Une cinquantaine de patients Covid sont désormais en réanimation.

La directrice générale du CHU Minjoz ne cache pas son "inquiétude" devant une vague de patients dont le pic est attendu "vers le 16 novembre" dit-elle. La maire de Besançon visitait ce matin les services.

L'évolution de la situation sanitaire a justifié une conférence de presse ce matin au CHU Minjoz en présence d'Anne Vignot.

"Nous sommes inquiets car nous ne savons pas ce qui va nous arriver. On peut être dépassés par cette vague" reconnaissait ce matin Chantal Carroger, la directrice générale du CHU Minjoz à Besançon. Il y a trois semaines, deux ou trois patients seulement avaient été admis en réanimation à Besançon. Ils sont à ce jour 50, sur les 100 patients hospitalisés ici pour une forme grave de Covid-19. Le CHU avait pourtant anticipé une hypothétique deuxième vague dès cet été et déclenché le plan blanc dès le 22 octobre dernier. Il n'empêche : les chiffres montent de jour en jour en attendant "le sommet de ce pic apparemment vers le 16 novembre" ajoute Mme Carroger. Soit dans une petite semaine.

"Je suis impressionné par l'état de fatigue des soignants" note le Professeur Régis Aubry.

Le CHU dispose habituellement de 40 lits de réanimation. L'établissement de soins en a réarmé à ce jour 20 supplémentaires, et "si besoin, on pourra monter jusqu'à 77 lits de réa. Le secteur "Care" aux urgences créé pour accueillir les patients Covid est passé de 6 à 12 boxes" ajoute la directrice générale. Lors de la première vague, le CHU Minjoz était monté à 92 lits de réanimation.
À l'inquiétude du CHU s'ajoute "une grande lassitude du personnel. Je suis impressionné par l'état de fatigue des soignants"  note le Professeur Régis Aubry, chef du pôle autonomie-handicap à Minjoz. Anne Vignot, la maire de Besançon avait fait le déplacement pour visiter différents services concernés par l'épidémie et insiste une nouvelle fois sur la stricte observance des gestes barrières par les Bisontins. "Ce n'est surtout pas le moment de relâcher les gestes et la vigilance" martèle l'élue. "On parle en ce moment de l'espoir d'un vaccin. Mais il ne faut pas oublier que pour le moment, il n'y a ni vaccin, ni traitement contre ce virus" ajoute le Professeur Catherine Chirouze, cheffe du service maladies infectieuses et tropicales à Minjoz.

"Entre 10 et 15% des patients hospitalisés pour cause de Covid feront une détresse respiratoire et seront donc admis en réa."

Des innovations ont pourtant été apportées depuis la première vague du printemps. Notamment dans le secteur gériatrie avec la création à l'échelle régionale d'une plate-forme territoriale de télé-consultations entre les hôpitaux de l'ex-Franche-Comté afin d'évaluer l'intérêt d'une hospitalisation pour certains malades âgés très fragiles et les solutions alternatives. "Nous avons un devoir d'humanité pour ne pas laisser ces personnes à l'abandon" commente le Pr Aubry.
Actuellement, "entre 10 et 15% des patients hospitalisés pour cause de Covid feront une détresse respiratoire et seront donc admis en réa ou en soins intensifs" prévient le Professeur Emmanuel Samain, chef du pôle anesthésie-réanimation chirurgicale. Et même si l'amélioration de la prise en charge médicamenteuse s'est améliorée depuis le printemps, le Covid continue de tuer : sa mortalité concerne 15 à 20% des personnes qui entrent en réanimation.
L'autre changement (positif) par rapport à la première vague est "que d'abord on a des tests et qu'ensuite la médecine générale en ville prend en, charge des patients, ce qui régule mieux les choses pour l'hôpital" observe le Professeur Thibault Desmettre, chef du pôle urgences-SAMU-réanimation médicale.
Tous, soignants, comme direction s'accordent pour dire "qu'on fera face, quoi qu'il arrive, mais nous restons très inquiets." 65% des activités chirurgicales réglées ont déjà été déprogrammées depuis une quinzaine de jours pour faire de la place aux patients Covid.


La question des congés pour un personnel épuisé

L'état de fatigue du personnel soignant est également au cœur des préoccupations du CHU qui doit faire face actuellement à 10% d'absentéisme. Les vacances de la Toussaint avaient été accordées sans difficultés particulières par la direction. La fin de l'année risque d'être différente. "Pour novembre, on a décidé de suspendre les congés annuels mais de laisser la possibilité au personnel de prendre des RTT quand ils le peuvent, sachant qu'ils sont susceptibles d'être rappelés en cas de souci. Pour décembre et la fin de l'année, afin d'éviter de tomber dans le désespoir, on a autorisé le personnel à prendre ses congés. Mais on ne pourra valider ces congés que quelques jours avant. Nous n'écartons pas le risque de devoir suspendre ces congés de fin d'année en cas de besoin" répond Chantal Carroger la directrice générale du CHU.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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