaques de scolytes qui accentuent le dépérissement. On a aussi tout un travail de sensibilisation à mener auprès du grand public.” Les services de l’O.N.F. sont également de plus en plus sollicités par les communes pour aider à mettre en place des pistes forestières adaptées aux déplacements des camions de défense incendie.


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