Le métier d’aide à domicile et d’auxiliaire de vie reste le plus recherché dans le bassin mortuacien. L’A.D.M.R. travaille depuis plusieurs années sur l’attractivité du métier qui souffre d’une image dégradée

Le phénomène n’est pas nouveau. Et la crise du Covid n’a pas facilité les choses. "Le métier d’aide à domicile souffre d’une image dégradée par rapport à la réalité", convient Willy Cadet, directeur général de la fédération départementale de l’A.D.M.R.

Depuis une dizaine d’années, le secteur de l’aide à domicile s’est attelé à redorer l’image et l’attractivité du métier d’aide à domicile. Une revalorisation salariale de 15 % a été accordée pour les structures associatives d’aides à domicile, le défraiement kilométrique s’établit à 38 centimes le km, la mutuelle de branche couvre 60 % des frais… "L’impact de ces mesures au niveau de la branche a été très positif avant 2020. Les premiers effets étaient très encourageants. Mais le Covid a cassé une dynamique de vocation. Il y a eu un recul significatif des entrées en formation. Pendant la crise sanitaire, il y a eu une mise en lumière de ces métiers, leur difficulté. Pour prendre soin de l’autre, on entre dans l’intimité de personnes vulnérables, il faut s’impliquer, il y a une charge mentale. Tout le monde n’est pas armé pour le faire", note Willy Cadet.

Willy Cadet, directeur général de l’A.D.M.R. du Doubs, devant des véhicules alloués aux aides à domicile.

L’A.D.M.R. du Doubs compte 600 aides à domicile. Il en manque 60 pour pourvoir tous les postes. Deux chiffres qui sont en baisse par rapport à 2019 où l’association comptait 800 auxiliaires, et estimait à 100 aides à domicile supplémentaires pour faire face aux besoins. "Depuis cinq ans, on a une perte d’activité", explique Willy Cadet. L’une des raisons est une forte montée du C.E.S.U. (chèque-emploi service universel) permettant à un particulier employeur de payer une aide à domicile indépendante.

Pour autant, l’A.D.M.R. n’a pas ménagé ses efforts pour améliorer l’attractivité du métier. Elle a notamment déployé une flotte de 420 véhicules à disposition de ses salariés aides à domicile qui le souhaitent. "En milieu rural, on a toujours une problématique de mobilité. Avec notre flotte de véhicules, on a pu attirer des gens qui n’ont pas forcément les moyens d’entretenir un véhicule. C’est un avantage en nature assez significatif", relève le directeur général. Si l’association ne regrette pas d’avoir déployé cette flotte, le coût financier est très lourd, notamment à cause de sinistres récurrents. L’A.D.M.R. propose aussi une prime de présentéisme, un plan épargne retraite abondé tous les ans, elle a négocié une mutuelle encore plus favorable que celle de la branche, elle peut actionner un fonds d’action sociale pour aider ponctuellement des salariés face à des problèmes comme la garde d’enfants, de logement, etc. "Cela a permis de freiner les départs, qui sont beaucoup liés aux départs en retraite. Les jeunes ne rentrent pas dans le métier alors on essaie de favoriser le maintien des seniors en emploi après 55 ans en adaptant leurs missions. On réfléchit aussi à une prime de la valeur, comme une prime d’intéressement pour le secteur d’aide à domicile et de la petite enfance. Ces mesures ont évité le pire mais ne nous aident pas. Ce n’est pas suffisant en termes d’attractivité mais il faut semer avant de pouvoir récolter", poursuit Willy Cadet.

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L’A.D.M.R. rapproche aussi son pôle insertion de celui d’aide à domicile pour établir des passerelles. Enfin, la structure investit fortement dans la formation, notamment dans la prise en charge des personnes avec des pathologies lourdes. "Il y a 15 ans, on disait aide ménagère car les personnes étaient relativement autonomes. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Certaines personnes à domicile devraient être à l’hôpital ou en E.H.P.A.D. car souffrant de pertes de capacités cognitives. C’est pour cela que l’on forme régulièrement nos employés."

1 700 personnes âgées et 300 personnes en situation de handicap sont suivies par l’A.D.M.R. Alors que l’association fêtera ses 75 ans l’année prochaine, elle envisage de restructurer son offre de services en misant sur le mandataire (en plus du prestataire), ce qu’elle faisait historiquement. L’association interviendrait en soutien aux employeurs. "Cette offre de mandataire a disparu des A.D.M.R. à la suite de la mise en place de l’A.P.A. (allocation pour la perte d’autonomie) pour privilégier le mode prestataire", éclaire Willy Cadet.

Autre diversification, l’A.D.M.R. construit un pôle habitat senior incluant des résidences adaptées aux personnes âgées, comme les résidences Courbet et Génius à Besançon, ou encore celle des Fins. Des habitats inclusifs dans des petites communes vont bientôt voir le jour permettant aux personnes de "rester au pays" tout en vivant dans des logements sécurisés et bénéficiant d’un accompagnement A.D.M.R. Le premier à voir le jour sera aux Monts-Ronds à une vingtaine de kilomètres de Besançon en novembre prochain.