Grand Besançon Métropole a prévu d’investir 5 millions d’euros dans l’aménagement d’une aire de grands passages pour les gens du voyage. Le commissaire enquêteur a émis un avis défavorable.
Cette commune de l’ouest bisontin avait été la seule à se porter candidate pour mettre à disposition de G.B.M. un terrain suffisamment vaste - 4,5 hectares - afin d’y aménager une aire dite de “grand passage” susceptible d’accueillir jusqu’à 200 caravanes à la belle saison. Pour cela, G.B.M. est prêt à investir quelque 5 millions d’euros pour aménager cet immense espace situé dans une parcelle boisée entre Chemaudin-et-Vaux et Champagney.
L’enquête publique est arrivée à son terme et ses conclusions sont négatives. “Considérant que les inconvénients liés au projet l’emportent largement sur ses avantages, j’émets un avis défavorable à la demande de déclaration d’utilité publique du projet” tranche Léon Billerey, le commissaire enquêteur désigné par le préfet. C’est donc un désaveu pour Grand Besançon Métropole dont les élus devront se prononcer à nouveau en avril sur ce dossier au long cours. Car pour l’instant, la collectivité n’a aucun plan B pour se conformer au schéma départemental signé entre l’État et le Département du Doubs dont l’échéance est fixée en 2026. “Les élus communautaires voteront donc en avril pour savoir si malgré cet avis négatif on maintient ou non ce projet” résume René Blaison, le maire de Chalèze qui est l’élu référent de G.B.M. chargé de l’accueil des gens du voyage.
Plusieurs arguments ont poussé le commissaire-enquêteur à délivrer cet avis négatif. Des questions écologiques d’abord puisque cet espace de 4,5 hectares est situé en zone agricole. L’opposition des populations riveraines avec la crainte de voir la circulation des petites routes voisines augmenter. La proximité d’une doline également qui présente selon l’enquête “un aléa de glissement fort.” Sans parler du crapaud sonneur, une espèce d’amphibiens présente sur le site. Parmi les autres arguments retenus figure l’atteinte à l’image paysagère perçue depuis le village d’Audeux. Le coût de l’équipement - pour être utilisé quelques semaines seulement dans l’année, lors des migrations des gens du voyage - et l’obligation de réaliser un giratoire (pour un coût de 800 000 euros) sur la départementale pour accéder à l’aire ont dû bien sûr peser dans la balance du juge-enquêteur.
Problème : alors que ce terrain avait été proposé il y a plus de huit ans par l’ancien maire de Vaux-les-Prés, G.B.M. ne dispose d’aucune alternative. La seule option avancée par le commissaire-enquêteur serait “un aménagement de l’aire déjà existante de Marchaux-Chaudefontaine dont le coût serait beaucoup moins important.” Problème : ce terrain de Marchaux-Chaudefontaine a été réservé pour l’aménagement d’une zone d’activités économiques, un projet dans les tuyaux depuis plusieurs années. Les élus de Marchaux verraient d’un très mauvais oeil que ce terrain soit affecté à cette aire de grand passage.
Sans aire de grand passage, G.B.M. se trouvera donc en contradiction avec le schéma départemental imposé par la loi. Pour leur halte printanière et estivale, les gens du voyage doivent pour l’instant se contenter des aires de Thise (90 places) et celle, provisoire, de Marchaux-Chaudefontaine, avec les débordements qu’on a connus à plusieurs reprises.
Par ailleurs, G.B.M. dispose pour l’instant de deux aires classiques : la Malcombe à Besançon (40 places) et Pirey (10 places). La collectivité vient d’inaugurer également deux terrains familiaux à la Grette, destinés aux gens du voyage en voie de sédentarisation. Une réunion est prévue en préfecture ce mois-ci entre l’État, le Département et G.B.M. dans le but de tenter d’assouplir ce schéma départemental. Sans changement et toujours en l’absence d’aire de grand passage, G.B.M. sera hors-la-loi dès l’année prochaine. Malgré l’avis négatif de l’enquête publique, le préfet garde le dernier mot et peut encore autoriser la réalisation de cette aire de Chemaudin-et-Vaux. “En attendant que se débloque la situation, nous recherchons toute autre solution alternative d’une autre commune, voire d’un particulier qui posséderait un grand terrain” avance René Blaison.
Outre ce projet d’aire de grands passages, le Schéma départemental 2021-2026 pour l’accueil et l’habitat des gens du voyage du Doubs, prescrit aussi pour le Grand Besançon la réalisation de plusieurs autres équipements dont 7 terrains familiaux locatifs : 2 à Besançon, 1 à Saint-Vit, 1 à Devecey, 2 à École-Valentin et 1 à Avanne-Aveney, ainsi qu’un logement adapté à Franois qui sera opérationnel en fin d’année.
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