Avec le réchauffement climatique, le rude hiver jurassien prend des tons d’arrière-saison automnale où la neige fait cruellement défaut. Certains acteurs touristiques s’en accommodent, pour d’autres, c’est plus difficile.

Satisfaits ou mécontents, tous les acteurs touristiques sont d’accord sur un point : cette impression d’un hiver qui n’a pas eu lieu. Comme s'il manquait une saison au calendrier du Haut-Doubs. Le verdict est sans appel dans les centres de vacances. Hiver catastrophique avec un taux de réservation inférieur à 50% au village vacances Évasion Tonique à Villers-le-Lac.

“On a eu des réservations sur Noël et Nouvel An mais ensuite c’était très calme”, indique la responsable des réservations.

Même son de cloche à Espace Morteau avec une baisse d’activité de 50% au cours de l’hiver. “L’absence de neige entraîne des pertes de chiffre d'affaires substantielles. On enregistre aucune recette sur la location de ski de fond et de raquettes. Ce service n’est pas uniquement réservé à notre clientèle. Espace Morteau sert aussi de point d’hébergement sur la G.T.J. Pas de neige, pas de randonneur, c’est aussi simple que cela. Au niveau de l’hébergement, les individuels étaient présents mais la clientèle groupes qui relève du tourisme social, n’est pas venue. Ces séjours sont décalés ultérieurement”, confirme Roland Dodane, le directeur d’Espace Morteau. Lui-même est assez dubitatif quand il entend parler de tourisme 4 saisons, en sachant qu’il voit mal les randonneurs pédestres se substituer aux skieurs en saison hivernale. “Les collectivités vont devoir se poser des questions.”

Les gîtes semblent un peu moins touchés. Ils attirent sans doute une clientèle moins dépendante de la neige.

“On a la chance d’avoir des gens très fidèles. Ils viennent d’abord pour profiter de la nature. S’il y a de la neige tant mieux, mais ils savent aussi s’occuper sans neige. Ils fréquentent les musées, les fruitières à comté, les ateliers d’artisans, d’artistes ouverts au public”, observe Laurence Péquignet qui gère le gîte du PréOudot à Fournets-Luisans.
Une activité hors neige qui remporte beaucoup de succès : la construction de cabanes.

Celle qui est également présidente de l’office de tourisme du Pays Horloger met en avant la densité des activités hors neige accessibles sur le territoire. Toujours partante pour défendre la destination Jura, elle est aussi bien consciente que des changements se profilent. “La transparence doit être de mise quand on parle de la météo. Il faudra sans doute faire plus d’efforts pour orienter les touristes sur d’autres activités, ce qui signifie sans doute d’adapter, par exemple, nos pots d’accueil en saison hivernale.” François Boinay, l’Orlogeur des Écorces qui reçoit des visites dans son atelier semble lui aussi assez satisfait. “Je suis plutôt spécialisé dans la réparation d’horloges, de pendules. J’accueille beaucoup de stagiaires en formation horlogère et pendant les vacances, je fais découvrir l’atelier sur réservation. Cet hiver, j’ai reçu par exemple des petits groupes de scouts et beaucoup de touristes. Le temps de visite varie entre deux et trois heures et se termine toujours par un moment de convivialité. Dans les musées, les visiteurs peuvent rarement toucher les objets, alors qu’ici c’est possible. L’histoire de l’horlogerie locale passionne les gens.”

Pouvant se pratiquer en ski, à vélo ou en courant, le biathlon est l’exemple typique d’une activité 4 saisons.

Au site nordique du Gardot, on enregistre 22 jours d’ouverture répartis sur deux périodes : fin novembre et mi-janvier. “Je pense qu’on n’a pas eu plus de 50 cm de neige en cumulé. C’est déjà arrivé récemment mais on pouvait encore d’actualité cet hiver”, nuance Maxime Faivre, responsable du nordique à la com’com du Val de Morteau.

D’une année sur l’autre, les com’com ou les structures en charge du nordique investissent pour optimiser le produit neige. “Tout est organisé pour skier avec très peu de neige. On utilise des tapis de damage. Les engins sont équipés de chenilles en caoutchouc. On constate qu’à chaque ouverture du site, c’est la ruée.” Faute de neige, la com’com du Val de Morteau a proposé des alternatives : biathlon laser, course d’orientation, tir à l’arc, randonnée accompagnée, construction de cabanes…

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“Pendant les deux semaines de vacances de notre zone, on a accueilli 350 personnes sur ces animations. On peut saluer aussi le soutien de nos prestataires comme l’E.S.I. pour les cours de ski ou de biathlon et Thibaud Morel, l’accompagnateur qui supervisait les activités cabanes et randonnées accompagnées.”

Quand la neige est présente, le site du Gardot mobilise une équipe de cinq personnes dont plusieurs saisonniers. “On a la chance de pouvoir travailler avec des pluriactifs qui peuvent faire autre chose quand la neige n’est pas là. Pour l’anecdote, le site du Gardot a été l’un des rares à accueillir une compétition de ski sur neige naturelle le 14 janvier. À signaler quelques animations sur le téléski du Chauffaud mis en place à l’initiative des bénévoles locaux.” L’envie est toujours là, mais jusqu’en quand ?....


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