Pour aider les employeurs suisses à recruter les bons éléments et épauler les candidats pour trouver un travail en Suisse, un cabinet de recrutement s’est spécialisé sur cette zone géographique bien spécifique
C’est à dire : Votre cabinet de recrutement est spécialisé dans le placement de salariés en Suisse. Quelle est sa spécificité ?
Christopher Finnegan : Le cabinet Approach People Recruitment a été fondé en 2000, il a des bureaux en Irlande, en France, en Allemagne, en Espagne, à Dubaï et donc en Suisse, à Genève depuis une douzaine d’années et à Zürich depuis plus récemment. Je gère le bureau de Genève. Le cabinet emploie une cinquantaine de consultants internationaux qui ont une solide connaissance des principaux marchés européens. Nous connaissons bien les problématiques transfrontalières et nous conseillons donc employeurs et candidats sur cette grande zone frontalière. Nous relocalisons beaucoup de Français qui viennent chercher des opportunités en Suisse. Je suis moi-même un travailleur frontalier, installé dans le secteur de Ferney-Voltaire.

Càd : Les candidats au travail en Suisse sont-ils bien informés sur les conditions de travail de l’autre côté de la frontière ?
C.F. : Sur la question des transports, on voit souvent des gens qui se disent que pour un salaire suisse, ils sont prêts à faire 1 h 30 de route le matin et le soir. On est là pour tempérer les choses et faire en sorte que s’ils s’engagent, ce soit pour du long terme. Les candidats à la Suisse ne sont pas toujours au fait des horaires de travail (42 heures par semaine et pas 35), des congés (4 semaines et pas 5), des dispositions fiscales, etc. On est donc là pour éclairer leur choix. Et pour les entreprises, pour leur trouver le meilleur profil.
Càd : Mais ces contraintes par rapport au droit français sont-elles de vrais freins ?
C.F. : Honnêtement, on fait en sorte de les relativiser. Quand on gagne deux fois plus que ce qu’on gagnerait en France, faire quelques heures de plus par semaine ou payer sa mutuelle un peu plus cher, tout cela ne pèse pas grand-chose au final. Même chose pour la fiscalité. Certains cantons qui imposent à la source comme Genève ont un taux d’imposition d’environ 20% sur les tranches hautes, contre au moins 40 % en France ou dans certains autres cantons suisses. Le taux à Vaud est par exemple deux fois plus haut que celui de Genève. Ce sont toutes ces nuances que nous maîtrisons et que nous expliquons. Au final, on y gagne largement de travailler en Suisse. Une mutuelle suisse, certes, elle est un peu plus chère, mais elle est exceptionnelle en termes de couverture.

Càd : La conjoncture actuelle pèse-t-elle sur votre activité ?
C.F. : L’horlogerie accuse le coup et on le ressent, bien sûr, mais ça n’empêche pas les entreprises de vouloir se payer les services des meilleurs spécialistes de leur domaine et dans certains profils, ce sont encore les salariés qui font la loi et les entreprises qui doivent faire de la surenchère. Une nouvelle problématique est apparue en Suisse avec l’arrivée de Donald Trump. la Suisse abrite le siège ou des entités de nombreuses organisations internationales (O.M.S., O.N.U., etc.) et avec la baisse des aides attribuées à ces organisations par l’administration Trump, des dizaines et des dizaines de collaborateurs risquent de perdre leur emploi très prochainement. Autant d’experts qui vont bientôt se retrouver sur le marché du travail. Il y a donc en ce moment un peu d’inquiétude et de fébrilité. Et un volume de candidats par poste qui ne fait qu’augmenter. Bien souvent, pour un poste, les entreprises se retrouvent avec 200 candidatures. D’où l’intérêt de passer par un cabinet comme le nôtre qui analyse en amont les candidatures et qui proposent à l’entreprise 3 à 5 profils bien choisis. Et un candidat qui postule sans passer par une agence comme la nôtre se retrouve donc avec 200 autres candidats en face de lui, ça devient compliqué…
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Un salaire moyen de 67 400 euros par an
Selon le cabinet Approach People Recruitment, 57 % des travailleurs frontaliers en Suisse proviennent de France et parmi eux, 20 % seraient issus du département du Doubs. Les navetteurs de notre région Bourgogne- Franche-Comté feraient chaque jour 43 km de trajet pour leur travail. Le salaire brut moyen de l’autre côté de la frontière serait de 67 409,40 euros par an.