La salle des fêtes de Villers-le-Lac recevait le 19 mai dernier les acteurs français et suisses de la coopération transfrontalière pour donner un nouvel élan à ce partenariat.
Après 40 ans de coopération à travers la structure Arcjurassien.org (ex-Conférence transjurassienne), les partenaires franco-suisses étaient reçus le 19 mai dernier par Dominique Mollier, maire de Villers-le-Lac, pour un grand raout destiné à dresser le bilan de ces quatre décennies passées à discuter et coopérer à saute-frontière.
Si chacun a salué l’entente cordiale qui continue à régner entre les autorités françaises et suisses en termes de projets déjà menés ensemble sur les plans politiques, ou économiques, et “qui ne font pas forcément les grands titres des journaux mais qui participent depuis 40 ans au bien vivre-ensemble sur l’Arc jurassien” comme l’observe Mireille Gasser, la secrétaire générale d’Arcjurassien.org, il reste aujourd’hui à imaginer la suite, alors que de nombreuses problématiques demeurent, notamment sur le plan des mobilités. “Sur les meilleurs horaires, un quart seulement des travailleurs frontaliers ont opté pour le covoiturage. Il y a encore beaucoup de progrès à faire” note par exemple Yannick Nancy, le directeur du Parc naturel régional du Doubs Horloger.
La question des déplacements reste en effet au cœur des enjeux des prochaines années. “Il y a 25 ans, 18 000 frontaliers passaient la frontière pour aller travailler dans notre canton. Ils sont aujourd’hui 55 000” illustre Pascal Broulis, élu du canton de Vaud.
Malgré les innombrables actions de coopération menée en quarante ans - notamment à travers les actions financées dans le cadre du programme européen Interreg -, la frontière politique et administrative reste encore parfois un handicap. Sur ce sujet Interreg, la présidente de Région Marie-Guite Dufay n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que “cette programmation Interreg entre la Suisse et l’Union européenne pose question entre ce qui concerne notre Arc jurassien franco-suisse. La prochaine programmation financière est bien en deçà de la précédente et bien en deçà également de celle qui concerne la coopération entre la Suisse et l’Allemagne ou entre la Suisse et l’Italie. Et nous avons encore beaucoup d’efforts à faire pour que ce programme Interreg soit mieux connu du monde économique local” estime-t-elle. Sur le plan des mobilités, Mme Dufay insiste aussi sur la “nécessité de préserver la ligne à grande vitesse qui passe par le massif jurassien.” Élue régionale chargée de ces questions franco-suisses, et maire de Bonnétage, Valérie Pagnot estime quant à elle que pour que se poursuivre et se renforce ce dialogue franco-suisse, “il faut se dire qu’on ne travaille pas avec un pays étranger mais avec un voisin. C’est comme ça que les relations seront les plus fructueuses.”

Le renforcement du lien entre les partenaires franco-suisses, amorcé il y a 40 ans, est d’autant plus capital que du point de vue de la démographie, notre territoire devrait être en recul d’ici quelques décennies. Une étude prospective menée par le département statistique du canton de Vaud note que la population de l’Arc jurassien franco-suisse qui était de 688 000 habitants en 1990, puis de 792 000 en 2020, devrait peu progresser d’ici 2050. “Il faut s’attendre à une progression très limitée” confirme Reto Schumacher, chef de projet statistique du canton. C’est même à une stagnation de la population que l’on devrait assister dans notre secteur du Haut-Doubs et des montagnes neuchâteloises. Un territoire qui comptait 143 000 en 2020 et qui devrait en compter à peine 5 000 de plus d’ici 2050 à cause, essentiellement, du vieillissement de la population et de la baisse de la natalité. La progression du nombre de seniors devrait donc inspirer une nouvelle feuille de route aux partenaires français et suisses pour continuer à coopérer efficacement au bénéfice de ce territoire.