À la demande des collectivités, le C.A.U.E. et l’A.D.I.L. du Doubs organisent régulièrement des ateliers sur différentes thématiques. Les deux structures étaient à Mouthe le 12 septembre dernier pour présenter aux particuliers le cadre réglementaire, les matériaux, les moyens de chauffage et les solutions énergétiques les plus appropriés pour la réhabilitation du patrimoine ancien.

Que ce soit pour leur propre habitation ou dans la perspective d’y aménager des logements, les propriétaires de fermes sont souvent à la recherche de conseils, voire d’accompagnement technique. C’est l’objectif même de cet atelier qui a réuni une poignée de participants soucieux de moderniser leur habitat sans fausse note et tout en respectant les spécificités de ces bâtisses anciennes. L’occasion pour Stéphane Porcheret, urbaniste conseiller au C.A.U.E. du Doubs de rappeler l’importance de prendre en compte le cadre réglementaire dans lequel se situe le bâtiment.

Très souvent utilisé pour délimiter les parcelles agricoles, le muret en pierres sèches assemblé sans aucun liant donne forcément du caractère à une construction ancienne.
Il y a différents dispositifs comme les Périmètres Délimités des Abords souvent liés à la présence de monuments historiques où les modifications de l’aspect extérieur des immeubles doivent recevoir l’autorisation de l’A.B.F. On trouve aussi des Sites Patrimoniaux Remarquables qui, en zone rurale, prennent la forme de Plan de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (P.V.A.P.). Ces documents identifient les immeubles, espaces publics, sites, cours d’eau à protéger, mettre en valeur ou à requalifier.
Les façades les plus exposées sont souvent protégées par des bardages modernes ou en tavaillons

Il convient aussi de se référer au cadre réglementaire lié au code de l’urbanisme qui sont spécifiés dans les règlements de P.L.U., P.L.U.I., ou à défaut dans la carte communale et le Règlement National d’Urbanisme. S’appliquent aussi les servitudes de droits privés : droits de passage, distance par rapport aux limites séparatives…

Autre chapitre : l’identification du bâtiment. Il existe des ressources Internet incontournables comme le cadastre napoléonien ou le cadastre actuel qui renseignent sur la date des bâtiments, leurs limites. On s’intéresse ensuite aux qualités architecturales de la construction : implantation, agencement, modes de mise en œuvre des matériaux… Toute intervention doit tenir compte des caractéristiques et du style existant, insiste Vincent Paillot, architecte conseiller au C.A.U.E. 25.
Les persiennes facilitent la circulation de l’air.

L’identification prend aussi en compte les matériaux de construction utilisés comme le bois, les enduits, les bardages… Pour la rénovation, on conseille d’utiliser les matériaux bio-sourcés comme la paille, le chanvre, les enduits à base de sables locaux, des tuiles à base d’argiles, des structures et menuiserie en bois. La rénovation du patrimoine est surtout une affaire de respect et de bon sens, en évitant tout recours à des matériaux d’imitation et à des techniques industrielles peu compatibles avec les qualités patrimoniales de la construction ancienne.

La rénovation énergétique d’une ancienne ferme reste l’un des principaux sujets de préoccupation des propriétaires. Il faut suivre une chronologie précise en respectant trois principes : isoler, ventiler et adapter le système de chauffage. L’isolation va permettre de réduire les déperditions. Avec les aménagements, on va bouleverser l’équilibre du logement, d’où l’importance d’avoir un bon système de ventilation pour éviter les problèmes d’humidité, la concentration en radon ou en monoxyde de carbone. À partir de là, on peut adapter le système de chauffage, récapitule Paco Guardado, conseiller en rénovation énergétique à l’A.D.I.L.

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Vu les volumes généralement observés dans le bâti ancien, l’isolation doit se limiter seulement aux parties chauffées en privilégiant des isolants biosourcés. Le bâti ancien ne réagit pas comme une construction contemporaine. La gestion de l’humidité est un point de vigilance essentiel dans tout projet de réhabilitation. Le conseiller de l’A.D.I.L. rappelle que le Haut-Doubs est particulièrement exposé à une pollution des sols : celle du radon. À chaque étude effectuée dans le Haut-Doubs, au moins 50 % des logements sont au-dessus des seuils. C’est lié à la nature karstique du sous-sol avec des failles facilitant la remontée de ce gaz. Pour éviter tout risque, la solution repose sur une ventilation efficace. Il doit y avoir un équilibre entre l’air qui rentre et celui qui sort. La ventilation reste le parent pauvre de la rénovation énergétique en France.

Un exemple plutôt réussi d’intégration de panneaux photovoltaïques.

Ventilation simple flux, double flux, chacune à ses avantages ou ses facilités de mise en œuvre. Paco Guardado identifie trois systèmes de chauffage adaptés à l’ancien : le bois, l’énergie solaire et les pompes à chaleur en rappelant que l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas.

Utile et de bon goût de respecter l’ordonnancement des ouvertures qui apporte une cohérence architecturale à cette maison.