L’entreprise bisontine Netalis a embarqué d’autres opérateurs télécoms avec elle pour développer, à la façon du réseau routier, les infrastructures et faciliter l’interconnexion numérique des territoires. 260 km de câbles de fibre optique sont en train d’être déployés entre Montbéliard et Strasbourg

Un projet à plusieurs millions d’euros

Les travaux de déploiement, entamés depuis quelques mois, entre l’Eurométropole de Strasbourg et le Nord Franche-Comté devraient s’achever au premier trimestre 2024 et permettre une mise en service dans la foulée. Ils pourraient être suivis par un second tronçon sur 2025, qui relierait Besançon à Dijon, via Dole. Puis par de dernières tranches en direction de Lyon et de Marseille, dans les années suivantes. Ce qui ouvrira, au final, un nouveau corridor numérique sur le sol français entre les grands carrefours de l’Internet européens et les dizaines de câbles sous-marins, reliant la cité phocéenne à plus de 4 milliards d’internautes en Afrique, Moyen-Orient et Asie, sans passer par Paris.

Ce projet, à plusieurs millions d’euros mais dont le montant reste confidentiel, a un objectif affiché. Celui de renforcer l’attractivité des territoires traversés avec des offres de connectivité concurrentes aux géants du secteur.

La création de ce réseau, 100 % souterrain et privé, servira à la fois aux entreprises, institutions publiques et aux particuliers.

Un réseau 100% privé

“L’idée est d’être totalement autonome. On aura notre propre câble pour étendre notre réseau et interconnecter les grands datacenters jusqu’aux clients finaux”, résume Nicolas Guillaume, dirigeant de Netalis.

Cet opérateur indépendant, qui a déjà déployé plus de 500 km de fibres dans les principales agglomérations de Bourgogne-Franche-Comté et qui a fusionné avec A.S.C. au sein de Nasca Group pour la partie Provence-Alpes-Cote-d’Azur, poursuit ainsi son chemin.

“On s’est tissé une toile depuis la Bourgogne-Franche-Comté. Le problème est qu’on est toujours dépendant en certains endroits de partenaires tiers”, précise Nicolas Guillaume. “On veut donc déployer des réseaux longue distance ultra haut débit pour interconnecter nos points de présence (par exemple à Besançon et Montbéliard) entre eux sans intermédiaire.”

Un investissement partagé

L’aménagement de cette autoroute numérique vers l’Alsace, très coûteuse, ne pouvant être envisagé seul, Netalis a proposé d’en partager les capacités techniques, en formant un co-investissement avec ses concurrents. Quatre autres opérateurs se sont associés au projet. Parmi eux figurent, Vialis et Trinaps (implantés à Colmar et Belfort), mais aussi Sipartech, “un opérateur français à portée internationale, majo-ritairement utilisé par de très grosses entreprises.” S’ajoute à ce petit groupe, un opérateur commercial d’envergure nationale (l’un des principaux représentants du secteur), qui a préféré taire son nom, mais qui, de par sa participation, laisse deviner tous les enjeux soulevés par cette nouvelle infrastructure.

“Il y a une forme de paradoxe car on travaille pour nous, mais aussi pour eux du coup”, reconnaît le dirigeant de Netalis. “Mais le fait de proposer cette autoroute et d’en être, en plus, co-pro-priétaire, va améliorer la résilience du réseau. On en gérera la maintenance, ce qui constitue un vrai sujet sur la qualité de service.”

Des gains techniques importants

Maîtriser son propre réseau de bout en bout permettra aussi de faire des économies. Sans parler des gains obtenus sur les capacités techniques. “Fini la location à des tiers pour des segments entre les villes, on va disposer de plu-sieurs centaines de gigabits par seconde, quand la plupart des réseaux sont encore à dix gigabits par seconde.” Ce qui constitue une petite révolution, notamment pour desservir ensuite les entreprises de ce territoire (industriels comme tertiaires...) qui ont besoin de très haut débit, d’après le dirigeant de Netalis.

“Demain, on va amener des débits exponentiels à des tarifications identiques de celles des grandes métropoles, pour permettre tous les usages numériques sans la moindre limite de débit”, se réjouit-il.