Un radar semi-fixe a été installé sur la R.D. 242 à Fuans. Sur cette route appelée le “raccourci de Fuans”, la circulation journalière est très dense. L’objectif est donc de limiter la vitesse sur cette portion qui reste accidentogène.
11 morts. Le chiffre fait froid dans le dos. Depuis le début de l’année, 11 personnes sont décédées sur les routes du Doubs. Dont une fillette de 9 ans, il y a quelques jours à Deluz, près de Besançon. Il y a quelques semaines, c’est un jeune chauffeur de 19 ans qui a perdu la vie près de Pontarlier. “Dans un quart des accidents, la vitesse est en cause. Un accident mortel sur deux est dû à la vitesse”, rappelle Jennifer Rousselle, directrice de cabinet du Préfet du Doubs.
C’est donc dans une volonté de rappeler les obligations de limitations de vitesse qu’un radar semi-fixe vient d’être installé sur la R.D. 242, autrement appelé le raccourci de Fuans. Limitée à 80 km/h en montant, 70 km/h en descendant, cette portion de route a engendré des accidents plus graves que la moyenne, “alors que la route est en parfait état”, note Benoît Fabbri, directeur de la D.D.T. 25. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : en 5 ans, 5 accidents graves ont eu lieu ici. On dénombre un tué, 12 blessés, dont 7 hospitalisés. Le nombre de véhicules qui défilent sur cette départementale laisse quelque peu pantois les membres de la D.D.T. ainsi que Jennifer Rousselle. “Je savais que ça circulait mais pas à ce point-là !”, relève Benoît Fabbri.
Daniel Kovacic, le maire de Fuans, apporte son expérience : “Il y a 30 ans, je comptais 30 véhicules par jour dans le raccourci, aujourd’hui, je dirais qu’il y en a 6 000. Comme les camions ne peuvent pas prendre cette route, les automobilistes se dépêchent dans le raccourci pour leur passer devant au niveau du carrefour au-dessus.” Le maire de la commune de plus de 400 habitants estime que l’arrêt de la route des microtechniques il y a plus de 20 ans, a conduit à cette situation. Deux radars tourelles ornent déjà sa commune, un à la sortie de la quatre voies et un autre en plein coeur de village.
L’élu doit jongler avec plusieurs préoccupations liées à la circulation. Notamment aux Commènes où le carrefour vers l’école reste très dangereux. Le premier édile a pris un arrêté afin de faire passer cette portion de route à 30 km/h et d’installer des chicanes. L’idée, encore et toujours, est de faire ralentir les automobilistes toujours trop pressés. Dans le même temps, le radar tronçon, devenu obsolète, sera démonté.
Le nouveau radar semi-fixe prend donc la suite. Il s’intègre dans les 12 itinéraires sécurisés du Doubs. Dans le département, sur ces 12 itinéraires, les radars dits de chantier peuvent prendre place sur 50 emplacements dédiés. La fréquence de rotation est de 3 à 4 semaines. “La stratégie est de créer un sentiment d’incertitude chez le citoyen, en amont et en aval du radar pour détecter les vrais comportements des gens. Souvent, ils accélèrent après le radar”, intervient le capitaine Houliez, de l’escadron départemental de la sécurité routière.
En plus des 43 radars fixes ou semi-fixes que compte le département - un chiffre qui n’a pas vocation à augmenter, selon le directeur de la D.D.T. -, les gendarmes peuvent déployer une panoplie de cinémomètres (ce qu’on appelle dans le langage commun les “jumelles”) pour contrôler la vitesse des automobilistes et motards. “À chaque fois, il y a une interception si l’excès de vitesse est constaté”, reprend le capitaine Houliez. L’objectif, outre répressif si besoin, est également préventif. Le fait de parler avec un gendarme agit sur le conducteur. “Il faut conscientiser les gens pour sécuriser au maximum la conduite de chacun”, souligne Jennifer Rousselle. Le maillage du département est permanent et resserré notamment avec l’appui du système de radars embarqués, géré par une société privée. Les voitures banalisées contrôlent la vitesse et relèvent les infractions au-dessus de 10 km/h de la vitesse autorisée.

Pour rappel, un excès de vitesse est puni d’une amende et de retrait de points plus ou moins corsés selon la vitesse relevée. Le permis peut être suspendu à partir d’un excès de plus de 30 km/h. 170 000 infractions ont été relevées dans le Doubs en 2024, dont 7 000 pour des excès de plus de 30 km/h et 323 pour des vitesses au-dessus de 50 km/h de la limite autorisée.
Le Haut-Doubs est une terre particulièrement touchée par les accidents dus à la vitesse. Autre victime collatérale de la fureur des automobilistes, les radars, régulièrement la cible de vandalisme. Tagués, peints, détournés, parfois même détruits, les équipements sont remis en état en puisant dans l’argent public. 62 dégradations ont été comptabilisées en 2024. En 2025, 23 ont été déjà constatés. La directrice du cabinet du préfet ne manque pas de rappeler la sanction : jusqu’à 75 000 euros d’amende et 5 ans d’emprisonnement.