Jean-François Locatelli, directeur départemental de France Travail apporte ses éclairages sur les besoins en main-d’oeuvre des entreprises et l’accompagnement des entreprises pour trouver des candidats
C’est à dire : Chaque année, France Travail publie son Besoin en main-d’œuvre des entreprises sur la Bourgogne-Franche-Comté avec des focus sur les différents bassins de vie. Qu’est-ce qui change cette année par rapport à 2024 ?
Jean-François Locatelli : La dynamique du marché de l’emploi ralentit. Dans le Haut-Doubs, les entreprises suisses freinent. Il y a pas mal d’incertitudes liées au contexte national et international, que ce soit au niveau économique (baisse de la croissance, inflation, etc.), politique (instabilité, crise ukrainienne) que technologique avec l’avènement de l’intelligence artificielle. Un certain nombre d’entreprises n’ont pas de visibilité sur leur carnet de commandes. Nous faisons face à une augmentation de demandes d’emploi assez importante. Sur le secteur de Morteau, le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues a augmenté de 18,6%. À Pontarlier, c’est de l’ordre de 10,8%. Dans les deux cas, les demandeurs d’emploi en catégorie A, c'est-à-dire cadres, ont bondi de plus de 20%. Donc ça tend un peu. Mais en même temps, il y a encore des besoins de recrutement. Sur le secteur de Pontarlier, les entreprises recrutent à peine moins (- 1,9%), quand sur celui de Morteau, les offres d’emploi ont augmenté de 3,9 % sur un an. Même s’il y a encore des incertitudes, des entreprises sont à la recherche de compétences. France Travail doit être présent auprès d’elles pour les accompagner dans leur développement.
Càd : De quelle manière ?
J.-F.L. : Nous menons des actions avec le réseau pour l’emploi qui regroupent les missions locales, Cap Emploi, le Département, France Travail, les E.P.C.I. Mais aussi avec d’autres partenaires comme le M.E.D.E.F., les chambres consulaires, la F.E.P.E.M. (fédération des particuliers employeurs). Les grosses entreprises comme S.I.S. à Valdahon et Étalans, recrutent tout le temps, elles savent comment faire. Mais les T.P.E.-P.M.E., c’est plus perlé. C’est un vrai sujet, on a une attention toute particulière aux petites entreprises. Elles n’ont pas forcément de services ressources humaines, les chefs d’entreprise sont occupés par plein d’autres choses. Nous devons être là au bon moment pour les T.P.E.-P.M.E. France Travail est hyper-volontariste pour rencontrer les entreprises. Car la première chose quand on recrute est de publier des offres.
Càd : Les métiers les plus demandés dans le Doubs, mis en exergue dans votre document Besoin en main-d'œuvre sont aides à domicile, agents d’entretien, aides-soignants, aide de cuisine-employé polyvalent en restauration, et sage-femmes-infirmières. Quelles solutions apportez-vous sur la carence de main-d’œuvre sur certains emplois ?
J.-F.L. : Nous travaillons beaucoup autour de l’immersion pour pallier les carences de main-d’œuvre. De nombreux métiers restent méconnus. Qui sait ce que fait exactement un chaudronnier ? Un régleur ? Un bancheur dans le bâtiment ? Sur le site “immersion facilitée”, il est possible de référencer son entreprise pour accueillir des personnes en immersion, comme un stage. On peut ensuite proposer une formation avant embauche, qui peut aller jusqu’à 600 heures. Des gens n’osent pas se positionner parce qu’ils manquent de compétences. Et les entreprises doivent être curieuses par rapport aux candidats qui se présentent. Les entreprises ont besoin de savoir-faire et de savoir être, l’immersion permet de regarder ça. Dans tous les cas, entreprises et demandeurs doivent venir à France Travail pour trouver des solutions.

Càd : Donner accès à des formations aux demandeurs d’emploi est une priorité de France Travail ?
J.-F.L. : On accompagne sur la formation quand il y a un projet de recrutement derrière, sur le territoire. On adapte les formations aux besoins d’emploi. On est sur un retour rapide à l’emploi, et confronté à une réalité économique territoriale. On est là pour répondre aux besoins des entreprises, il faut que les chercheurs d’emploi prennent en compte cette réalité.
En chiffres
- 87,9 % de recrutements réalisés suite à un accompagnement France Travail (contre 78,9 % en 2022)
- 24,8 jours, c’est le délai moyen de satisfaction des offres (contre 33,5 jours)
- 9 024, le nombre d’immersions en B.F.C. dont 1 527 dans le Doubs
- 3 361, le nombre de P.O.E. (Préparation opérationnelle à l’emploi individuel) qui est une aide financière de France Travail versé à l’employeur afin de financer une formation préalable à une embauche, dont 694 dans le Doubs.